Vaulx-en-Velin n’est plus une banlieue !
Publié le 14/02/2008 à 00:00
- 16 min -
Modifié le 30/09/2022
par
Admin linflux
Sartrouville, Minguettes, Vaulx-en-Velin, mais aussi Clichy et plus récemment Villiers-le-Bel...Depuis près de 25 ans, l'actualité française se fait l'écho des éruptions de colère, des émeutes qui ont lieu sur le territoire de la République. Nous avons pris l'habitude de parler des évènements de nos banlieues...
Banlieues : un nom qui sent l’odeur des voitures et des pneus carbonisés, qui résonne des bruits secs des tirs à blanc et des tirs à balles réelles, des coups de matraque ou de jets de pierre… Banlieues : un mot pour dire la ségrégation…Un mot pour se faire peur ? Plans-banlieues : expression pour dire le volontarisme des politiques publiques ? Vaulx-en-Velin résumerait la situation. L’imaginaire collectif en a fait un lieu repoussoir, un territoire de non-droits, une zone… Prenons le contrepied de cette posture : Vaulx-en-Velin ne veut plus être une banlieue ! Elle veut être une ville ! Osons : Vaulx-en-Velin est une ville nouvelle.
Sommaire
1. Vaulx-en-Velin au gré des modifications de la géographie administrative et des crues du Rhône (13e-milieu 19e)
1.1 Appartenances successives
1.2 Vaulx et le Rhône
1.3 Vaulx-en-Velin : une commune rurale
2. De l’industrialisation aux émeutes (1918-1990)
2.1 Décollage démographique, industrialisation et urbanisme (1918-1935)
2.2 1955-années 80 : explosion démographique, urbanisme et crise du textile
2.3 Maux de vie : les émeutes
3. Des années 90 à 2008 : les années de la reconstruction
3.1 Vaulx-en-Velin, laboratoire de la politique de la ville
3.2 Quelques projets d’envergure
3.3 Un équilibre fragile : la vie à Vaulx vue par les Vaudais
Bibliographie Banlieues de France
1. Vaulx-en-Velin au gré des modifications de la géographie administrative et des crues du Rhône (13e-milieu 19e)
Vaulx-en-Velin, qui connaît son passé ?
Suivez le guide pour ce voyage dans l’histoire : où l’on apprend que Vaulx a navigué au gré des accidents historiques et des crues du fleuve entre seigneurie de Montluel, Dauphiné, royaume de France et les départements de l’Isère et du Rhône ; où l’on découvre que Vaulx et Villeurbanne ont une histoire commune ; où l’on regarde vivre une commune rurale…
1.1 Appartenances successives
Jusqu’en 1320, Vaulx-en-Velin dépendait de la seigneurie de Montluel et appartenait à la Bresse. De cette époque datait le “Château-Vieux” disparu selon toute vraisemblance à l’époque de la Révolution.
Mais en [*1320*], une violente crue du Rhône change la position de Vaulx par rapport au fleuve. Située jusqu’à lors sur la rive droite, Vaulx passe sur la rive gauche. Le Rhône qui coulait au sud change de lit et finit par passer au nord de la commune. Cet ancien tracé du Rhône au sud de Vaulx a laissé une rivière : la Rize.
Cette modification géographique a une conséquence immédiate : Vaulx se retrouve alors sur les terres des Dauphins de Vienne ! La situation est officialisée lors d’un échange de terres entre Jean de Montluel -ancien seigneur de Vaulx- et les Dauphins.
Alors que l’Europe et le royaume de France sont décimés par la Peste Noire, en 1349, le village de Vaulx passe aux mains du roi Charles V, qui l’a acheté au Dauphin Humbert II, ruiné. Vaulx fait son entrée dans l’histoire de France.
Sautons quelques siècles et retrouvons Vaulx-en-Velin au 17è, date de son intégration à la communauté administrative de Villeurbanne.
