Des tentes pour les sans-logis, à Lyon aussi
Publié le 16/01/2007 à 00:00 - 8 min - Modifié le 12/09/2023 par ameyer
A l'initiative des Enfants de Don Quichotte, des tentes ont été installées mi décembre 2006 le long du canal Saint-Martin pour les sans-logis ; cette action a vite été suivie par de nombreuses villes de province, dont Lyon, où une soixantaine de tentes ont été dressées place Bellecour. Des citoyens lambda, « bien-logés » ont passé dans toute la France quelques heures, une, ou plusieurs nuits sous les tentes, en signe de solidarité.
Récapitulatif
23 octobre 2006 : création de l’association Les Enfants de Don Quichotte par Augustin et Jean-Baptiste Legrand.
2 décembre 2006 : tentative d’installation de tentes place de la Concorde, mais la police refoule les sdf.
16 décembre 2006 : après l’achat de 100 tentes rouges installation à Paris du campement le long du canal Saint-Martin.
25 décembre 2006 : rédaction de la charte du canal Saint-Martin pour l’accès de tous à un logement. La charte sera très vite signée par de nombreuses personnalités.
2 janvier 2007: 17 tentes sont installées à Lyon, place Bellecour, plus tard il y en aura 67. Il s’agit, selon Marine Fourier responsable de l’association les Enfants de Don Quichotte à Lyon, de rendre visible les mal-logés et les sans logis. D’autres villes de province se joignent au mouvement, Strasbourg, Bordeaux, Nice, Orléans, Aix-en-Provence…, plus de 70 tentes sont installées à Toulouse.
7 janvier 2007 : le ministre de la cohésion sociale, Jean-Louis Borloo reçoit des représentants de l’association pour une réunion de travail.
8 janvier 2007 : J.-L. Borloo et sa ministre déléguée Catherine Vautrin annonce la création d’un nouveau plan renforcé d’hébergement prévoyant 27 100 places en 2007 pour héberger de façon pérenne et adaptée et accompagnée si nécessaire, toute personne accueillie dans un centre d’hébergement d’urgence. Les logement proviendront soit du parc public social, soit du parc privé conventionné, d’un CHRS (Centre d’hébergement et de réinsertion sociale),d’un CADA (Centre d’accueil pour demandeur d’asile), d’un LogiRelais, d’une Maison relais ou d’un hébergement de stabilisation. Le gouvernement annonce également la présentation mi-janvier du projet de loi sur le « droit au logement opposable » réclamé depuis plus de vingt ans par les associations.
9 janvier : Augustin Legrand porte-parole des Enfants de Don Quichotte fait part de sa décision de démarrer immédiatement le processus qui conduira à la fin des campements.
Quelques articles pour en savoir plus sur ces événements
Lyon capitale, du 9 janvier 2007, 2 pleines pages : Une nuit place Bellecour avec les sdf
Le Progrès :
— Sdf : les Don Quichotte veulent essaimer en province, article du 30 décembre 2006
— Les Enfants de Don Quichotte investissent la place Bellecour, 3 janvier 2007, pleine page
— Enfants de Don Quichotte : élan de solidarité des Lyonnais, 4 janvier
— Enfants de Don Quichotte : la longue attente sous la tente, 6 janvier , pleine page
— Les Don Quichotte à cheval sur leur charte, 7 janvier
— Enfants de Don Quichotte : le temps de la concertation, 12 janvier, extrait :
« Hier la porte parole du mouvement s’est rendue à la DDASS pour soumettre une quarantaine de dossiers de SDF installés sous tente. Avec l’espoir de déboucher sur des solutions pérennes…..Jean-Pierre Lacroix, préfet du Rhône, a confirmé hier, la mission confiée au Samu social pour dégager une solution appropriée à chacun des SDF installé place Bellecour »
Le Monde, 23 décembre 2006
Portrait : Augustin Legrand Don Quichotte sous la tente
Le Monde, 21 décembre 2006
— Plusieurs dizaines de Parisiens campent désormais chaque soir au côté des SDF
Le Monde, 28 décembre 2006
— Exclusion Catherine Vautrin rencontre les Enfants de Don Quichotte ; les associations rappellent la complexité de l’accueil d’urgence
Le Monde, 10 janvier 2007
— Décryptages débats : une politique pour les exclus
Le Monde, 10 janvier 2007
— Social : les campements mis en place par les enfants de Don Quichotte vont être levés ; de l’accueil en urgence au logement autonome, un nouveau plan en faveur des SDF.
