L’Info retrouvée

La Martinière des jeunes filles instaure un enseignement de « ménage »

- temps de lecture approximatif de 2 minutes 2 min - Modifié le 20/09/2021 par Laurent D

Cette rubrique propose de revenir sur des événements survenus à Lyon et dans la région au cours des deux derniers siècles, dans les domaines les plus divers, à travers un article de la presse locale de l’époque, une photographie, ou une illustration

Ecole de la Martinière des filles. Jules Sylvestre. BML
Ecole de la Martinière des filles. Jules Sylvestre. BML

19 mai 1907, les nouveaux bâtiments de la Martinière des jeunes filles sont inaugurés par le président de la république, Armand Fallières, en visite officielle à Lyon pour deux jours. Ouverte le 1er octobre 1879, la Martinière des jeunes filles bénéficie depuis peu de l’appellation d’école professionnelle et ménagère. On n’y enseigne le commerce, comprenant la sténographie et la dactylographie, le dessin industriel, la broderie, les robes et confections, l’économie domestique, l’hygiène, etc. L’école a profité de l’agrandissement de ses bâtiments pour intégrer aux anciens programmes leur complément nécessaire « l’enseignement ménager ». En effet, beaucoup de républicains voient une menace dans l’instruction féminine qui tiendrait à affranchir les femmes de leurs fonctions traditionnelles. Avant de garantir le droit des femmes à recevoir un enseignement supérieur, ils entendent sauvegarder la famille qui leur apparait comme le fondement de la société.

Les autorités ont pris place sur l’estrade qui a été dressée sous le préau de l’école. Le président de la commission administrative prononce une longue allocution. Après avoir salué le président de la République, il rappelle le souvenir du major Martin, fondateur de la Martinière des garçons, et celui de Mme de Cuzieu à qui est due la nouvelle école.

Fallières se lève et remercie l’administration de la Martinière de son excellente idée d’enseignement ménager si nécessaire pour former des femmes d’intérieur: « Il est dans le programme du gouvernement de favoriser le sort et le développement de ce type d’établissement. Je vous apporte les félicitations du gouvernement de la république pour avoir mené à bien l’œuvre à laquelle nous nous associons et vous adressons l’hommage de notre reconnaissance. » Le président ajoute « qu’il est très utile d’apprendre aux jeunes filles à faire de la cuisine, mais surtout de la bonne cuisine, la meilleure. »

Ecole de la Martinière des filles. Jules Sylvestre. BML

On peut lire dans la presse locale qui relate l’événement des propos tout aussi enthousiastes : « Nous voulons que nos jeunes filles soient initiées de bonne heure à la bonne tenue de la maison, qu’elles apprennent à parer le logis avec goût, voire même avec coquetterie, qu’elles lui donne cet air de bien être qui coûte si peu lorsqu’on sait s’y prendre afin que sa propriété souriante inspire le désir d’y rester, afin qu’après la journée de travail chaque retour de l’époux soit une fête nouvelle et réconfortante. Nous voulons aussi que nos jeunes filles apprennent la cuisine, non pas la cuisine raffinée des cordons bleus, mais une cuisine saine appétissante et rationnelle, parce que c’est encore là le meilleur moyen de lutter contre l’alcoolisme.»   

 En souvenir de sa visite, on remet à M. Fallières un superbe écran brodé à l’école même.

Sources

 

 

 

 

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