A cette époque, on dénombre 4 demeures seigneuriales :
– Château-Vieux sur l’île de Neyon
– le château delphinal au bourg
– le manoir Biffardi (Bouchetresse)
– le manoir de Roussignol
Nouvelles modifications administratives avec la Révolution : en 1790, Vaulx-en-Velin devient une commune du département de l’Isère nouvellement crée.
Mais l’acte de naissance de Vaulx-en-Velin en tant que commune indépendante c’est 1797, lorsqu’elle se sépare de Villeurbanne.
Enfin, à partir du 24 mars 1852, Vaulx-en-Velin n’est plus rattachée à l’Isère. C’est l’intégration au département du Rhône tout comme Villeurbanne, d’ailleurs. A la même époque, La Guillotière et Vaise sont rattachés à Lyon.
1.2 Vaulx et le Rhône
Une longue et difficile histoire s’écrit entre Vaulx et le Rhône. [*Une histoire de crues, d’endiguement, de terres inondées et parfois perdues*].
C’est le cas en 1698, lorsqu’une crue exceptionnelle raye de la carte 62 ha de terres vaudaises. Ce qui déclenche la venue du Commissaire royal car les représentants de la commune se plaignent d’impositions trop lourdes. L’officier établit alors un recensement des feux et conclut à la pauvreté de la localité.
Le 18è siècle ne fut pas plus tendre. Les plus importantes crues ont lieu en 1711, 1756, 1778 et 1789.
On connaît mieux les colères du fleuve majeur au 19è siècle. Qu’il nous suffise de citer les inondations de 1840, 1845, 1846 et 1856.
Pour tenter d’endiguer les eaux du Rhône, un premier projet de canal de dérivation, de Jonage à la Guillotière, est esquissé sous Napoléon. Mais la chute du Premier Empire entraîne l’abandon du projet pour ne réapparaître qu’à la fin du 19è siècle.
La construction du canal sera réalisée entre 1894 et 1899. [*Le canal de Jonage était né*]. La prise d’eau du canal se fait à Jons près de Jonage à 14 kilomètres au nord-ouest de Vaulx-en-Velin. Sa longueur est de 15,6 kilomètres, et il se déverse dans le Rhône après un passage dans l’usine de Cusset. Le Rhône a été finalement domestiqué pour le plus grand bonheur des Vaudais.
Vaulx-en-Velin est donc entourée de marais et de marécages où peu de cultures sont possibles. Le brouillard et la pestilence des cultures de chanvre font le reste : Vaulx est un lieu d’habitation au climat malsain, pauvre tout au long de l’Ancien Régime et du 19è siècle.
C’est ce qui explique certainement le faible décollage démographique constaté entre 1698 et 1901.
En effet, à la fin du 17è siècle, Vaulx compte quelques 1 000 habitants (mais elle est associée à Villeurbanne). En 1801, soit plus d’un siècle après l’état des feux de 1698, on dénombre 691 vaudais. Si entre 1801 et 1850, on note une reprise, entre 1850 et 1901, la commune de Vaulx-en-Velin ne se développe guère ; elle passe de 1231 à 1251 habitants répartis en 7 hameaux dispersés sur tout son territoire.

Vue aérienne usine de Cusset (Cliché d.r)
Sur l’histoire de la construction du canal de Jonage, voir notamment ce bel ouvrage de photographies : La construction du canal de Jonage, Alain et Denis VARASCHIN, (La Luiraz)
1.3 Vaulx-en-Velin : une commune rurale
Vaulx-en-Velin, ce sont plus de 1 000 paysans en 1873 qui produisent des légîmineuses vendues essentiellement à Lyon.
Au début du 20è siècle, on trouve des champs de blé, de seigle, d’avoine, de trèfle et de luzerne.
On dénombre également quelques vaches qui paissent sur les îles, des chevaux et des mulets. Mais au total, il s’agit surtout d’une polyculture de subsistance. La surface agricole utile est de 1784 ha au début du 20è siècle, soit la quasi totalité de la superficie de la commune.
