I fought the law
“Anti ep” de Autechre, le manifeste de l’intelligent dance music
Publié le 24/07/2020 à 12:00
- 2 min -
par
Luke Warm
Au début des années 90, le gouvernement britannique de John Major est dépassé par le phénomène des raves qui voit les jeunes citadins déserter les villes (où les clubs ferment à 2h) pour investir les champs des campagnes environnantes et danser au son de la techno ou de l'acid house diffusées sur d'énormes sound systems.
Ces événements non autorisés réunissaient parfois pendant plusieurs jours plusieurs milliers (voir même dizaines de milliers) de personnes informées par flyers ou par infoline. Les autorités et les forces de police ne pouvaient donc pas anticiper ces regroupements et encore moins intervenir directement quand la foule était trop nombreuse. La Grande-Bretagne décide alors de réagir par l’intermédiaire d’une loi, la Criminal Justice and Public Order Act 1994, dont certains articles avaient pour but d’interdire purement et simplement les raves.
Cette loi interdisait notamment les rassemblements de plus de 20 personnes pendant lesquels de la musique amplifiée, définie comme tout son intégralement ou majoritairement caractérisé par une série de beats répétitifs, était diffusée. Les raves devenaient donc clairement interdites.
C’est en réaction à cette loi que la groupe mancunien d’IDM Autechre sort en 1994 un ep intitulé Anti sur le label Warp. Composé de 3 titres, cet ep était scellé par un autocollant “manifeste” expliquant que “Lost” et “Djarum“, les deux premiers titres, étaient composés de beats répétitifs et qu’ouvrir le boitier et les jouer pouvait être considéré comme une opposition au Criminal Justice and Public Order Act.
Mais c’est le troisième titre, “Flutter“, qui dans sa composition même ridiculise la démarche de cette loi puisqu’il a été programmé de telle sorte qu’aucune mesure ne contienne de beats identiques et donc répétitifs, rendant ce morceau conforme à cette nouvelle loi. Né de 65 rythmes différents savamment assemblés, pouvant être joué en 45 ou 33 tours, il était la démonstration par l’absurde de l’acharnement des autorités contre une musique (mais plus largement une jeunesse et une culture) qu’elles étaient incapables de comprendre.
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