C’était il y a 50 ans : la Révolution des Œillets.

L’année 2024 marque le cinquantième anniversaire de la Révolution des Œillets, révolution qui a permis la chute de la dictature et l’éclosion de la démocratie au Portugal.

- temps de lecture approximatif de 18 minutes 18 min - par Hélèna

Lisbonne, 25 avril 1974. Se retrouvent dans la rue devant les locaux de la Garde Nationale, les militaires puis la foule. Ils demandent alors, accompagnés d’œillets comme symbole pacifique, la fin d’un régime fasciste qui subsiste depuis un demi-siècle. Retour sur cet événement majeur de l’histoire du pays.

La fin d’un âge d’or ancien : le Portugal à l’aube du XXème siècle.


Dès le début du XIXème siècle, le Portugal doit faire face à un déclin significatif souligné par une crise économique et politique. Le pays, qui avait été autrefois marqué par une prospérité longtemps assurée par un âge d’or colonial important et reconnu au sein de l’Europe, est désormais affecté par l’avènement d’une Europe qui se veut moderne (l’Angleterre et la France notamment) et dont les prétentions coloniales sont aussi grandes que celles d’un Portugal qui tente avec difficulté de maintenir un empire colonial bien trop vaste par rapport à ses capacités. Le malheureux tremblement de terre de 1755 qui détruit Lisbonne, fait 50 000 morts et dont le Portugal a du mal à se relever incarne bien cette tendance. Confronté aux invasions napoléoniennes dès 1807, le pays se voit forcé de rendre son indépendance au Brésil en 1825.

Les ruines de l’église de Saint-Nicolas après le tremblement de terre de Lisbonne en 1755. Gravure de Jacques-Philippe Le Bas (1707-1783) réalisée en 1757. Source : Wikimedia Commons.

Sans l’or brésilien, le Portugal perd ainsi un appui essentiel de son capital économique et de son hégémonie. C’est la fin définitive de la grandeur de l’empire portugais. En plus de ces affrontements extérieurs, le pays qui peine à gérer ses difficultés financières et ce, dans les dépenses publiques notamment, est sans arrêt confronté à un climat politique tendu. L’instabilité politique, qui fluctue entre monarchistes nostalgiques d’un empire colonial et militaires tournés vers un avenir nouveau, se termine en 1910 avec un coup d’Etat militaire qui provoque l’avènement d’une République (1910-1926).

Lithographie de l’artiste Cândido da Silva dépeignant les événements de la nuit du 3 octobre 1910 qui mena à la proclamation de la République portugaise. Source : Wikimedia Commons.



Ce nouveau régime prône la modernité à travers un anticléricalisme soutenu, en réaction à une monarchie qui se veut pour ses opposants comme vieille et démodée, l’archétype du déclin du pays. Mais c’est en réalité un gouvernement synonyme d’espoirs déçus pour une population majoritairement rurale encore très attachée à la monarchie et à ses valeurs. Dans ce contexte, la république voit se succéder pas moins de quarante-cinq ministères différents. Elle est fragilisée constamment par des clivages politiques et l’inflation économique qui se manifestent par des oppositions violentes. Menaces de coups d’Etat, attentats à la bombe et manifestations particulièrement sous tension provoquent un climat d’insécurité constante qui mène au coup d’Etat du 28 mai 1926, instaurant alors une dictature militaire. C’est ainsi le début d’un long chapitre fasciste qui ne cessera qu’avec la Révolution des Œillets.

Presque cinquante ans de régime fasciste : l’Estado Novo


La dictature militaire est consolidée dès 1928 par l’arrivée au pouvoir d’un personnage emblématique de cette ère, qui se veut nouvelle, d’où son nom d’« Estado Novo » (Nouvel Etat). Issu d’un milieu modérément modeste, il devient ministre des Finances à l’âge de 39 ans. Antonio de Oliveira Salazar, n’est alors au début qu’un professeur d’économie à l’université de Coimbra, qui a su s’imposer au sein d’un gouvernement plus qu’instable. Les militaires, cherchant à redresser le pays et combattre ses difficultés financières de plus en plus critiques, voient en Salazar et ses solutions une opportunité à saisir. Très vite, Salazar devient « le dictateur des Finances », aucun escudo n’est dépensé sans son accord. De par sa fermeté et sa détermination, Salazar réussit en peu de temps à redresser l’équilibre économique catastrophique du pays ce qui lui vaut d’être vu comme l’homme de la situation. Cela le mène à la tête du ministère dès 1932 mais lui permet également d’instaurer ensuite dès 1933 l’établissement d’une nouvelle constitution lui attribuant les plein pouvoirs et le contrôle total du pays en tant que président du Conseil. C’est alors que débute la plus longue dictature européenne du XXème siècle.