Bibliographie de l’histoire vaudaise
Il n’existe pas d’ouvrage de synthèse consacré à l’histoire de Vaulx-en-Velin. On le regrette ! Néanmoins, on peut trouver des pistes chronologiques sur le site de la mairie de Vaulx : Ville de Vaulx-en-Velin.
L’on trouve néanmoins une première synthèse qui court jusqu’en 1979 dans la Grande encyclopédie des communes de Lyon et du Rhône, dir. André PELLETIER (Horvath). Nous avons puisé les dates-clés de l’histoire de Vaulx dans cet ouvrage, qui diffèrent légèrement de la chronologie proposée sur le site de la mairie.
Pour les liens entre Villeurbanne et Vaulx-en-Velin à l’époque révolutionnaire, on peut consulter notamment Villeurbanne et la Révolution française, Dominique AUBRY, (MLIS Ville de Villeurbanne).
Pour la vie à Vaulx-en-Velin au 17è siècle, vous pouvez consulter Villeurbanne et son canton, Théodore OGIER, (Les éditions du bastion).
Vous pourrez aussi tirer profit des ouvrages suivants :
- Dictionnaire du Dauphiné, Guy ALLARD, (Slatkine reprints)
- Nouvelle histoire du Dauphiné, Jean FAVIER, (Glénat)
2. De l’industrialisation aux émeutes (1918-1990)
Et puis vint le temps de la mue au sortir de la Première Guerre mondiale et l’industrialisation galopante des années 20. Tout s’accélère pendant les années 50 à 70 avec une question : comment Vaulx-en-Velin a-t-elle vécu les fameuses Trente Glorieuses ?…Une explosion démographique rapide, un urbanisme et des constructions qui sortent de terre dans la précipitation. Et puis à l’aube des années 90,le choc : les émeutes…
2.1 Décollage démographique, industrialisation et urbanisme (1918-1935)
Après la guerre de 14-18, l’on note un net accroissement de la population. Quelques chiffres :
1916 : 1315 habitants
1926 : 3745 habitants
En 1925, les Soieries Artificielles du Sud-Est implantent une usine de fils textiles synthétiques au sud de Vaulx-en-Velin, dans le quartier de la Côte. Cette usine change rapidement de nom, en 1935, et devient Textiles Artificiels du Sud-Est : la TASE.
Avec l’usine s’édifie tout un quartier bientôt appelé “quartier de la soie”. Les propriétaires de l’usine font construire des écoles, une église, des jardins ouvriers. Mais surtout, les “Petits cités” sont édifiées : ces pavillons sont réservés aux cadres et aux chefs d’équipes. A côté de cela, Les “Grandes cités” apparaissent : 20 immeubles d’habitat collectif pour les ouvriers et les manoeuvres.

Un type de maison individuelle (Cliché Franck-Olivier Kodjo, GrandLyon)
En 1926, la TASE emploie 900 personnes alors qu’en 1935, en pleine croissance, elles sont déjà 3 000.
De nombreux [*immigrés italiens, polonais, russes, espagnols dans un premier temps puis originaires d’Afrique du Nord*] dans un deuxième temps viennent constituer une partie croissante des personnels.

Les cités TASE entre l’avenue Salengro et la rue Louis Blanc (cliché Stéphane Autran, GrandLyon)
2.2 1955-années 80 : explosion démographique, urbanisme et crise du textile
Dans les 15 premières années, Vaulx-en-Velin va multiplier par 2 sa population. En 1954, on dénombre 9 630 habitants alors qu’en 1968, nous trouvons déjà 20 726 vaudais ! Plus encore entre 1968 et 1975 : la population s’accroit de 85% en l’espace de 7 ans ! On passe de 20 726 à 37 866 habitants. La tendance à l’accroissement se poursuit dans la période suivante mais sur un rythme moins effréné, puisqu’entre 1975 et 1982, la ville ne gagne que 6 200 habitants (44 160 en 1982). Et puis c’est la stagnation jusqu’en 1990 à 44 174. Et la chute constatée au recensement de 1999 : – 5 000 habitants.