Métro, 4 janvier 2007 :
– Les Don Quichotte s’enracinent à Lyon
L’expansion :
Droit au logement la pression continue de monter
Le Nouvel observateur
— Les nouveaux Robin des Bois, 11 janvier. Un article de 6 pages qui propose une analyse de ce mouvement :
Il débute ainsi : « Qu’y a-t-il de commun entre Augustin Legrand, le très charismatique porte parole des Enfants de Don Quichotte, Nicolas Hulot….et Rachid Bouchareb, le réalisateur méticuleux d’Indigènes ? Ces trois membres de la société du spectacle -un acteur, un homme de télévision, un metteur en scène- ont entraîné la classe politique à les rejoindre dans leur combat. Modernes Robin des Bois, ces trois hérauts ou héros, comme on voudra ont aidé à la prise de conscience de situations inacceptables. En soi le phénomène n’est pas complètement nouveau : Augustin, Nicolas et Rachid sont les enfants de Coluche et de l’abbé Pierre…….
L’article propose aussi et entre autres un interview d’Isabelle Sommier directrice du Centre de recherches politiques de la Sorbonne. Selon elle :
« Notre société est tellement éclatée et la confiance en l’action politique tellement érodée que l’on va approuver d’instinct des individus qui se placent en état de rébellion pour faire reculer l’injustice »…..Les journalistes couvrent ces mouvements avec sympathie, sans faire preuve de beaucoup de recul. Le « bougisme » des médias, leur gourmandise envers les initiatives nouvelles bénéficient à tous les mouvements sociaux…….Je souhaite que s’installe réellement un droit au logement opposable…L’abbé Pierre et Coluche, ces précurseurs, ont obtenu des victoires. Mais ni la pauvreté ni le drame des mal-logés n’ont été résolus. Et, il n’est rien resté de la mobilisation de la rue du Dragon…. Les actions fondées sur l’émotion d’un moment aboutissent rarement dans la durée. Les militants de Droit au Logement le savent, qui n’ont jamais pu dételer. Le choix du nom de Don Quichotte résonne comme un aveu. On est courageux, on lutte pour les démunis, mais on se bat contre des moulins à vent…
Sur le site de l’Association DAL (Droit au logement)
La situation à Lyon
A Lyon, les associations en place réagissent. Voir article du Progrès d’une page du 3 janvier 2007 intitulé : Les Enfants de Don Quichotte investissent la place Bellecour.
Le président de l’association Notre-Dame des sans-abri (association créée en 1950) regrette que l’on mélange la situation parisienne et ce qui se passe à Lyon, l’une des villes les plus réactives à la détresse. Dans un article de Lyon mag de janvier 2007 intitulé « Une attaque indécente » il indique que les salariés et bénévoles du foyer Notre-Dame des Sans-Abri font de l’hébergement d’urgence depuis cinquante-cinq ans, mais aussi de l’accueil de jour, de l’accompagnement administratif, social… Avec plus de 1300 places d’hébergement d’urgence, Lyon est la ville de France qui a le dispositif d’urgence le plus important…Et surtout (selon lui) tous les sans-abri ne sont pas capables du jour au lendemain de retrouver un logement et une autonomie. Ils ont souvent plus besoin d’avoir un suivi social et psychologique avant d’avoir un logement.