Salazar posant pour le sculpteur portugais Francisco Franco en 1936 sous le regard attentif du journaliste Antonio Ferro (à gauche). Source : Wikimedia Commons.



Depuis sa nouvelle position, Salazar n’a qu’un objectif en tête : celui de l’Estado Novo. C’est simple, il souhaite restaurer la grandeur passée d’un Empire colonial portugais par de nouvelles mesures et un nouvel Etat. Pour remédier à l’immobilisme politique et institutionnel provoqué par l’instabilité du pays, la crise socio-économique et les tensions coloniales notamment, Salazar opte pour un régime national et autoritaire au parti unique qui se caractérise par son conservatisme et son autocratie. Ainsi, il s’oppose au socialisme, au communisme, au syndicalisme, au libéralisme, à l’anticolonialisme. Dans un discours prononcé en 1936 à l’occasion du dixième anniversaire du coup d’État, Salazar définit l’Estado Novo en cinq points principaux : Dieu, famille, travail, patrie, autorité. Sa doctrine, fondée sur un catholicisme traditionnel portugais, prend alors un fort appui sur le patronat, les corporations, l’armée et les colonies.

D’ailleurs, ces dernières forment un des piliers majeur de l’Estado Novo. Salazar les érige en « territoires d’outre-mer », son but étant de garder un territoire colonial aussi vaste que possible « du Minho à Timor » en mémoire de l’ancien éclat de l’Empire portugais. Sa politique conçoit alors le pays comme un pays pluri-continental où les colonies ne seraient qu’une extension du Portugal. Salazar s’adonne alors volontiers au tropicalisme, estimant que la métropole est une source civilisatrice et de stabilité pour elles tandis qu’ailleurs dans le même temps, dans les autres pays européens, on commence à donner accès à l’indépendance dans les colonies africaines.

L’autre fer de lance de l’Estado Novo est le maintien d’un régime militaire fort au parti unique où l’opposition politique est interdite. Pour se faire, Salazar proclame l’autorité du pouvoir exécutif sur le pouvoir législatif. De même, et pour éviter toute dissidence, les syndicats sont soumis au contrôle de l’Etat : la CGT est déclarée illégale tout comme les grèves. Certains partis politiques ne sont pas autorisés comme le Parti communiste portugais. A ces mesures, qui ne sont pas sans rappeler celles du pays voisin qu’est l’Espagne de Franco, Salazar cultive parallèlement l’imaginaire d’un homme providentiel désintéressé du pouvoir alors que la réalité est autre : l’homme se révèle plutôt être teinté d’un mépris pour le peuple et n’hésite pas à utiliser la peur pour contrôler la société portugaise.

Pour mener d’une main de fer cette intention, la population est sans relâche soumise à la surveillance par une police politique forte, la PIDE (Polícia internacional e de defesa do estado, en français la “Police internationale et de défense de l’État”) qui dispose d’un vaste réseau de renseignements et de prisons que ce soit en métropole ou dans les colonies. Censure et répression sont également de mise. A cela s’ajoute un contexte socio-économique compliqué : pour redresser économiquement le pays, Salazar prône un contrôle des denrées alimentaires couplé à une inflation alors que la population, majoritairement rurale et modeste, est déjà à bout de souffle. De plus, le dictateur favorise l’absence d’éducation dans un but de non politisation des masses que ce soit à l’échelle de la métropole ou à l’échelle des colonies. Ainsi, en 1960, un portugais sur trois ne sait ni lire ni écrire. En ce même sens, Salazar pratique une politique isolationniste sous le slogan « orgueilleusement seuls » qui ne fait que retarder d’autant plus économiquement et culturellement le Portugal au sein de l’Europe.

L’Estado Novo : finalement rien de nouveau ?  