Afin de loger ces nouveaux vaudais, les premières constructions sont des pré-fabriqués qui accueillent des rapatriés d’Algérie, des immigrés venus de toutes les régions d’Afrique du Nord, d’Afrique noire et bientôt d’Asie. Puis vint le temps de la Zone à Urbaniser en Priorité de Vaulx-en-Velin, construite à partir de 1970 suite à une décision datant de 1969. En 10 ans, 8 300 logements sont érigés sur plus de 200 ha. La ZUP, ce sont les quartiers du Mas du Taureau, Noirettes, Grolières, Pré de l’Herpe, Pot Carron, Grand Vire, Vernay, Verchères, Ecoin S/ la Combe, Thibaude des Sauveteurs-Cervelières etc…
Vaulx-en-Velin dont une partie de la population vit grâce à la TASE va bientôt être atteinte par la crise du textile. Après être devenue Comptoir des Textiles Artificiels (CTA) en 1955, puis Rhône Poulenc Textile (RPT) en 1971, l’ancienne usine de la TASE ferme définitivement ses portes en 1980… Vaulx-en-Velin qui s’est développée autour de ce pôle du textile artificiel subit de plein fouet le chômage.
Quelques chiffres produits par l’INSEE concernant l’évolution démographique INSEE
Pour ce qui est du développement, industriel, voir Lyon ville industrielle, Michel LAFERRERE, (Presses Universitaires de France) : c’est un ouvrage ancien mais qui permet de replacer dans son contexte le développement des fibres textiles artificielles.
Quelques éléments épars également dans Les dynasties lyonnaises, Bernadette ANGLERAUD et Catherine PELISSIER, (Perrin)
L’urbanisme de Vaulx-en-Velin : pour replacer l’urbanisation de Vaulx-en-Velin dans son contexte, vous pouvez consulter :
- L’histoire de l’architecture française, François LOYER, (Editions du patrimoine)
- Histoire de l’architecture et de l’urbanisme à Lyon au 20e siècle, Alain VOLLERIN, (Mémoire des Arts)
Pour le Rhône, Le CAUE69 (Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement) a publié un ouvrage concernant la maison individuelle, Le Rêve de la maison, faisant suite à l’exposition éponyme. Cet ouvrage replace la problématique du logement individuel dans une perspective territoriale élargie. C’est un excellent complément pour la compréhension du problème du mitage, de la densification urbaine dans l’est lyonnais notamment.
Vous trouverez une bibliographie complète concernant la problématique des grands ensembles dans Faire l’histoire des grands ensembles, Annie FOURCAUT, (ENS Editions). La même équipe de chercheurs a posé le problème à l’échelle mondiale avec Le monde des grands ensembles, Annie FOURCAUT, (ENS Editions)
Sur l’analyse de la situation vaudaise voir par exemple :
- Le Progrès 23 novembre 1998
- Le Monde 13 octobre 1999
- Le Monde 16 janvier 2008
Une analyse fine du rapport des populations immigrées à l’espace urbain est produite dans La ville des autres, Azouz BEGAG, (Presses Universitaires de Lyon) ainsi que L’immigré et sa ville, Azouz BEGAG, (Presses Universitaires de Lyon)
2.3 Maux de vie : les émeutes
Il n’est pas dans notre propos de raconter par le détail le film des émeutes des 7 et 8 octobre 1990 au Mas du Taureau. Pour cela nous renvoyons aux volumes des dossiers de presse constitués par la bibliothèque. Disons néanmoins que cela débute – classiquement, pourrait-on dire – par la mort controversée d’un jeune homme à moto. Puis c’est le déchaînement de la rage et du désespoir.Voyons ces émeutes comme l’expression d’un mal-être profond et d’une crise de société.
Pour la chronologie des émeutes, vous pouvez consulter les volumes des dossiers de presse consacrés à l’évènement et à la vie à Vaulx-en-Velin entre 1978 et 1992.