Pour l’association ALPIL, Association lyonnaise pour l’insertion par le logement l’action des enfants de Don Quichotte donne « un nouveau coup de projecteur sur les besoins réels et non couverts dans notre agglomération et donne l’occasion d’un nouveau sursaut lyonnais »… L’ALPIL estime que 12 000 ménages (personnes seules, femmes seules avec enfants et couples avec ou sans enfants) sont dépannés par des tiers et que 11 000 personnes sont en habitat temporaire (c’est-à-dire susceptibles de perdre le toit qui les abrite provisoirement) ; sans compter les bidonvilles qui se déplacent au gré des expulsions…
Pour obtenir des informations sur les associations concernées par le problème du logement à Lyon et pouvant fournir accueil aides et conseils, consulter cette liste, sur le site du Conseil Général du Rhône, dans l’ Annuaire des associations
Liste des hébergements d’urgence et des foyers à Lyon, sur le site de la ville de Lyon
Voir aussi : Programme local de l’habitat du Grand Lyon
Une ville pour l’homme : l’aventure d’ Habitat et humanisme, par Bernard DEVERT, éd. du Cerf
Entretiens qui présentent « l’essence de l’agir » de Bernard Devert professionnel du bâtiment, prêtre du diocèse de Lyon et fondateur à Lyon de l’association Habitat et humanisme qui s’est rapidement étendue en France et plus largement encore.
L’action humanitaire occupe depuis longtemps une place importante à Lyon, une action sur le plan local, mais elle abrite également le siège de nombreuses ONG qui oeuvrent pour l’aide internationale aux pays en difficulté. Voir supplément à Lyon-Libération du 18 décembre 1992, Lyon capitale humanitaire
Les sans domicile fixe en France
L’Etat du mal logement en France, rapport annuel 2006
réalisé par la Fondation Abbé Pierre pour le logement des défavorisés ; l’ouvrage se termine par les propositions de la Fondation et par une bibliographie. Le rapport 2007 sortira le 1er février.
L’Express du 11 janvier 2007
— La France des Don Quichotte
« L’opération d’aide aux SDF l’a montré : les citoyens cherchent de plus en plus à s’engager, hors des structures habituelles, en faveur des personnes démunies ». Un article qui propose une enquête sur ces nouvelles solidarités et donne un état des lieux de la pauvreté en France en 2006 :
* 3,6 million de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, selon la définition la plus restrictive retenue par l’Insee. Il y aurait 2 millions d’enfants pauvres selon Martin Hirsch, président d’Emmaüs France.
* 1, 25 million de personnes sont bénéficiaires du RMI (440,86 euros mensuels pour une personne seule), dont 150 000 dans les DOM-TOM……
* 3,2 millions de personnes sont mal ou très mal logées, selon le rapport 2006 de la Fondation Abbé Pierre. 100 000 vivent à l’année en camping ou en mobile home.
* 100 000 sans domicile fixe sont recensés dont 10 000 environ à Paris.
30 % des personnes sans domicile fixe ont un emploi.
L’urgence de la misère : SDF et SAMU social, par Stéphane RULLAC, les Quatre Chemins
A la lumière de la nuit l’auteur s’interroge sur le sort des sans-abri dans notre société. Il nous emmène la nuit, au cœur de la ville. Nous découvrons le travail du Samu social au quotidien.
Critique de l’urgence sociale. Et si les SDF n’étaient pas des exclus ?, par Stéphane RULLAC, Vuibert
Edité 2 ans après le précédent ; dans cet ouvrage Stéphane RULLAC considère qu’il faut sortir de la vision misérabiliste dans laquelle on enferme les SDF. S’il existe une socialisation dans la rue, même précaire quelle est la pertinence de la prise en charge sociale de situations chroniques sur le mode de l’urgence ? Cet ouvrage préconise de reconsidérer l’inscription sociale des SDF, leurs stratégies de vie pour vivre hors les murs et l’assistance proposée.
Voir l’article de Wikipedia sur les sans domicile fixe
Voir la bibliographie constituée par l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale
Voir aussi ce Point d’Actu : De la loi Solidarité et renouvellement urbain au Plan de cohésion sociale
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