Test de paternité
That’s a rap
Publié le 26/04/2024 à 15:21
- 7 min -
Modifié le 15/05/2024
par
La COGIP
En septembre 1979 sort "Rapper's delight" par Sugarhill Gang, souvent considéré comme le premier morceau rap. C'est effectivement le premier gros succès rap mais pas le premier rap enregistré. Quel est le premier ? Et celui d'encore avant ?
La toute fin des années 1970 marque l’arrivée dans les bacs et à la radio partout dans le monde des premiers morceaux rappés, s’inscrivant clairement dans une esthétique musicale et même dans un mouvement (le hip hop). Le chanté/parlé se trouve alors mis en valeur au centre de la composition.
Parler sur de la musique ou scander des slogans n’était cependant pas nouveau, on trouvait déjà les germes de ce qui allait devenir le rap dans la tradition du spoken word, et pourquoi pas dans l’art de discourir (le pasteur de la paroisse, et autres orateurs habiles…).
Voici quelques précurseurs, puis les prétendants au titre. Sachant que ce n’est pas une compétition.
Le comédien
Pigmeat Markham – Here Comes The Judge (1968, ici sur le plateau du Tonight Show période Johnny Carson)
Le comédien Pigmeat Markham incarne le juge dans cette chanson (/sketch) sortie en 1968 sur le label Chess, avec en choriste Minnie Riperton et à la batterie Maurice White (futur membre d’Earth, Wind & Fire).
Les cousin.e.s du spoken word
Collectif newyorkais, les Last Poets fusionnent voix et percussions, avec des textes politiquement engagés. Ils sont au croisement des mouvements Black Arts Movement, Black Power et Black Panther.
Gil Scott-Heron est un poète, musicien et romancier originaire de Chicago. Il signe avec Brian Jackson dans les années 1970 des albums essentiels de soul et acid jazz, avec des textes engagés et percutants.
A gauche : The Last Poets – On the subway (1970) / Dans notre catalogue
A droite : Gil Scott-Heron – The revolution will not be televised (1971) / Dans notre catalogue
Nikki Giovanni est une poétesse, écrivaine et universitaire américaine originaire de Knoxville (Tennessee), active dans la lutte pour les droits civiques et dans le Black Arts Movement.
Sarah Webster Fabio est une autre figure du Back Arts Movement, qu’elle a contribué à promouvoir dans les universités de la Bay Area (région de San Francisco) où elle a un temps enseigné. Elle a enregistré pour le mythique label Folkways 4 albums de jazz poetry (je vous laisse le soin de traduire).
A gauche : Nikki Giovanni – Ego trippin (1971) / Dans notre catalogue
A droite : Sarah Webster Fabio – Glimpses (1972) / Dans notre catalogue
Les premiers rappeurs
L’histoire du “King Tim III” de Fatback Band
En 1979, le groupe de funk Fatback Band formé en 1970 à New York en est à son 12è album. Le batteur Bill Curtis cherche à dynamiser leur instru “Catch the beat” et a l’idée de faire intervenir un rappeur… Personne n’est rappeur dans le groupe, mais un de leur roadie en connaît un ! Et leur amène le lendemain Timothy Washington. Ils enregistrent “King Tim III” qui figurera sur la face B du single “you’re my candy sweet” extrait de leur album “Fatback XII”, et sera le morceau de Fatback Band le plus joué en radio.

On peut y entendre, comme nous le rappelle cet article de RockTheBells, des rimes dont il n’est pas forcément l’auteur, déjà rappées entre autres par DJ Hollywood, Eddie Cheba…
“You just clap your hands then you stomp your feet ’cause you’re listenin’ to the sound of the sure shot beat/we throw the highs in your eyes, the bass in your face we’re the funk machines that rock the human race/’bout a quarter to four somebody was at your door and you wondered who it was/you started to shake and shiver/so I said, “It was me, your little old cus’.”
Fatback Band – King Tim III (personality jock) (Mars 1979) avec Timothy Washington (King Tim III)
L’énorme succès de Sugarhill Gang
“Rapper’s delight” est le premier titre rap à entrer dans le Top 40 américain. Première sortie du label Sugar Hill fondé par Sylvia Robinson, le Sugarhill Gang rappe sur la trame (rejouée et non samplée) du titre “good times” par Chic. Bernard Edwards et Nile Rogers de Chic sont crédités comme co-auteurs. Le Sugarhill Gang est composé de Big Bank Hank, Master Gee et Wonder Mike.
Sugarhill Gang – Rapper’s delight (Enregistré en août 1979, sorti le 16 Septembre 1979)

Younger Generation – We rap more mellow (enregistré en octobre 1979) (c’est-à-dire Melle Mel & The Furious Five, avant l’arrivée de Grandmaster Flash)
The Sequence – Funk you up (1979) : premier disque de rap féminin par le trio The Sequence, composé de Angela Brown, Cheryl Cook et Gwendolyn Chisolm.
Articles consultés
RockTheBells : RTB rewind : The Fatback Band releases “King Tim III”
RockTheBells : RTB rewind : A deep dive into “rapper’s delight” – Hip Hop’s first top 40 hit
NoTreble : Breaking Down Fatback’s “King Tim III (Personality Jock)” and the Work of Johnny “Flip” Flippen
The FayettevilleObserver : The first rap record didn’t come from the Sugarhill Gang. It came from Fayetteville’s Bill Curtis and his Fatback Band
BBC.com : The Last Poets and Watts Prophets: The radical hip-hop pioneers ‘written out of history’
InstantCity : 1979, l’année qui changea le monde, Episode 04 : « Sugarhill Gang »
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