3. Des années 90 à 2008 : les années de la reconstruction
Le choc justement, la colère d’abord et puis la mobilisation des énergies pour la reconstruction. Vaulx, en banlieue, qui devient le symbole de la politique – naissante – de la ville , Vaulx le laboratoire des expérimentations in vivo à chaque nouveau soubresaut urbain…jusqu’à l’annonce du prochain “plan banlieue” -décidément on n’en sort pas…
3.1 Vaulx-en-Velin, laboratoire de la politique de la ville
Les émeutes de 1990 ont précipité la création d’un ministère de la ville, acté le 21 décembre 1990 avec la nomination, par François Mitterand, d’un ministre d’Etat chargé de la politique de la ville : Michel Delebarre.
Mais cette création avait été précédée de l’installation de la Délégation Interministérielle à la Ville (DIV), de la création, en 1983, d’une mission Banlieue89 autour de l’architecte Roland Castro, de la mise en place du Développement Social des Quartiers (DSQ) amenant la signature de conventions pour la requalification des quartiers. Car comme l’affirmait Roland Castro le 11 octobre 1991 au journal Le Monde : la “question sociale” est devenue la “question urbaine”. Autrement dit la politique de la ville existait avant 1990…
Vaulx-en-Velin a donc bénéficié des différents types de procédures. C’est surtout la ZUP qui a été ciblée. Pour un descriptif des différentes opérations, voir le site de la mairie de Vaulx-en-Velin.
Dernièrement, l’objectif affiché par la mairie est de : “reconstituer un centre ville fédérateur dont le rayonnement doit contribuer d’une part à estomper les clivages entre les différents quartiers de Vaulx-en-Velin, d’autre part à renouveler l’image de la cité…”
Politique de la ville, orientation bibliographique
- Ministère de la ville
- Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine
- Banlieuescopies, phase de préfiguration, Betsam ESSASSI, (Comité d’évaluation des politiques publiques dans les banlieues)
- Banlieues, villes de demain, Hélène HATZFELD, (Editions du CERTU)
3.2 Quelques projets d’envergure
Pour cela, plusieurs projets sont mis en oeuvre.
Laissons-nous aller à un inventaire à la Prévert des opérations de requalification urbaine…
Prenons par exemple le quartier de la Grappinière dans la ZUP : dès 1981, un centre social est installé car la Grappinière est déjà un quartier difficile à la fin des années 70. Au fil du temps, une crèche, une ludothèque sont installées, l’aide scolaire est développée. Du côté de l’urbanisme, des barres d’immeubles ont été détruites : ce qui a permis la construction d’une rue ouvrant sur le bourg.
Autre opération d’envergure qui permet une requalification du centre de Vaux-en-Velin : la disparition du Grand Vire… Construit en 1974, le centre commercial de 18 000 mètres carrés a vu ses grandes enseignes disparaître une à une : d’abord Ikea en 1986 puis Auchan en 1992. Le Grand Vire a été rasé en 2000. Du coup cela a permis une restructuration du centre avec cette idée d’en faire un véritable pôle urbain du centre-ville. Des magasins ont été installés au rez-de-chaussée de petits immeubles. Un Casino s’est monté en 1997 dans le centre de Vaulx.
L’opération du quartier de la Soie

Vue aérienne du quartier de la Soie en 2005 (Cliché GrandLyon)

L’opération “Carré de soie” (Cliché Grand Lyon)
Inscrit dans les Grands Projets de Ville, cette restructuration concerne essentiellement les communes de Vaulx-en-Velin et de Villeurbanne. Il s’agit de faire naître un nouveau pôle urbain associant des logements, un pôle de loisirs culturels et sportifs et des services. Et de désenclaver ce quartier.
A terme, le Carré de soie, c’est son nom, devrait notamment accueillir 200 000 m² de bureaux. Les premiers éléments mis en place ont été : l’arrivée du tram T.3 et le prolongement de la ligne A du métro. Vaulx-en-Velin est maintenant pleinement reliée au Grand-Lyon !
