Jazz à Lyon

Mario Stantchev, pianiste orfèvre nous a quittés

- temps de lecture approximatif de 4 minutes 4 min - par Alfons Col

Le pianiste de jazz lyonnais s’en est allé au milieu du mois de juillet, laissant derrière lui la tristesse et l’effarement de nombreux de ses complices avec qui il avait encore de multiples projets.

Jazz before jazz
Jazz before jazz

Pianiste d’origine bulgare né à Sofia en 1948, Mario Stantchev fuit le régime communiste de son pays natal pour la France en 1980 avec déjà une carrière musicale bien avancée. Mais c’est à Lyon où il s’installe définitivement qu’il alternera pendant quarante ans une carrière d’envergure internationale et de pédagogue.

En 1987, il crée le département de jazz du CNR de Lyon où il enseigne quelques années. Cette passion de la transmission ne le quittera pas, il forme entre autres les pianistes Olivier Truchot (Bigre !, Garrafa jazz) et Franck Avitabile.

Une carrière internationale

Il enregistre avec Mike Drummond, Ron Carter, Daniel Humair ou Riccardo Del Fra. C’est au sein de l’AIMRA (Association information musicale Rhône Alpes) que le pianiste rencontre le gratin de la scène régionale d’alors. Plusieurs albums seront enregistrés grâce à cette dynamique structure lyonnaise des années 1980 qui organise des collaborations fructueuses entre jazzmen américains et français.

Un certain parfum (1984)
Sozopol (1990)

Il a aussi joué avec Michel Petrucciani ; Dexter Gordon ; Dave Liebman ; Martial Solal ; André Ceccarelli…

Sofia en mémoire

Au milieu des années 1990 il trouve un nouveau port d’attache à Salon de Provence dans l’enceinte de IMFP (Institut musical de formation professionnel). Il se lie d’amitié avec le trompettiste Michel Barrot avec qui il fonde son propre sextet. Ils enregistrent deux disques Priyatelstvo (2003) et Kukeri (2006). Ces deux albums sont empreint de traditions bulgares qu’il n’a jamais oublié.

D’ailleurs Mario se rend régulièrement à Sofia pour jouer et enregistrer. Deux albums dans la décennie suivante seront enregistrés avec des musiciens bulgares : Autumn leaves in Sofia (2014) et Folklore & Jazz (2015).

Un encrage local

Dès son arrivée à Lyon, Mario Stantchev s’entoure régulièrement de jazzmen lyonnais que ce soit les guitaristes Michel Perez et Jean-Louis Almosnino ou le saxophoniste Jacques Helmus.

Ces dernières années, la collaboration avec le label lyonnais Ouch! records fondé par son ami saxophoniste Lionel Martin fut particulièrement fructueuse.

D’abord un duo autour de la musique de Louis Moreau Gottschalk (1829-1869). Le très remarqué “Jazz before jazz” (Cristal, 2016) met en lumière l’étonnant swing des mélodies du compositeur américain, créole par sa mère, et pouvant être considéré comme précurseur du jazz. Les deux compères en font une merveilleuse illustration.

Le label Ouch! records en collaboration avec Cristal records, produira deux autres opus du pianiste permettant de mettre en avant toute la finesse de son jeu. les albums solos “Musica sin fin” (2019) avec un hommage touchant à Olivier Messiaen et son dernier album en hommage au grand Thelonious “Monk and more” (2021).

Toute la discographie de Mario Stantchev est disponible à l’écoute dans le fonds “Mémoire des musiques lyonnaises” et sur Numelyo dans l’enceinte de la Bibliothèque municipale de Lyon.

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