Objets d’une parade cérébrale déjantée
Philippe Pétremant
HIPERMAN
Publié le 05/05/2020 à 10:15 - 2 min - par Dalli
Génie dans la bouteille, main étoilée du dunk, croqueur de dés Mallarméens, activateur neuronal, mage nyctalope, "épitapheur" ésotérique, Monsieur Loyal… Hiperman a la tonalité d’une polyphonie sémantique. L’artiste brouille le regard embrume l’esprit, une façon d’animer l’image réinventée chaque fois que nous posons l’œil dans le sien, à portée de main. Philippe Pétremant joue sur la spacialité du discours et des sens de lectures possibles. Il défait les codes de l’art photographique offrant un « semis de propositions secondaires* »
Si 168 pages sertissent 15 ans de son travail artistique : Sortie de réserve, Rien que pour vos yeux, Les 7 mercenaires …l’artiste revendique ne faire “que de la photographie“, «j’essaie» dit-il, «de la concevoir comme un film ». Pourtant le volume Hiperman compacte oeuvres comme questions : la place du collage, du réel, la pensée via l’image, les codes symboliques hérités et revisités, les locutions implicites, l’esprit, le commun et l’initié. VIATIQUE, l’œuvre montre une grande malléabilité s’adaptant à cultivé comme inculte.
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D’un culte
Prisonnière de la première de couverture, l’image migre sur un tirage à part signé…Le recueil et son (image) échappée sont couronnés d’une épitaphe sur phylactère glorieux. L’artiste y dissimule son identité laissant deviner les lettres manquantes de ses prénom et patronyme. Il revêt ainsi, à une lettre près, la peau de feu le super héro de BD H(y)perman. Est-ce le fantasme rattaché aux real-life super heroes défenseurs de la paix sociale et de la justice. .. une quête chevaleresque de l’artiste? Hyperman s’éteint en 1992 et avec lui, l’énigme de son pouvoir magique. Ci gît le MYSTERE de l’artiste et l’avènement d’un culte (ante mortem).
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Dans l’ombre du peuple des objets surréalistes
Autonomes dans l’essaim, ils se côtoient à distance sur trou noir stabilisé sans se frôler. Ils nous observent, nous singent. Ce pourrait être l’évocation d’une nature morte ou d’un portrait :« on a toujours un visage face à soi, la transformation d’une figure de pouvoir en bouffon du roi » dit l’artiste. Ils actionnent les ressorts des rébus surréalistes avec la promesse discrète d’ “un sabotage du réel” (Raoul Ubac) ou caressent les énigmes visuelles insolentes héritées d’un journal qui offrait « le petit coin de la culture».
Ci-gît donc le memento mori, en fait, une revisitation de l’ars moriendi ( l’art de mourir) et du carpe diem (celui de cueillir le jour) qui rythment les images. S’il adopte la dérision enjouée, l’art du pastiche, un humour aux parentèles dadaïste, surréaliste et Lowbrow, Philippe Pétremant abandonne la clé du sens dans une mise en abîme jubilatoire sur fonds noir. Ci-vit sa CARTE HEURISTIQUE.
Synapses : l’artiste
La galerie Le Réverbère
Hiperman, livre bientôt consultable sur rendez-vous et photographie éponyme empruntable à l’Artothèque
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