C’est dans ce contexte hautement troublé que les contestations ne cessent d’augmenter et que l’Estado Novo commence à s’éroder. Cela est marqué d’autant plus avec le début des guerres coloniales en 1961, véritable symbole du mal-être profond du régime salazariste. La politique coloniale ne fit que favoriser les tensions déjà existantes au sein des colonies africaines en Angola, au Mozambique et en Guinée-Bissau. En pratiquant une politique lusotropicale, Salazar distingua alors les Africains dits « assimilés », c’est-à-dire qui ont reçu une éducation et qui connaissent la culture portugaise, des autres Africains. Créer cette différence permit à certains Africains d’occuper des rangs au sein de l’administration coloniale tandis que la majorité de la population africaine restait sans droits et soumise au travail forcé. Cette division fut d’autant plus visible que les colonies ne sont en réalité que très peu développées : l’accès à l’éducation est quasi inexistant ou alors réservé aux fils de colons. En 1950, la population africaine de Guinée compte 99 % d’analphabètes, celle d’Angola 97 % et celle du Mozambique 98 %.

A ces dissensions s’ajoutent les problèmes de famines dues à la déforestation, l’exploitation et l’extractivisme pratiqué dans les colonies. Toutes ces raisons mènent les pays africains à demander leur indépendance et à entrer en guerre avec le Portugal dès 1961. Elles ne s’arrêtent qu’en 1974 avec la Révolution des Œillets. Salazar devient alors de plus en plus impopulaire, les guerres coloniales provoquant de nombreux morts soit environ 14 000 portugais et 100 000 africains de 1961 à 1974. En 1968, suite à un accident vasculaire cérébral, Salazar est déclaré inapte à gouverner et doit renoncer à son pouvoir.

C’est Marcelo Caetano qui est choisi pour le remplacer. Issu du monde universitaire portugais, Caetano est un professeur de droit déjà connu du régime. Il avait été nommé ministre des Colonies par Salazar même. Ce dernier meurt en 1970 après une lente agonie. De son côté, Caetano tente de libéraliser le régime en s’ouvrant peu à peu aux autres influences démocratiques européennes. Mais le pays étant très affaibli par les guerres coloniales qui ne s’améliorent pas et la corruption morale étant généralisée au sein de l’élite dirigeante, Caetano devient malgré lui très impopulaire au sein d’une société portugaise de plus en plus méfiante, et ce, quelle que soit sa catégorie sociale. Ses efforts pour redresser le pays ne sont pas suffisants et mènent à la chute de l’Estado Novo.

Marcelo Caetano en 1969 dans un studio de télévision, pendant l’enregistrement d’un épisode de Conversa em Família (un programme télévisé de réflexion politique présenté par lui-même). Source : Wikimedia Commons.


Du fusil à l’œillet.


C’est dans ce paysage que prend part la Révolution des Œillets. Elle est impulsée par de jeunes militaires de gauche qui ont servi au sein des colonies et connaissent la dure réalité des guerres coloniales. Ces derniers se réunissent en un mouvement appelé le « Mouvement des Forces Armées » (Movimento das Forças Armadas, MFA). Tendance illégale et clandestine, elle prend toutefois appui en la personne du général António Ribeiro de Spínola qui est le vice-chef de l’État-Major des Forces Armées. Il publie en février 1974 un livre intitulé Le Portugal et son avenir et qui fait l’effet d’une bombe. Dedans, il prône une forte démocratisation du pays accompagnée d’une progressive autonomie des colonies. En remettant totalement en question les piliers de l’Estado Novo, Spínola montre à Caetano que le pouvoir en place est en danger. Plus important encore, Spínola ose prendre la parole et dire tout haut ce qu’une majorité pense tout bas.

Le MFA s’organise et définit son programme avec le programme dit des trois D : démocratisation du pays, décolonisation, développement économique. Son effectif augmente et ce notamment au sein de différentes strates militaires même si la gendarmerie, la police et la douane restent aux côtés du gouvernement. Peu à peu, le coup d’Etat qui n’avait été qu’envisagé devient alors une évidence.

