Un nouveau musée à Paris
Publié le 18/06/2006 à 23:00
- 
8 min -
Modifié le 30/09/2022
par
Admin linflux
[actu] Quelques précisions [actu]
Voici une occasion de se pencher sur l’histoire de la relation mouvementée que le monde occidental a entretenue avec les œuvres de l’art primitif, dont témoigne encore de nos jours la difficulté à trouver un nom au musée. Successivement « Musée des Arts et Civilisations », puis « Musée des Arts Premiers », finalement « Musée du quai Branly » afin d’éviter toute connotation péjorative.
La rencontre des Occidentaux avec ces œuvres a commencé au milieu du XVe siècle avec les progrès de la navigation, d’abord en Afrique noire, puis aux Antilles, au Brésil et au Pérou. Suivent l’Amérique du Nord, et l’Océanie, aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les premiers contacts des découvreurs avec ces objets produits par une autre civilisation furent le plus souvent désastreux : extermination des populations locales, pillage et destruction des œuvres, soit à cause de la richesse de leurs matériaux, soit à cause de leur statut d’idole.
- Masque (Bénin)
- MOMA – New York (AICT)
Le regard porté sur les objets rescapés a évolué au fil des siècles. Ils furent tout d’abord conservés au XVIe siècle dans les cabinets de curiosités, ancêtres des musées, pour leur étrangeté, au même titre que d’autres objets naturels inconnus : coquillages, minéraux, oiseaux, etc. Au début du XIXe, l’aspect ethnographique est apparu du fait de l’adjonction de scientifiques aux missions d’exploration. A partir de 1851, les expositions universelles montrent les objets coloniaux au grand public, de plus en plus attiré par l’exotisme. A partir de 1905, ce sont les artistes modernes -Vlaminck, Derain, Picasso, Matisse- qui vont aborder l' »art nègre » sous l’angle esthétique, lui accordant le statut d’œuvre d’art. Dans les années 30, les progrès en ethnologie, avec des personnalités influentes -Marcel Griaule, Marcel Mauss, Paul Rivet, Georges-Henri Rivière- affinent le contexte culturel qui préside à l’élaboration des œuvres des arts primitifs.
Les multiples questions qui se posent à l’heure actuelle pour les œuvres venant d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques dépendent de ce passé. Faut-il rendre à leur pays d’origine les objets bien mal acquis ? Dans quelle mesure faut-il mettre l’accent sur leur côté esthétique ou leur aspect culturel ? L’institution muséale à l’occidentale est-elle adaptée pour des productions qui ont un autre sens dans leur milieu d’origine ? Les artistes contemporains doivent-il répondre à la demande du public d’un art figé une fois pour toutes, ou développer de nouvelles formes nourries de la tradition, ou s’inscrire totalement dans un art international dénué de particularismes ?
[actu] Site Internet [actu]
Musée du quai Branly Site officiel du musée
[actu] Livre [actu]
- Arts d’Afrique…
- (Larousse)
Arts d’Afrique, d’Amériques et d’Océanie, par Étienne FÉAU, Pascal MONGNE et Roger BOULAY, Larousse Livre de la collection Comprendre & reconnaître, écrit par trois éminents spécialistes, chacun pour une aire géographique déterminée.
L’ouvrage offre un tour d’ensemble de la question, croisant les points de vue esthétiques, historiques, ethnologiques.
Riche iconographie, cartes et tableaux chronologiques.
[actu] Site Internet [actu]
Ateliers Jean Nouvel Site officiel de l’agence Jean Nouvel
[actu] Livres [actu]
- Musée et muséologie
- (D. Poulot)
Musée et muséologie, par Dominique POULOT , La Découverte Livre de la collection Repères dressant sous une forme concise l’évolution des musées et leurs nouvelles fonctions pour répondre à l’attente du public
Le musée, l’origine de l’esthétique, par Jean-Louis DÉOTTE, L’Harmattan L’ouverture du musée, institution publique, est indissociable de la critique esthétique, de l’histoire de l’art et, enfin, de l’art lui-même, qui, pour la première fois, accède à lui-même, dans la visibilité. En l’exposant, il le sépare d’avec ce qu’il n’est pas : la destination (théologique, métaphysique, politique, etc).
Le Palais des colonies, sous la direction de Germain VIATTE, Dominique FRANCOIS, Réunion des musées nationaux Un livre témoignage sur toute l’histoire du Musée des arts d’Afrique et d’Océanie, l’un des deux musées, avec le Musée de l’Homme, dont les collections constituent le fonds du Musée du quai Branly.
La sculpture nègre, par Carl Einstein, L’Harmattan Paru en 1915, l’un des premiers textes à accorder à l’art africain un statut d’art à part entière.
- Primitivisme dans l’art
- (W. Rubin)
Le primitivisme dans l’art du 20e siècle, sous la direction de William RUBIN, Flammarion Ouvrage collectif faisant le point actuel sur le primitivisme au début du 20e siècle, c’est-à-dire l’intérêt marqué par les artistes modernes pour l’art et la culture des sociétés tribales.
L’art africain, par Jacques KERCHACHE, Jean-Louis PAUDRAT, Lucien STÉPHAN, Citadelles & Mazenod
- L’art du Grand Nord
- (Mazenod)
L’Art du Grand Nord, sous la direction de Jean MALAURIE, Citadelles & Mazenod
L’art océanien, par Adrienne L. KAEPPLER, Christian KAUFMANN, Douglas NEWTON, Citadelles & Mazenod
L’art précolombien, par José Alcina FRANCH, Citadelles & Mazenod Quatre titres de la collection prestigieuse « L’art et les grandes civilisations » de l’éditeur Citadelles & Mazenod, alliant richesse iconographique, qualité de présentation et contenu scientifique.
Magiciens de la terre, Centre Georges Pompidou Première grande exposition en 1989 montrant des artistes non occidentaux sur la scène de l’art contemporain international.
- Africa remix
- (Centre Pompidou)
Africa Remix, Centre Georges Pompidou Sur le même principe, exposition en 2005 regroupant plus de 80 artistes africains ou d’origine africaine.
Partage d’exotismes, Réunion des musées nationaux La cinquième Biennale d’art contemporain de Lyon, sous le commissariat de Jean-Hubert Martin, veut considérer l’art dans un contexte spatial et non historique et se poser la question : est-il encore possible aujourd’hui de rendre compte de l’art vivant avec les seules normes occidentales ?
Partager cet article