2008 : l’envol du papier électronique ?

Arnaudfabs

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sommaire :
La technologie du papier électronique
L’échec de l’ebook en l’an 2000
Au-delà du livre : des nouveaux usages du papier …
… à une nouvelle manière de lire

La technologie du papier électronique

Les papiers électroniques se définissent en deux catégories : ceux utilisant la technologie de l’encre électronique de la société E-ink, et ceux utilisant les cristaux liquides, les mêmes que l’on retrouve dans les écrans plats.
La technologie la plus prometteuse est celle de l’encre électronique. Elle fonctionne grâce à des micro-capsules contenant des particules blanches et des noires. Le simple passage d’un courant électrique permet de définir qui du blanc ou du noir apparaîtra aux yeux du lecteur. Ce papier électronique est donc monochrome et la couleur s’obtient par l’ajout de filtres au-dessus de la couche de micro-capsules. Autre qualité du système : il est aussi très respectueux de l’environnement, seul le changement de couleur nécessitant de l’énergie.
A l’heure actuelle, la souplesse du support n’est pas exploitée, le papier électronique étant enchassé dans un support rigide. La navigation s’effectue grâce à des boutons placés sur le socle ou bien bien grâce à l’écran tactile.

Les micro-capsules de l’encre électronique

Cité des Sciences

L’encyclopédie Wikipédia présente un article complet sur le papier numérique, les différences entre les papiers monochromes dont la technologie est bien maîtrisée mais moins intéressante pour l’aspect marketing, et les polychromes. On découvre aussi les nouvelles applications de ce papier, au-delà du livre lui-même, comme les étiquettes de prix, les affichages publicitaires.

Le papier électronique devient réalité est un dossier du Journal du Net composé de 3 vidéos présentant les livres et journaux électroniques, le concept des feuilles flexibles et enfin leur usage.

Le blog papierelectronique.net
permet de se tenir au courant de la percée du papier électronique.

Au-delà de la technologie, les éditeurs se sont mis à proposer leur catalogue d’ouvrages sous forme numérisée, en essayant d’adapter leur modèle économique à l’économie numérique. Cette absence d’adaptation avait en effet été à l’origine de l’échec de l’e-book en l’an 2000.

Un petit retour en arrière : l’échec de l’e-book
Salon du livre de l’an 2000 : le livre électronique, le fameux « e-book » est dans toutes les mains. Les éditeurs nous promettent monts et merveilles : avec toute la connaissance du monde dans un seul livre, la possibilité d’annoter les documents, de réaliser le fameux « copier-coller » chers aux étudiants, l’e-book est très tendance. Le papier vit ses dernières heures. Malheureusement pour les éditeurs, leurs espérances furent déçues : 50 000 eBooks de la société Gemstar furent commercialisés au lieu des 500 000 attendus. Les promesses n’étaient pas au rendez-vous. Le contenu disponible se révélait assez pauvre et recelait peu de nouveautés, le droit d’auteur n’ayant en effet pas été adapté à ce nouveau secteur. Le circuit de distribution n’était pas prêt, et les readers n’apportaient pas le confort de lecture attendu : ils étaient lourds, et l’affichage par rétro-éclairage se révélait vite fatigant.

Les deux documents qui suivent proposent un bilan de cet échec.

Presses de l’ENSSIB

L’échec du livre électronique de Cytale au prisme des processus de traduction, Dominique Nauroy, Presses de l’Enssib, 2007
L’auteur relate l’expérience de la société Cytale et de son Cybook, entre 1998 et 2002. Cytale a produit et commercialisé une tablette de lecture de livres électroniques cherchant à se rapprocher le plus possible de l’usage du livre papier. Les stratégies commerciales et éditoriales sont passées en revue pour raconter cette aventure humaine et psychologique et tenter de définir les raisons de son échec.

