Chasseurs d'images.

La Fureur de Vivre

Photographe : Georges Vermard, 1962.

- temps de lecture approximatif de 3 minutes 3 min - Modifié le 12/12/2017 par dcizeron

C’était à Lyon, au Théâtre des Célestins, un 29 décembre 1962. Ce soir-là, Johnny Hallyday chanta I got woman, à genoux devant sa guitare ; il mimait la scène finale de La Fureur de vivre.

Johnny Hallyday sur scène, Georges Vermard, Bibliothèque municipale de Lyon / P0702 B03 15 141 00003
Johnny Hallyday sur scène, Georges Vermard, Bibliothèque municipale de Lyon / P0702 B03 15 141 00003

Dans les ultimes jours de décembre 1962, Johnny Hallyday vient pour la seconde fois de l’année civile à Lyon. La première visite, le 31 mars, à l’occasion du bal du Syndicat général des instituteurs, avait donné lieu à un concert au Palais d’Hiver. Concert qui avait soulevé des mouvements de foule et mis en « transes » la jeunesse présente dans la salle. La presse, dubitative, ne s’était pas montrée très éloquente ; et les menus articles parus étaient en outre plutôt critiques. On lit ainsi le lendemain dans l’Echo-Liberté :

« Certes, ce n’est pas la qualité du « numéro » Hallyday qui peut expliquer son succès. Sans les cinq bons musiciens que sont les  « Golden Stars », il n’y aurait plus rien qu’un grand garçon blond sympathique qui se démène et crie dans un micro. C’est peu ! »

Un 1er avril – sans blague. Il faut dire que le « grand garçon blond sympathique » est surtout connu pour les incidents qui parsèment ses concerts et un jeu de scène sulfureux.

Neuf mois plus tard, la couverture médiatique est bien différente ; un véritable phénomène de société est né. La venue de Johnny fait les gros titres et le chanteur a même l’honneur d’une réception au Progrès. Bernard Frangin dans l’Echo-Liberté reconnaît, sans pour autant aimer, que tout n’est pas à jeter dans la prestation du rockeur. Qu’est-ce qui a changé ?

un disque d’or,

des centaines de date à travers la France,

trois semaine ininterrompues à L’Olympia

la révélation du « mashed potatoes », cette danse aussi ridicule qu’éphémère où il s’agit d’écraser avec les pieds des pommes de terres brûlantes.

Un concert rocambolesque

Charles Gantillon, directeur des Célestins et Roger Lamour, directeur d’un Palais d’Hiver réduit en cendres un soir d’octobre 1962, offrent un cadeau de fin d’année à la jeunesse lyonnaise : une série de concerts de leur idole. Plusieurs tours de chants, en matinée et en soirée, sont prévus entre le 28 décembre et le 1er janvier 1963.

Le soir du 28 décembre, la foule se presse dans la salle… mais seuls les chanteurs de la première partie viendront. Johnny Hallyday est bloqué sur la route entre Avignon et Lyon. Un grave accident à Donzère, provoqué par le verglas, a créé un embouteillage. Rendez-vous le lendemain.

En coulisse, Georges Vermard, Bibliothèque municipale de Lyon / P0702 B03 15 141 00002.

Dans la journée du 29 décembre, Johnny Hallyday est accueilli au Progrès pour une signature et salue du balcon une rue de la République noire de monde. Puis il file aux Célestins pour donner, enfin, son récital. La folie gagne les abords du théâtre et c’est sous bonne escorte que le chanteur se fraie un passage jusqu’à l’entrée des artistes. Après 103 minutes de show, il repart en camion cellulaire à destination d’une résidence dont l’adresse est restée secrète. Johnny Hallyday quitte Lyon dans la journée du 2 janvier, après un dernier concert, sans prolonger son séjour.

De la musique aux Célestins

La présence de Johnny Hallyday aux Célestins n’est pas due aux seuls malheurs du Palais d’Hiver. La musique a eu une place sur la scène du théâtre municipal. Entre 1906 et le début des années 1930, les spectacles musicaux représentent plus de la moitié de la programmation. Il s’agit essentiellement d’opérettes, Charles Montcharmont, alors directeur était un impresario spécialiste du genre. Des ballets, des concerts, des revues sont aussi données ; Charles Montcharmont attire entre autres les grandes vedettes du music-hall : Joséphine Baker, Mistinguett, Maurice Chevalier…

Charles Gantillon, qui succède à Montcharmont, va remettre progressivement le genre dramatique au cœur de la programmation des Célestins. Il appartient à cette génération des promoteurs d’un théâtre nouveau, militant comme Jean Vilar, Roger Planchon, Jean Dasté… Toutefois Les Célestins continuent d’accueillir, après la guerre de 1939-1945, quelques chanteurs, et non des moindre, comme Léo Ferré ou Edith Piaf.

Pour plus d’informations concernant la musique au Théâtre des Célestins, vous pouvez consulter l’exposition en ligne : Airs du temps et/ou découvrir notre exposition, à la bibliothèque municipale de La Part-Dieu, du 5 décembre 2017 au 17 février 2018.

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2 thoughts on “La Fureur de Vivre”

  1. Chouquette Josephine dit :

    Merci pour ces photos magnifiques ! Attention, il y a un souci d’orthographe ou une coquille géante car Hallyday s’écrit avec deux Y….

    1. David CIZERON dit :

      Bonjour, la correction est faite ! D’autres photographies du même concert sont disponibles sur la base Photographes en Rhône-Alpes

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