La nuit du 24 au 25 avril 1974, la station de radio catholique Rádio Renascença (Radio Renaissance) diffuse à minuit « Grândola, vila morena », une chanson militante composée par José Afonso dans laquelle on peut entendre ce couplet désormais devenu célèbre et qui fait partie intégrante de l’histoire du Portugal :

 

« Grândola, vila morena,
Terra da Fraternidade,
O povo é quem mais ordena
Dentro de ti, ó cidade…  »

« Grândola, ville brune,
Pays de Fraternité,
C’est le peuple qui commande
Ici, oh cité
»


Reprenant les codes classiques de la musique populaire du sud, la chanson (pourtant interdite par le régime) passe comme un signal inaperçu. Néanmoins, au moment où le son retentit, une révolution qui mettra fin à cinquante ans de dictature commence.


Les jeunes capitaines du MFA prennent le contrôle heure par heure des moyens de communication et places fortes du pays.

A 3h, ils ont déjà le contrôle de l’aéroport de Lisbonne, de Porto et de la radio nationale.

A 4h26, un premier communiqué du MFA est diffusé. Il enjoint les forces de l’ordre à ne pas quitter les casernes ainsi que les habitants à rester chez eux.

A 5h30 le MFA occupe le Terreiro do Paço, place importante de Lisbonne et la place du Carmo où se trouve le QG de la Garde Nationale Républicaine, lieu où s’est réfugié Caetano. Le général Salgueiro Maia encercle le lieu et demande à Caetano de se rendre, il tire alors de manière à ne toucher personne plusieurs fois sur la façade du bâtiment. Ce sont les seules balles tirées par le MFA de toute la révolution. La mobilisation dure alors la journée entière. Les militaires sont, à la surprise générale, soutenus et accompagnés de la population en masse et de manière significative : on leur donne à manger, à boire mais aussi des œillets… d’où la révolution tient son nom. Ce jour-là, Celeste Caeiro, restauratrice dans la Rua Braamcamp, transportait des fleurs d’œillet rouges dans les mains, la fleur de saison afin de les livrer au restaurant. Lorsqu’un soldat lui demande une cigarette, elle n’a qu’un œillet à lui donner. Le lieu de mobilisation se situant à côté du Rossio, le marché aux fleurs de Lisbonne, les marchands commencent alors une vaste distribution de l’œillet rouge que les militaires disposent à leurs fusils en signe d’une révolution qui se veut douce et dans la main avec le peuple.



A 16h, Caetano comprends qu’il n’a plus le choix et que l’Estado Novo est renversé. Il se rend à la condition que Spínola prenne les rênes du pouvoir, ce que le MFA accepte.

A 17h45, Spínola arrive sur place : Caetano se rends.

Foule et soldats le 25 avril 1974 sur la place du Carmo où se trouve le quartier général de la Garde Nationale Républicaine. Source : Centre de documentation du 25 avril via https://www.cd25a.uc.pt/en.


A 19h30, Caetano est emmené dans un véhicule blindé au poste de commandement de Pontinha.

A 20h, dans une dernière tentative désespérée de résistance, la PIDE tire sur la foule, faisant 4 morts et 45 blessés. Elle finit par se rendre.

Finalement, à 1h30 sont présentés à la télévision nationale les membres de la Junta de Salvação Nacional (Junte de salut national), le gouvernement provisoire mis en place avec à sa tête Spínola. Son but est de démocratiser pour de bon le Portugal et d’amorcer l’indépendance des colonies.

António de Spínola aux côtés d’un leadeur guinéen (à gauche) en tant que gouverneur et commandant des Forces Armées de Guinée-Bissau en 1968. Source : Wikimedia Commons.



Le fleurissement de la démocratie au Portugal.


La Révolution des Œillets met donc fin à 48 ans de dictature fasciste. Le Portugal est enfin libre et bouillonne en ce sens. Les premières mesures prises par le gouvernement provisoire le reflètent : les prisonniers politiques sont relâchés, le Parti communiste portugais et la CGT sont enfin autorisés. Les portugais qui s’étaient exilés rentrent au pays. De même, c’est le début de l’indépendance des colonies : en septembre 1974 l’indépendance de la Guinée-Bissau est reconnue par l’Etat portugais. L’Angola, le Mozambique, Sao Tomé-et-Principe suivent la même route en 1975. En moins de 2 ans, la plupart des colonies portugaises sont indépendantes.