Contrats de lecture : Une expérience de prêt de livres électroniques en bibliothèque, Claire Bélisle et Christian Ducharme, Bulletin des Bibliothèques de France, 2003 – Paris, t. 48, n° 03
Les auteurs ont mené cette étude centrée sur les conditions de réception chez le lecteur et sur l’organisation des prêts chez les bibliothécaires. L’étude a suscité un accueil enthousiaste et un grand intérêt, rencontrant un public de lecteurs avides de connaître les livres électroniques et un ensemble de bibliothécaires très motivés pour introduire cette innovation dans leur bibliothèque. Cette étude, malgré le relatif échec du livre électronique, a montré le rôle fondamental des bibliothèques dans l’apprentissage des nouvelles technologies. Elle a aussi révélé certaines conditions susceptibles de favoriser le développement des prêts de livres électroniques, en particulier sur les thèmes de la qualité des contenus et du format électronique. Doit-il être ouvert et interopérable, ou fermé (« dédié ») comme dans le cas de la musique avec l’Ipod et de la musique mp3.

Forts des enseignements de l’échec de l’eBook, les industriels et les éditeurs reviennent avec de nouveaux produits, multipliant les innovations et les accords de partenariat… L’implication des éditeurs s’est faite un peu contrainte et forcée, suite au lancement par le moteur de recherche Google de son projet de bibliothèque numérique Google books.

Syndicat de la librairie française

Le livre à l’ère du numérique
, Les cahiers de la librairie, novembre 2006,n° 5.
Ce numéro présente toute la chaîne du livre concernée par le développement du numérique : droits d’auteur, auto-édition, bibliothèque planétaire, consultation ou téléchargement de textes ou d’ouvrages, papier électronique, commerce en ligne….

Au-delà du livre : des nouveaux usages du papier …

Les innovations actuelles autour du papier électronique permettent d’élargir sa présence dans notre quotidien. En dehors du livre, le papier électronique est appelé à être utilisé dans toute une série d’affichages en temps direct, à commencer par la presse, mais aussi les étiquettes d’affichage de prix ou d’information, voire les panneaux publicitaires.

Dans la presse, la première utilisation en France du papier électronique concerne le journal des échos, Libération, 28 avril 2007
Le quotidien économique les Echos est le premier journal français à sauter le pas, après un an de montage du projet. La souscription à un abonnement e-paper permet au lecteur d’accéder à l’ensemble des articles du journal, à son actualisation en ligne, à un fil de l’AFP et à des livres numériques.

Dans un tout autre domaine, le papier électronique s’invite dans les musées, Clubic, 11 juin 2007.
Le papier électronique va permettre aux musées de personnaliser les visites en fonction du visiteur : des « E-guides » embarquant une feuille électronique de 7,1 pouces (131 mm x 98 mm), d’une épaisseur de 0,5 mm et pesant 15 grammes ont ainsi été proposés aux visiteurs du Forum de Berlin, de façon à leur permettre d’accéder aux informations relatives aux œuvres exposées.

… à une nouvelle manière de lire

L’ordinateur a modifié notre manière de lire. Des études ont montré en effet que les internautes mettaient 25% de plus de temps pour lire le même contenu par rapport à un document sur papier. Cette lenteur est dûe en particulier au manque de confort associé à la lecture d’un écran vertical et rétroéclairé. Du coup, les phrases ont été raccourcies. De même les liens hypertextes et la recherche en texte intégrale ont brisé la linéarité du document.
D’autre part, les historiens de la lecture ont analysé le changement des modes de lecture induit par le changement de support. Du manuscrit au livre imprimé, la lecture à voix haute pour des auditeurs a laissé place à une lecture silencieuse favorisant l’isolement du lecteur de son environnement. Avec le livre électronique, deux innovations contraires vont entre autres modifier nos modes de lecture. D’un côté, les liens hypertextes vont nous réintégrer dans le monde et briser notre recherche d’isolement, de l’autre, les écouteurs reliés aux papiers électroniques pour bénéficier du son et des vidéos, peuvent renforcer cet isolement.

On peut à ce sujet lire

Presses de l’ENSSIB

La lecture numérique : réalités, enjeux et perspectives, sous la dir. de Claire Bélisle, préf. Bertrand Legendre, Presses de l’Enssib, 2004
En se déplaçant du papier vers l’écran, les pratiques de lecture se transforment. En bouleversant les habitudes liées aux textes, les supports numériques mettent-ils en péril les autres supports de lecture ? Par une analyse des expériences de lecture d’oeuvres numériques, cet ouvrage fait le point sur la place et l’avenir de ces nouvelles pratiques et leurs impacts sur les différents acteurs.

L’usage du papier numérique en 2008 se révèlera complémentaire à celui du bon vieux papier, la multiplicité des usages conditionnant la multiplicité des supports.