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S’évader avec le Théâtre de la Colline
Publié le 12/04/2020 à 16:26 - 2 min - par Benoît S.
Les salles de spectacle restent bien évidemment fermées durant la pandémie. Mais, pas de panique, la culture vient à nous. Depuis le début de la crise, on voit ainsi essaimer une multitude d’initiatives qui se sont données pour mission d’enchanter notre confinement.
Au milieu de cet océan d’archives, de concerts privés dans des intérieurs transformés en home-studios ou encore de recette de tarte au citron, une initiative se démarque :
Au creux de l’oreille, dispositif mis en place par le théâtre national de la Colline
Après une brève inscription (gratuite) sur le site web, un ou une comédienne nous téléphone et nous lit des textes de son choix. Si je m’en réfère à ma propre expérience ainsi qu’à celle de mes proches, le répertoire est large : des poèmes d’Alfred de Musset, de Fernando Pessoa, de Christophe Tarkos, de Yannis Ritsos, des extraits de pièces de théâtre de Kate Tempest, de roman de Marie Nimier (lu par elle-même) …
Les textes choisis sont relativement courts mais notre interlocuteur est libre de poursuivre l’échange ou non. La conversation s’engage alors avec beaucoup de simplicité et de bienveillance.
Malgré le confinement, la distance entre les corps, se dessinent ainsi de nouveaux possibles, de nouvelles connections entre les êtres. En effet, ce lien privilégié, intime et donc troublant, se distingue des autres propositions trouvées sur le Web, qui se résument pour la plupart à la mise à disposition de captations en libre accès. Car, ici, il y a un réel partage qui vient prolonger l’expérience de la salle.
« Dans le spectacle vivant, quand vous jouez, le spectateur partage le même espace que vous, dans le même temps. Même si les interlocuteurs sont nombreux, ils partagent leur souffle, la chaleur aussi, l’espace-temps nous réunit. Quelque part, on est dans le même espace du fait que l’intention soit très claire : un échange de personne à personne. L’adresse, l’écoute : grâce à la voix, tout est très incarné jusqu’à l’accident de la lecture, le fait de bafouiller ; c’est irremplaçable » appuie la metteuse en scène, partie prenante du projet, Joséphine Serre dans la revue Uzbek et Rica.
Journal de confinement de Wajdi Mouawad
Et, puisque décidément, j’ai choisi le Théâtre de la Colline comme compagnon de confinement, je ne pouvais pas ne pas vous parler du journal de confinement de Wajdi Mouawad (directeur du Théâtre et auteur-metteur en scène inspiré). A son écoute, nous dérivons au gré de ses réflexions incantatoires et de sa mémoire entre Beyrouth, Paris, Montreal. Entre la guerre civile au Liban, les mythes grecs, les civilisations précolombiennes, les espace-temps se télescopent. Ainsi, cet esprit libre associe les faits, met en perspective les expériences et interroge notre modernité aliénée. « Et, conclue-t-il, nous voici brutalement arrivés au bout des promesses que nous n’avons pas tenues ».
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