Du côté de la métropole, le Portugal se dote d’une nouvelle constitution le 2 avril 1976 et devient une démocratie. C’est le début d’une course contre la montre pour instaurer une démocratie stable et qui puisse enfin rattraper le retard socio-économique et démographique important provoqué par le régime salazariste. Ce retard conséquent, encore perceptible aujourd’hui et ce, notamment économiquement, est à l’image d’une démocratie très récente. Cela se manifeste particulièrement au sein de l’Europe où le Portugal possède une origine ancienne mais une intégration nouvelle. Le Portugal n’adhère et n’entre que dans l’Union européenne en 1986.

Lisbonne, 12 juin 1985. Mario Soares, Premier ministre (à gauche) et Jaime Gama, ministre des Affaires étrangères (à droite) signent l’adhésion du Portugal à la Communauté économique européenne. Source : Commission européenne, 2004.


Néanmoins, le pays s’érige comme modèle pour la péninsule. Très vite, après la Révolution des Œillets, mais sous des formes différentes, l’Espagne et la Grèce suivent son exemple et deviennent à leur tour une jeune démocratie.

Photo d’une manifestation en faveur de la démocratie et de la décolonisation prise après la révolution en 1974 par le photographe Alécio de Andrade. Source : ADAGP Paris.

Une mémoire timide, couleur rouge œillet ?


La place du Carmo à Lisbonne est un lieu calme et tranquille. Ce ne fut cependant pas toujours le cas. Si cette place abrite les ruines du couvent des Carmes détruit suite au tremblement de terre de 1755, elle est aussi le lieu où l’on peut trouver la façade de l’ancienne Garde Nationale Républicaine que le général Salgueiro Maia cribla de balles le 25 avril 1974 pour montrer le mécontentement de toute une population. Pourtant, la mémoire de cet événement n’est pas aussi visible qu’on pourrait le croire. En effet, la façade a été ravalée ! Plus aucune trace de ces balles. Impossible de dater ce changement dans les archives, toutefois, ce qui est sûr c’est que cette mémoire à demie effacée n’a pas fait de polémique. Elle est le reflet d’une mémoire difficile à assumer après cinquante ans de dictature… Le bâtiment est toutefois, devenu, quant à lui le Musée de la Garde Nationale.

Ancienne façade (ravalée) du QG de la Garde Nationale Républicaine sur la place du Carmo qui est aujourd’hui devenu un musée. Source : Google Maps, images de 2022.



Dans le même son de cloche hésitant, le siège de la PIDE lui non plus n’a pas gardé de traces particulièrement distinctes. Le bâtiment situé dans le quartier du Chiado à Lisbonne est devenu dans les années 2000 une copropriété de luxe, ce qui, cette fois-ci n’est pas passé inaperçu auprès de la population locale. Pour apaiser les esprits, la mairie imposa au propriétaire la mise en place d’une petite plaque commémorative à l’honneur des quatre jeunes assassinés par la PIDE le 25 avril.
 
Si la mémoire de la Révolution des Oeillets reste discrètement affichée dans l’espace public, il en est autrement dans la culture portugaise où s’impose grandement le mythe d’une révolution forte et pacifique. Ainsi, le 25 avril est un jour férié au Portugal qui porte le nom de “Fête de la Liberté”. De même, de nombreuses rues ont été baptisées Avenida da Liberdade (« avenue de la Liberté ») ou Avenida 25 de Abril (« avenue du 25-Avril ») en mémoire à la révolution. Le pont lisboète enjambant le Tage qui était autrefois nommé “pont Salazar” a lui aussi été rebaptisé en “pont du 25 Avril”.

Tag sur un mur de la ville commémorant la révolution. On peut lire le slogan “25 de Abril Sempre, Fascismo Nunca Mais” qui signifie en français “Le 25 Avril pour toujours, le fascisme plus jamais”.
Source : Wikimedia Commons. Photo prise le 18 mai 2013 par Urban Isthmus.



Mais la mémoire la plus forte reste dans le cœur et l’esprit des Portugais… Alors que la Révolution des Œillets va fêter son cinquantième anniversaire, le pays est toujours en grande difficulté socio-économique par rapport au reste de l’Europe. Pour une partie de la population, outre la dimension historique, le 25 avril reste un idéal de la lutte auquel il faut retourner dans l’espoir de voir se réaliser un avenir meilleur.

Affiche produite et éditée par l’Associação 25 de Abril, association fondée à Lisbonne en 1982 pour promouvoir les valeurs et la mémoire de la Révolution du 25 avril 1974.
En savoir plus ici : https://a25abril.pt/


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