Heart of a dog
Laurie Anderson
lu, vu, entendu par gdamon - le 12/12/2024
Requiem intimiste à une chienne terrier. Grand petit film sur le deuil, l'amour et la fragilité de la vie.
Figure de l’avant-garde new-yorkaise, peintre, pianiste, et néanmoins chienne terrier ratier, Lolabelle fut tendrement aimée par sa maîtresse, l’artiste pluridisciplinaire Laurie Anderson. A sa mort, cette dernière lui consacra un film afin d’accompagner sa traversée du bardo, le lieu intermédiaire menant à nos prochaines renaissances selon le bouddhisme tibétain.
L’exercice pourrait sembler risible si la vie et la mort de la chienne ne suscitait en Anderson de multiples résonances, certaines évidentes – l’enfance, la famille et la difficulté d’aimer, la construction de la mémoire – d’autres, circonstancielles – le 11 septembre et ses suites aux Etats-Unis, la surveillance de masse – d’autres encore secrètes, comme cette présence d’un second deuil derrière celui de Lolabelle, qu’on ne découvre qu’à la dernière minute du film à travers une chanson et une photo.
Pour son livre des morts personnel, Anderson choisit un véhicule épuré : habillage sonore fait de boucles de violons qui a donné lieu à un album célébré, montage d’images privées authentiques ou rejouées, plans fixes d’arbres, lacs gelés… une structure toute en coq-à-l’âne, que seule unifie une voix off omniprésente.
Autrice d’une douzaine d’albums et d’autant de films, l’artiste sait utiliser la musique et le montage. Mais c’est surtout ce récit, bouleversant d’humanité et de pudeur, qui fait de ce film une petite merveille – radicalement expérimental, pourtant jamais inaccessible.
De Laurie Anderson, on connait surtout la chanson « O Superman », hit-surprise des charts UK qui réinventait le vocodeur en 1982. On aurait tort de se priver des multiples facettes de cette touche-à-tout qui s’illustre depuis cinquante ans dans les disciplines les plus variées.
Voir dans le catalogue de la BML
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