Mais si les opérateurs publiques de la politique de la ville affichent leur volontarisme, le secteur privé n’est pas en reste depuis quelque temps*]. Différents promoteurs immobiliers se sont installés à Vaulx-en-Velin et vendent sans difficultés leurs appartements. L’un d’entre eux a vendu plus de 80% de ses logements neufs en trois jours en octobre 2007 !
C’est que Vaulx-en-Velin a une belle carte à jouer pour l’avenir : l’engorgement de l’ouest lyonnais, les prix de l’immobilier à Lyon poussent la population de plus en plus en périphérie de l’agglomération, et notamment dans les villes de la couronne Est…
A l’arrivée, cet investissement privé aura comme conséquence une diminution du nombre de logements sociaux dans la ville (aujourd’hui encore 60% ? La mairie voulant rapidement atteindre les 40%).
Pour cette restructuration du “quartier de la Soie”, voir GrandLyon, également le numéro de février 2008 d’Actions, politique de la ville et cohésion sociale, (Préfecture du Rhône), mais aussi le numéro de février 2008 du Courrier des maires et des élus locaux (Moniteur)
3.3 Un équilibre fragile : la vie à Vaulx vue par les Vaudais
Changer l’image de Vaulx en détruisant, reconstruisant… Mais qu’en pensent les Vaudaises et les Vaudais ?
Les témoignages publiés récemment dans les médias sont partagés, mitigés : si les interviewés sont d’accord pour dire que la ville a changé et que des améliorations ont été apportées, il n’en reste pas moins qu’ils mettent en avant les difficultés de la vie quotidienne : incivilités, fins de mois difficiles, mais aussi discriminations à l’embauche vécues par les jeunes notamment… Voir notamment Le Progrès du 22 janvier 2008
Vaulx-en-Velin sort donc d’une longue période de difficultés ; elle est pour ainsi dire en convalescence prolongée. Cherchant à se créer une nouvelle image, elle se restructure sous l’effet du volontarisme des institutions publiques -Etat et collectivités locales- mais aussi du secteur privé et des associations. N’en déplaise à l’imaginaire collectif, Vaulx n’est plus, après plus de 15 ans d’efforts, une banlieue ! C’est une ville du Grand Lyon.
Bibliographie Banlieues de France
La bibliographie est pléthorique, néanmoins la lecture de ces ouvrages devraient vous permettre d’appréhender de manière originale le sujet :
- Pour débuter, la mise à jour d’un classique des Que Sais-Je ? : La crise des banlieues, Jean-Marc STEBE, (PUF)
- Un ouvrage qui éclaire l’histoire des banlieues dans une perspective comparatiste, pour sortir des problématiques franco-françaises : Les banlieues, des singularités françaises aux réalités mondiales, Hervé VIEILLARD-BARON, (Hachette)
- Une perspective historique qui pose la question de la banlieue -parisienne-au 19è siècle par un chercheur américain de réputation internationale : Aux marges de la ville, John H. MERRIMAN, (Ed. du Seuil)
- Une étude de la ségrégation sociale dans les banlieues aux Etats-Unis et en France : Ghettos américains, banlieues françaises, (La Découverte)
- Pour en finir avec les grands ensembles, (Banlieues 89)
- Plus classique, Amère banlieue, Agnès VILLECHAISE-DUPONT, (Grasset)
- Un excellent ouvrage, novateur, sur la représentation sociale de la banlieue dans un art populaire La banlieue de Paris dans la bande dessinée, Isabelle PAPIEAU, (L’Harmattan)
- La réflexion du Monde Diplomatique, toujours très stimulante, sur la “question urbaine” : Banlieues, trente d’histoire et de révoltes, (Le Monde Diplomatique)
- Un cas particulier : Le devenir des banlieues rouges, Marie-Hélène BACQUE, (L’Harmattan)
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