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Le jardinier et la mort

Guéorgui Gospodinov

Roman d'une grande délicatesse, à la fois intime et universel, Guéorgui Gospondinov peint un splendide hommage à son père.

Avec une grande élégance, le narrateur nous offre le portrait de son père, homme de peu de mots. Dès le départ, il nous prévient que le protagoniste principal meurt. Pour autant, ce n’est pas un roman triste sur la mort et le deuil du père mais un hommage à cette vie de jardinier.

J’aimerais qu’il y ait de la lumière, une lumière d’après-midi, douce, dans ces pages. Ce n’est pas un livre sur la mort, mais sur la tristesse de voir la vie qui s’en va. C’est différent.

Cet homme d’une autre génération, ayant vécu la guerre et un régime autoritaire. Il était de cette génération de pères qui ne disaient pas leur amour. C’était un homme pudique, secret, taciturne. Les sentiments ne se disaient pas. Par contre, il y’a les gestes, les non-dits, les petites attentions et les histoires partagées. Le langage de son père était celui de son jardin.

Le jardin était son autre vie possible, sa voix et tout ce qu’il taisait.

Jardinier dans l’âme, même après la mort, le père du narrateur reste présent par ce jardin et les souvenirs.

Oui, mon père était jardinier. À présent c’est un jardin.

Le narrateur dévoile ces instants avant, pendant et après la maladie. Il se remémore avec précision et douceur les histoires de jeunesse de son père, son premier combat contre la maladie, sa volonté de ne pas inquiéter ces enfants en disant qu’il n y’avait « rien d’effrayant », les petits bonheurs avec sa petite fille…

Et aussi : les mots que j’ai gardés de lui et qui font leur apparition à des moments inattendus, je les brasse dans ma tête des jours entiers. » Tranquillerie  » est l’un des plus beaux.

Après l’ultime diagnostic, les heures hors du temps passent trop vite et trop lentement. Heures où rien ne se dit parce que parfois les mots ne sont pas nécessaires. Le narrateur perçoit différemment le monde et le passé. Par la suite le monde se regarde par le prisme de la douleur, de la terreur et déjà de la future tristesse. Mais par l’écriture, le narrateur revit ces instants pour guérir. Puis il devient à son tour le dépositaire de la mémoire, le conteur de la famille.

Il est partout dans tes livres, dit une amie. C’est lui le conteur de la famille, dit ma femme avec une pointe de provocation. […]
Il pouvait faire de tout une histoire, même du linge qu’on étend.

Ainsi, à la fois universel et intime, ce portrait délicat montre la manière dont les mots permettent d’entrelacer les souvenirs et l’amour, amour qui ne cessera jamais de fleurir.

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