A redécouvrir
Lazy Ways / Marine Girls (1983)
Pop frugale
Publié le 21/05/2021 à 17:25
- 3 min -
Modifié le 23/05/2021
par
pj
De 1980 à 1983, les plus tranquilles des Riot grrrl gravaient en minuscules quelques pièces manquantes entre le punk et la twee pop.
Directement connectées aux Raincoats, les Marine Girls préfigurent la pop anorak des 90’s de Talulah Gosh ou des Pastels. En moins électrique.
A l’origine du projet, Tracey Thorn et Gina Hartman, auxquelles se joignent les sœurs Fox, Alice et Jane.
Beach Party, premier album du groupe est enregistré en 1981.
Pour la petite histoire, ou la légende, Beach Party porte le numéro 44 de la liste des 50 albums préférés de Kurt Cobain.
Sur ce premier disque le quatuor réussissait déjà à aligner seize chansons en moins de trente minutes.
Format court là encore, Lazy Ways réitère la performance en douceur, puisqu’avec quatorze titres, le disque dure tout juste 29 minutes. Les chansons sont sobres. La plus brève, That Fink, Jazz-Me-Blues Boy, ne dure qu’1’33’’ et seule Second Sight s’approche presque dangereusement des mythiques 3 minutes.
Ce deuxième album est produit de manière minimale par Stuart Moxham – l’une des têtes pensantes des Young Marble Giants – sort en avril 1983, l’année de la séparation des Marine Girls.
Avec sobriété, le quatuor devenu trio après le départ de Gina, élabore à nouveau ici une pop moelleuse et donc dépouillée.
Alice partage le chant avec Tracey qui est aussi guitariste. Souvent leurs deux voix s’assemblent. Jane est à la basse. Et comme elles ne connaissent pas de batteuse, elle s’en passent ; à l’aide de percussions minimalistes, elles soulignent encore un peu la légèreté qu’elles semblent découvrir naturellement.
En ouverture, A Place in the Sun, chanson sans refrain. La complexité des chansons n’apparait pas, tant il semble que toutes sont de la même eau, justement dosée : voix, jeu de guitare acoustique et percussions réduite parfois à un claquement de doigts ou des maracas.
De la même manière, la basse de Jane Fox parait recevoir le peu d’électricité qui lui suffit à faire résonner joliment le son ad hoc.
Quant au chant, il ne s’agirait pas de confondre une précision timide avec de l’approximation. Ici l’imperfection est juste, sincère et délicate.
S’il en fallait un, Lazy Ways chanson-titre, serait le sommet miniature de l’album – la chanson justifie à elle-seule la découverte de ce disque. Emblématique donc, d’autant qu’elle figure en bonne compagnie sur la compilation culte et manifeste Pillows & Prayers, vendue 99p lors de sa sortie en 1982
Mais en 1983, Alice et Jane Fox sont déjà ailleurs, seulement pour quelques temps et une poignée de singles, avec leur tout aussi discret Grab Grab The Haddock, groupe éphémère et sans album, dommage.
Tandis que Tracey Thorn entamera une longue et belle carrière en solo et en duo avec Everything But The Girl et son compagnon et mari Ben Watt.
Dans My Rock ‘n’ Roll Friend paru en mars 2021, Tracey Thorn relate à travers son amitié avec l’ex-batteuse des Go-Betweens, la place des femmes dans une industrie qui place instinctivement le talent mâle sur un piédestal.
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