La coopération parents et enseignants

- temps de lecture approximatif de 5 minutes 5 min - Modifié le 13/12/2021 par Entshukdigubg

La coopération enseignants-parents ne peut être que bénéfique pour les élèves. Exigence des contrôles, manque ou excès d' informations, trajectoires floues des élèves, les enseignants sollicitent fréquemment les parents pour éclaircir ou appuyer leurs propos. Il est important de créer du lien et du dialogue entre parents, enseignants et personnel éducatif. Les réflexions des pédagogues d' aujourd'hui portent sur l' accompagnement de chaque élève en fonction de sa personnalité et de ses émotions. Et dans ce domaine, tout est encore à créer.

family@pixabay
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Parents, enseignants : comment chacun doit trouver sa place dans l’ école

 

Les parents critiquent facilement les méthodes des enseignants. Ils sont dorénavant plus présents dans l’école créant, parfois une sorte de rivalité entre les deux partis. D’ après Serge Hefez, psychanalyste, les parents sont pétris de contradiction. Ils cherchent pour leurs enfants le meilleur possible. L’image idyllique de la famille doit montrer un bonheur partagé et du plaisir quotidien. Mais, cette obsession de l’ épanouissement sert aussi d’ étouffoir. De plus, les enseignants ont aujourd’ hui à composer avec des schémas parentaux inusuels (famille monoparentale, recomposée, homoparentale). Leurs élèves ont parfois des difficultés à se construire, avec plusieurs figures, parfois contradictoires.

Plusieurs enquêtes (Dossier de veille de l’IFÉ • n° 98 • Janvier 2015 Coéducation : quelle place pour les parents ? ), dont celle menée en 2008 au Québec, montrent qu’au-delà des préoccupations quotidiennes tenant à la scolarité et à l’éducation des enfants, les parents, souvent démunis, rarement démissionnaires, souhaitent accéder à des méthodes leur permettant d’aider leur enfant, mais sont moins demandeurs d’information.

Dans l’ école de demain, les parents ne devraient pas avoir peur de poser en toute confiance leurs questions. Questionner l’ enseignant ou le parent aide l’ élève à progresser. Dans certains établissements, des groupes de paroles ont été mis en place et peuvent devenir des espaces d’ entraide pour les devoirs, par exemple. Les pratiques collaboratives et les rencontres entre parents et enseignants permettent d’ élaborer ensemble ce que sont l’ autorité et l’ éducation. Lorsque l’ ensemble du corps éducatif s’ accorde et prend le temps, l’ élève se sent rassuré et s’ implique davantage. Accompagner les parents signifie-t-il éduquer les parents ?  l’ éducation parentale n’est pas d’apprendre aux parents comment élever leur enfant  mais vise leur appropriation de connaissances et compétences (empowerment) pour prendre les décisions les plus favorables à leur enfant (La collaboration école-famille-communauté au sein d’une école efficace : quels types de relation et de soutien sont privilégiés ? Terrisse et al., 2019). Il convient donc de soutenir toute initiative de formation des adultes (littératie, parentalité, en s’inspirant du Québec ou de la Finlande) ou encore de mettre l’accent sur la valeur de l’éducation permanente et l’éducation des parents.

La continuité idéale entre école et famille exige de l’enfant qu’il joue le jeu d’ une relation dont il partagerait l’ enjeu pour lui même et ses parents. Selon Pierre Périer (sociologue), souvent ce qui est rapporté par les jeunes est falsifié. Parents, élèves et enseignants doivent jouer le jeu de la transparence. Dénouer dans le discours de chacun, ce qui tient du vrai rassure l’ élève, éliminant les angoisses qui peuvent perturber les apprentissages. La bienveillance est le maître-mot de l’ éducation de demain.

 

L’ entrée des parents dans l’ école ne date pas d’ aujourd’ hui.

