François Deladerrière. Delta, 2014
Publié le 14/05/2022 à 10:48 - 1 min - par ycadet
« Un paysage, c’est avant tout pour moi le décor d’une possible fiction. » François Deladerrière
Dans Delta, cette fiction commence avant la prise de vue. En amont de l’image, deux acteurs sont à l’œuvre, la nature d’abord qui se charge de planter le décor, l’humain ensuite qui dispose les accessoires.
Tout débute par l’action naturelle du fleuve qui après une première phase d’expansion voit son débit ralentir au point de devenir insuffisant pour transporter la matière. Laissée sur le bord du chemin, celle-ci s’accumule et forme les alluvions. Puis, au gré de petites ou grandes catastrophes provoquées par la crue, au gré d’abandons plus ou moins sauvages, en amont ou en aval de celle-ci, vient s’ajouter une autre matière, culturelle cette fois, produite par l’art ou l’industrie humaine.
Retirées, les eaux laissent ainsi derrière elles, éparpillés au hasard, les figurants d’une nouvelle scène, celle que vient saisir le photographe.
Le Delta, par définition, conteste le caractère immuable souvent associé au paysage. Tout y est provisoire et transition. Les photographies de Francois Deladerrière dépeignent avec finesse et ingéniosité les scories de ce paysage fluvial à son embouchure. Le cadrage ou l’angle de prise de vue introduisent une dose de fantastique apocalyptique. Et c’est un tour de force que seule parfois la photographie peut réaliser, celui de nous faire admirer un pneu disloqué comme s’il s’agissait d’un fossile ou un hangar aux allures d’un Parthénon.
Delta est disponible au prêt à l’artothèque.
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