Si c'était à refaire
Publié le 16/02/2007 à 00:00
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9 min -
Modifié le 30/09/2022
par
Admin linflux
Les « remakes » existent depuis le début du cinéma et on ne compte plus le nombre de films adaptés de Tarzan, de Frankenstein ou des Trois Mousquetaires. Récemment de nombreux remakes ont fait l’actualité, ainsi : King Kong, Casino Royale, Les Infiltrés, Les Brigades du tigre, l’Ile au trésor…
Certains profitent de moyens techniques ou financiers plus importants, pour d’autres c’est juste la réponse de l’industrie du cinéma au manque de scénarios originaux.
Voici un choix de « remakes » particulièrement intéressants.
Psycho de Gus Van Sant
Psychose d’Alfred Hitchcock
Film d’auteur expérimental avant d’être une entreprise commerciale, le film de Van Sant est une réplique plus qu’un remake, le réalisateur américain reproduisant à l’identique les séquences et les plans du maître britannique. Il n’est pas nécessaire d’avoir vu le premier pour voir le second. Néanmoins le film est avant tout réservé à ceux qui connaissent la version de 1960, puisqu’au cours du récit les comparaisons viennent instantanément à l’esprit. Malgré tout, il est curieux de remarquer a quel point, malgré le procédé, les films sont dissemblables, et au jeu des différences on peut noter le passage à la couleur, quelques plans supplémentaires… Enfin, Vince Vaughn révéle un Norman Bates tout aussi trouble que celui interprété par Anthony Perkins à l’origine.
Le film s’inspire du même meurtrier en série (à savoir : Ed Geine), qui inspira également le film Massacre à la tronçonneuse et ses nombreux « remakes ».
La vérité sur Charlie de Jonathan Demme
Charade de Stanley Donen
Plus qu’un remake du film de Stanley Donen, La vérité sur Charlie est un film expérimental se situant à la frontière entre le film de genre (policier, romance) et l’exercice de style.<
Le récit est avant tout une trame qui permet à Jonathan Demme de rendre hommage à la nouvelle vague française et à un Paris hollywoodien. Charles Aznavour et Agnès Varda font de la figuration, Truffaut est plusieurs fois cité, un hôtel s’appelle Langlois et les personnages roulent en DS Citroën. C’est peut être la faiblesse du film de jouer sur plusieurs tableaux. Malgré tout, le film reste une œuvre agréable à regarder, pleine de fraîcheur et d’inventivité. Mark Wahlberg (avec ou sans béret) est plus débonnaire et moins mystérieux que Cary Grant, mais en revanche l’élégante et sophistiquée Thandie Newton est parfaite et vulnérable à souhait dans le rôle tenu autrefois par Audrey Hepburn.
Assaut sur le Central 13 de Jean-François Richet
Assaut de John Carpenter
On connaît l’admiration que John Carpenter voue à Howard Hawks et, en 1976, lorsqu’il réalise Assaut – son premier long métrage – il s’inspire du Rio Bravo de celui-ci. Trente plus tard, sacrifiant à la mode des remakes, le Commissariat central 13 est à nouveau pris d’assaut. Jean-François Richet, dont c’est le premier film américain, avait déjà réalisé deux films en France auparavant. Il réalise ici une série B parfaitement équilibrée et honnête, sur un sujet classique qu’il remet au goût du jour. A la façon d’un western urbain, les bons sont pris au piège dans un bâtiment délabré alors qu’une tempête de neige sévit à l’extérieur. Le rythme est soutenu, les acteurs parfaits, et les scènes d’action haletantes. Il manque juste ce qui fait la force des films de Carpenter : la mythologie et la critique sociale.
A l’origine de ce projet un producteur, Pascal Caucheteux, qui sera également à l’origine du film De battre mon cœur s’est arrêté.

De battre mon coeur s’est arrèté de Jacques Audiard
[*Fingers*] (Mélodie pour un tueur) de James Toback
La musique peut-elle sauver un homme ? Pour James Toback & Jacques Audiard, la réponse est oui. Le premier a réalisé un film sur le sujet en 1978, le deuxième en a fait une variation trente ans plus tard, qui obtint un grand succès populaire et critique et fut plusieurs fois récompensé.
Au départ, et suite à la proposition d’un producteur, il s’agissait de reprendre un film qui avait fasciné le réalisateur français lors de sa sortie. Le film a permis à Audiard de reprendre des thèmes habituels et d’imposer un ton personnel. Ainsi en passant de New York à Paris, le film devient plus réaliste, moins émotionnel, la narration plus fluide. Le père du héros américain, dominateur et écrasant, devient dans le second cas fragile et vulnérable, le héros français n’est plus un junkie, et le film s’inscrit dans un Paris méconnaissable. Et c’est un fringant Romain Duris qui personnifie ce héros ténébreux et désinvolte en lieu et place d’Harvey Keitel derrière le piano.
L’homme qui en savait trop (1955) d’Alfred Hitchcock
L’homme qui en savait trop (1934) d’Alfred Hitchcock
En 1934 le jeune Alfred Hitchcock tourne en Grande-Bretagne son 23e film avec Pierre Fresnay dans le rôle du français de service, et Peter Lorre dans le rôle de l’ambigu Abbott.
Vingt ans plus tard, Hitchcock a traversé l’Atlantique, est devenu le maître du thriller que l’on sait, et il s’attaque a nouveau à cette histoire d’espionnage. Si dans les deux cas l’histoire finit à Londres, le remake est un film typiquement hollywoodien, plus sentimental. Hitchcock a affiné sa technique, le suspense est plus tenu et les passages de comédie plus efficaces. Cas assez rare de remake par le même réalisateur, cette deuxième version est aussi sa troisième collaboration avec James Stewart après La Corde, Fenêtre sur cour et avant Sueurs froides.

- Kaufman
Body Snatchers d’Abel Ferrara
L’Invasion des profanateurs de Philip Kaufman
L’Invasion des profanateurs de sépulture de Don Siegel
A l’origine un roman de Jack Finney, sur l’invasion d’une petite ville des Etats-Unis par des extraterrestres qui prennent apparence humaine. Sur ce sujet de science fiction assez classique pas moins de trois réalisateurs vont se succéder. En 1956, le premier à l’adapter pour le cinéma fut Don Siegel, qui en plein Macarthysme en fit un film louchant vers les doctrines totalitaires. Vingt ans plus tard, sur le même sujet, Philip Kaufman réalisa une fable écologique et pessimiste sur la différence et l’attrait du conformisme. Enfin, dans les années 90, Abel Ferrara réalisa une troisième version, et en fit une allégorie sur le Sida et l’isolement.
En attendant une nouvelle version avec Nicole Kidman réalisée par Oliver Hirschbiegel, qui devrait sortir l’hiver prochain…
Le remake et l’adaptation CinémAction – n°53, oct 1989
Comme pour chaque édition de Cinémaction, de nombreux auteurs se penchent sur cette pratique cinématographique.
Les remakes sont nombreux et plusieurs forums s’insurgent devant cette pléthore d’adaptations, ainsi sur Fluctuat.net et sur le site DVDrama.




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