Claude Lelièvre (historien) situe l’ entrée des parents dans l’ école avec Jules Ferry (fondateur de l’ école laïque et républicaine en France en 1881). Deux partis s’ opposent. En 1909, la création de l’ association des pères de famille par les évêques de France leur intime de surveiller l’ école publique. Tout ce qui est publié ou écrit (livres, cahiers ou images) ne doit leur échapper. En 1914, la chambre des députés s’ opposent à ce projet et vote des dispositions afin d’ assurer la défense de l’ école laïque, contre les parents qui empêcheront leurs enfants de participer aux exercices réglementaires de l’ école communale ou de se servir des livres qui leur sont proposés.

En 1910, la Fapelc (Fédération des parents d’ élèves des lycées et des collèges) s’ implique fortement dans l’ enseignement. En effet, l’ enseignement secondaire est encore payant et réservé à la classe bourgeoise. En 1930, la généralisation de la gratuité implique une véritable représentation des parents. La Fapelc deviendra la Peep (l’ association des parents de l’ enseignement public). En 1947, nait l’ autre grande fédération des parents d’ élèves, la FCPE (Fédération des conseils de parents d’ élèves) . En 1968, les parents entrent dans les conseils d’ administration des établissements secondaires et représentent un tiers des membres du conseil. Ils participent aux conseils de discipline et aux commissions permanentes. En 1989, les parents sont des partenaires à part entière du système éducatif, associés au projet d’ établissement. En 2013, on évoque la coéducation dans les textes officiels. Mais, ce n’est pas une réalité effective dans tous les établissements scolaires et pour les parents. La loi de refondation de 2013 avait favorisé le rapprochement parent enseignant, mais le projet de loi de Jean-Michel Blanquer ne mentionne par exemple les familles que pour les appeler au « respect de l’institution scolaire, dans ses principes comme dans son fonctionnement », cité par Marie-Claude Cortial dans les Cahiers pédagogiques.

 

https://i.pinimg.com/originals/7b/c0/42/7bc0423f81c865261b740dd5e488e06c.jpgUn exemple réussi : Reggio Emilia, Ville Éducative. La co-éducation dans l’approche préscolaire municipale publié sur cairn dans la revue internationale de l’ éducation familiale.

Les écoles de Reggio Emilia se considèrent comme un lieu social et politique. Les acteurs défendent une idée démocratique de la société. Les classes maternelles sont supervisées par un duo d’enseignants qui prend en charge le même groupe-classe durant trois ans. Généralement, ce duo est constitué d’une institutrice expérimentée à laquelle est associée une collègue plus novice dans le métier. L’une questionne et profite de l’expérience de son aînée, la seconde est ainsi invitée à sortir de sa routine professionnelle en donnant des explications sur ses pratiques. Un autre éducateur, l’ atelierista prend en charge l’ atelier d’ art de l’école. Un quatrième adulte membre de l’équipe enseignante est également à considérer : le pedagogista. Spécialiste de l’éducation, il a sous sa coordination un petit nombre d’établissements (trois ou quatre) pour lesquels il assure un lien permanent avec les structures administratives de gestion des écoles. Les aides auxiliaires ainsi que les cuisiniers sont aussi sollicités et on leur confie même des projets pédagogiques (projet sur le goût des aliments, l’alimentation équilibrée, le tri sélectif…). La participation des parents se fait au travers des conseils Enfance-Ville de concert avec les enseignants, des citoyens, des cuisiniers. Ce conseil s’investit essentiellement dans la relation famille/école, essayant même de répondre aux besoins et aux questions des parents. Ils doivent promouvoir la participation des familles, assister les enseignants, les aider à réaliser des projets et développer des relations avec d’autres établissements. Cette approche pédagogique élaborée par Loris Malaguzzi a inspiré de nombreuses écoles ou organisations scolaires dans le monde entier.

A découvrir parmi les livres de la bibliothèque :

Quel enseignement pour nos enfants ?/sous la direction d’ Eric Fottorino

Le goût de l’ effort/Sandrine Garcia

Libres enfants de Summerhill

Non, votre ado n’est pas feignant/Nathalie Anton

 

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