À redécouvrir
EARTHLING “Radar” (1995)
Publié le 01/02/2017 à 10:47
- 2 min -
par
SAMI
En 1995, à la suite de la Sainte Trinité du trip-hop, « Blue Lines », « Dummy », « Maxinquaye », Earthling sortait "Radar". Album au succès mitigé à l’époque, « Radar » et son duo d’encyclopédistes du son et des mots continuaient pourtant d’écrire l’histoire du genre, sous forme de réponse névrosée au rap US, ponctuée de beats cotonneux et de textes à l’autodérision glaçante.
La brève aventure qui rassemble T.Saul et Mau commence au début des années 90 entre Londres et Bristol, évidemment. Le premier, obsédé par la soul, le jazz, la library music et le rock partage sa passion avec un futur gros trafiquant de son : Geoff Barrow. Le second, Mau, ressasse dans ses carnets, l’histoire de la diaspora africaine (d’Amérique du Nord en Jamaïque), manie les images fantasmées de banlieues “hlmisées”, grises et froides alors qu’il grandit au sein de le bourgeoisie noire d’Ilford. Ces deux-là en se rencontrant accouchent tout naturellement de « Radar », source d’émission inévitable avant implosion.
L’album s’ouvre sur un tempo court et lourd, plein d’echo dub. Petite mise en bouche de quelques secondes avant que le flow de Mau ne surgisse. Sa verve, véritable couteau suisse contre la schizophrénie qui le guette, permet au rappeur d’aligner les références culturelles (ici Fanon, là Leonard Cohen, ailleurs Juliette Binoche) encouragé par les samples claustrophobes de T. Saul.
Le fiel de Mau fait l’effet d’un miel dont on se délecte tout au long de l’album. L’ambiance sonore est « poisseuse « (comme l’écrira Francis Dordor à l’époque), noir comme un polar écrit par Kafka. Geoff Barrow est crédité sur 3 titres dont le tubesque « Nefisa », les scratches sentent le Portishead à plein nez mais T.Saul ne plagie pas, il est juste un autre membre de la « Bristol Team ».
Alors que la voix inondée de spleen de Beth Gibbons devient le refuge de millions d’auditeurs masochistes, “Radar”, versant plus hip hop et certes moins classieux que “Dummy”, ne séduit pas. Le groupe donnera une suite à “Radar”, “Humandust“. Jugé trop glauque par leur label, l’album ne verra le jour que 9 ans plus tard.
La psyché trop pleine et troublée de Mau ne l’a pourtant pas desservi. Caméléon ayant renoncé à une quelconque identité on le retrouvera chez Telepopmusik dans les années 2000 et plus récémment en crooner cold-wave au sein de Tristesse Contemporaine.
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One thought on “EARTHLING “Radar” (1995)”
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Oh la la, qu’est-ce que j’ai pu écouter cet album ! On la emprunté alternativement avec un pote pendant des mois à la bibliothèque de Mâcon 🙂