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La rebelle du raï Cheikha Rimitti est morte

- temps de lecture approximatif de 7 minutes 7 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

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La « reine du raï » ne faisait pas du raï, elle chantait juste « Sa musique ». Une crise cardiaque a emporté la chanteuse algérienne Cheikha Rimitti le lundi 15 mai à son domicile de la région parisienne, elle avait 83 ans. Deux jours auparavant elle donnait encore un concert au Zénith de Paris. « Elle rayonnait sur la scène du Zénith » lisons nous sur le site de Mondomix. Cheikha Rimitti appelée la mamie du raï, la pionnière du raï, la reine du raï, la référence absolue… disait pourtant en s’emportant : « Qu’est ce qu’ils ont tous à me parler de Raï ? Je fais du Raï moi ? On a pris ma musique et on a appelé ça du Raï ! Je suis la « racine mammaire du Raï » comme ils disent en français ! Je chantais déjà qu’ils n’étaient pas encore nés, eux ! » C’était lors d’un entretien avec Yasrine Mouaatarif pour Mondomix à Paris en décembre 2005, lors de la sortie de son dernier disque : « N’ta goudami » (Passe devant moi, je te suis), ultime défi aux récupérations, qui fait voler en éclats toutes les tentatives d’étiquetage.

Née le 8 mai 1923 à Tessala dans la région d’Oran, elle a adopté le surnom de Rimitti, donné

lors d’une tournée offerte à des admirateurs français, quand elle dît à la barmaid avec accent : « remettez une tournée ».

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n’ta goudami

Elle chante et se produit dans des fêtes depuis les années 40, exprimant le statut de la femme, le quotidien, l’amour charnel, l’alcool…

Cheikha est de la lignée de ces femmes, les Meddahates, groupes de femmes pratiquant à l’origine la louange (medh), et qui, sortant du répertoire religieux, ont ajoutés des prosodies consacrées à la vie quotidienne, à la passion amoureuse ; maîtresses de cérémonies lors des fêtes de mariage, d’anniversaire, les nuits de Ramadan..

Elle arrive à Paris en 1979 où elle anima des soirées dans les cafés.

Lors de l’explosion du raï en Algérie puis en France, elle chante déjà depuis 40 ans.

La génération des chebs s’en est inspiré, reprenant certaines de ses chansons.

Fin des années 90, propulsée « ambassadrice du raï », elle touche un nouveau public.

Cheikha Rimitti chanta pendant un demi siècle son répertoire de plus de 200 chansons.

« Il y a dans le chant de cette femme, une concentration d’éléments divers, de forces multiples, d’images contradictoires, d’époques successives… on est dans la poussière d’un chant qui roule et qui cahote avec cette espèce de puissance dramatique qu’on trouve chez les grandes chanteuses tsiganes… Il faut la voir dans ses grandes robes oranaises, agiter son âge sur les scènes, secouer les années d’existence comme si elle pouvait en tirer la sève pendant des siècles encore… »

écrivait Etienne Bours dans la revue Répertoire lors de la sortie de l’album « Nouar » en 2000 .

Quelques sites internet à visiter :

le site de Cheikha Rimitti
- pour une biographie plus détaillée, une écoute d’extraits de ses disques, quelques photos et quelques liens sur d’autres sites internet.

le site de mondomix
- pour une interview, des reportages, une discographie.

un dossier spécial Cheikha Rimitti
- retour sur les origines du raï et de sa légende, Cheikha Rimitti, par Magali Bergès.

Des hommages à l’annonce de sa mort sur les sites suivants :

Algérie DZ,

Le journal d’Algérie,

Afrik.com,

Le journal El Watan.

Des photos

Discographie de Cheikha Rimitti :

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Nouar

Sidi Mansour, Absolute Records, 1994
- avec le guitariste Robert Fripp (du rai rock !! selon les critiques)

Nouar (Fleur), Sonodisc, 2000
- grand prix de l’académie Charles Cros, à coté des instruments traditionnels on peut entendre la trompette de Bellamou Messaoud, les claviers de M. Mohamed, des guitares.

N’ta goudami, Because, 2005
- voir critique sur

le site Algériades

A signaler aussi :

Aux Sources du raï, IMA
- résumé de concerts à l’institut du monde arabe en 1994.

Et Le meilleur de Cheikha Rimitti, Créon Music
- en 3 cd , réedition d’une collection de 45 tours.

[*Qu’est-ce que le raï ?*]

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l’aventure du raï

Une onomatopée, une interjection, une syllabe, Er raï ! , Ya raï ! qui revient souvent pour combler un oubli textuel, un manque d’inspiration, conclure une envolée lyrique ? un nom qui se traduit par opinion, jugement, libre arbitre ?… Une onomatopée présente dans le refrain d’un air gravé par Cheikha Rimitti qui fut reprise plus tard et traduite par opinion ?

Les explications sur l’origine du mot diffèrent.

Ce terme deviendra l’emblème d’un genre musical chanté, de ce « blues algérien », expression d’un peuple, vecteur de la contestation de la jeunesse algérienne.

A lire

Quelques articles et livres pour comprendre un courant musical qui s’est modifié sous des influences internationales de toutes sortes, perméable à la modernité du moment.

L’entrée Raï, dans le Dictionnaire des musiques et danses traditionnelles de la méditerranée, par Christian POCHE, Fayard
- permet une première approche.

Le raï aujourd’hui : entre métissage musical et worldmusic moderne, par Gabriele Marranci : article p 139-149 de la revue Cahiers de musiques traditionnelles : Métissages
- aborde les derniers développements de la musique raï en France.

Raï : deux ou trois choses que je sais de lui, par Hawa DJABALI, un article sur le site du Centre culturel arabe de Wallonie
- nous propose quelques éléments pour situer et comprendre le raï.

L’aventure du raï, par Bouziane DAOUDI et Hadji MILIANI, Point virgule

Le raï, par Frank TENAILLE, Actes sud / Cité de la musique

La chanson raï, par Marie VIROLLE, Karthala

A voir

Algérie mémoires du Raï, par Djamel KELFAOUI
- Du chant bédouin traditionnel aux Cheb d’aujourd’hui, ce film retrace l’histoire du raï, véritable phénomène de société qui dépasse largement les frontières de l’Algérie.

Voir l’entretien du CMTRA avec l’auteur

[actu][*

§Certaines dates de la tournée de Cheikha Rimitti sont maintenues§

*][actu]
avec des grands noms du raï féminin : Cheikha Rabia, Fadéla et Zahouania, la relève … :

Le 16 juin 2006 : Zahouania

Le 11 juillet 2006 : une soirée hommage

avec Cheikha Rabia et Fadela.

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