Le poids des héros
David Sala
lu, vu, entendu par Clairette - le 14/05/2022
Une très belle histoire de transmission de la mémoire entre les générations, dans laquelle bande dessinée et peinture se confondent subtilement
Roman graphique très personnel et extrêmement touchant, Le poids des héros, évoque la mémoire des deux grands-pères de l’auteur, Antonio et Josep, à travers les récits qui lui sont parvenus en tant qu’enfant. Deux espagnols républicains exilés en France dans la région lyonnaise à la veille de la Seconde guerre mondiale, devenus de véritables « survivants », figures de la résistance aux dictatures.
Toutefois, plus que les aspects historiques et biographiques, ce sont les sentiments humains que David Sala met en avant dans son récit. Le courage de ces hommes, la force de leurs convictions, mais aussi les valeurs qu’ils ont transmises à leurs enfants puis à leurs petits-enfants.
En leur dédiant cet album qui lui sert d’exutoire, David Sala se déleste d’un poids. En témoigne la citation de l’écrivain Romain Gary choisie comme épigraphe : « Lorsque vous écrivez un livre sur l’horreur de la guerre, vous ne dénoncez pas l’horreur, vous vous en débarrassez. »
En même temps que de tracer le parcours de ses aïeux dans les années 1930 et 1940, l’auteur raconte aussi ses propres souvenirs d’enfance dans le Lyon des années 1970 et 1980.
Les dessins à l’aquarelle, aux couleurs acidulées avec parfois des accents psychédéliques, donnent un aspect irréel au souvenir, avec par exemple l’utilisation surprenante de rose et de bleu pour illustrer la violence, l’horreur et les humiliations des camps de la mort de la Seconde guerre mondiale. On retrouve dans sa palette de nombreuses influences picturales : Chagall, Franz Marc, Emile Nolde ou encore David Hockey, Norman Rockwell pour les scènes d’intérieur.
Poster un commentaire