Les soeurs Chevalme

Les éternels

Aliénation des racines, aliens des cités : la poésie des éternels

- temps de lecture approximatif de 1 minutes 1 min - par Dalli

Les sœurs Chevalme utilisent un décor urbain naturellement lunaire pour dire "l'autre" (l'étranger) et les héritages coloniaux. Elles photographient, racontent la rudesse et la réitération des parcours migratoires, l'histoire des migrants et de leurs descendants. Elles scénographient leurs portraits ( costumes évoquant les spationautes) sous les feux des lampes torches. Les poses nocturnes sont surnaturelles avec atterrissage sur les toits des cités dans l' ambivalence des départs ou des retours. Le paysage urbain faussement fictionnel abrite de véritables actrices de la vie migratoire. Ici Mayey et Chloé Gbellé apparaissent en découvreuses d’un espace-temps qu’elles n’investiront jamais. Venir d’ailleurs, c'est lui appartenir définitivement, rester de nulle part, c'est être flottant.

Les éternels
Les éternels

La posture de la cigogne

Le tirage photographique sur tissu est un drapeau prêt pour la revendication identitaire, une bannière qui enracine leur présence au coeur des cités. Les références, la perte des origines s’emmêlent et se brouillent. Les éternels (étrangers pour toujours en tout temps, tout espace), déplacés obligés ou volontairement en mouvement, voient leurs socles et colorations culturelles se diluer, se dissoudre et se perdre. Sans ancrage, ils sont ici, captifs des images. La série les relie, acte leur existence et leur condition d’éternels migrants.

Filles et fils de la migration ne s’en affranchissent pas, “extra-terrestre” restent, attendrissant.e.s aussi.

« nous, les oublieux, les aveugles » eux, les oubliés, « passent et ils nous pensent »

Synapses :

Les soeurs Chevalme

Les soeurs Chevalme dans la collection de la BML : Treebadan, Les éternels

Habiter le monde Table ronde organisée avec 9ph

Passer, quoi qu’il en coûte ,Georges Didi-Huberman, Niki Giannari

Penser, c’est dire non, Jacques Derrida

Le malaise dans la civilisation, Sigmund Freud

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