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Quand le rock influence le jazz

- temps de lecture approximatif de 12 minutes 12 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

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L’an dernier sortait le très remarqué « Close to Heaven » de l’illustre Orchestre National de Jazz : réinterprétation par un big band des standards de Led Zeppelin. Mené par le vibraphoniste Frank Tortiller, le projet enthousiasma la critique (et nous aussi) mais surtout ré-ouvrit le dialogue entre deux genres musicaux – le rock et le jazz- très souvent mis en opposition dans le monde musical. La sortie récente de « Flower Power » du trio Romano-Vignolo-Trotignon, trois figures du jazz français, enfonce le clou. Le batteur, le pianiste et le contrebassiste, trio de référence en jazz, ré-interprètent des tubes de Pink Floyd, des Doors ou de Dylan. Effet de mode, manque d’inspiration ou nouvelle génération nourrie aussi bien au saxophone de Coltrane qu’à la guitare de Jimi Hendrix ?

Un phénomène pas si nouveau que ça
Le jazz, dès son origine, est fait de multiples emprunts. Aux fanfares, au gospel, aux musiques africaines bien sûr mais aussi il a été le résultat de rencontres avec la musique savante européenne ou les musiques utilisées à Broadway. Dès les années 1960, le développement parrallèle des musiques de jazz et de rock a permis, grâce à la curiosité de chacun, leur confrontation. Ce que l’on appellera soul-jazz (ou cross-over) consistait en partie à « jazzifier » des tubes de pop ou de soul-music. Ces versions instrumentales servaient surtout à ramener le jazz sur les pistes de danse, à un moment où une partie des jazzmen s’aventurait dans des expériences beaucoup plus radicales : le free-jazz. Voici quelques hommages du jazz rendus au binaire :

Stanley Turrentine : Easy ! : plays the pop hits

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On retrouve dans cette anthologie tous les tubes que le saxophoniste tenor Stanley Turrentine a repris durant les années 1960 : des Doors à Burt Bachanach, de Dylan à Laura Nyron en passant par les incontournables Beatles, toute la pop-culture des sixties est ici représentée.

Ramsey Lewis : The greatest hits


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Le pianiste Ramsey Lewis s’est spécialisé dans les reprises pop avec succès. En 1965, il vendra un million d’exemplaires de son interprétation de The « In » Crowd du chanteur Dobie Gray. Suivie par la suite de reprises de Stevie Wonder, Marvin Gaye ou Jan & Dean.

Bernard Purdie : Purdie good / Shaft


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Batteur pour plusieurs stars du jazz dans les années 1960, Bernard Purdie sortira au début de la décennie suivante quelques albums sous son nom où il témoigne de son amour pour la soul-music. On retrouve des reprises d’Isaac Hayes, James Brown et d’Harry Nilsson.

Par la suite la plupart des pointures du jazz s’y sont essayés :

Gil Evans : Plays the music of Jimi Hendrix (1974)


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Un grand orchestre de jazz mené par le maestro Gil Evans reprenant les compositions de Jimi Hendrix. En 1974 le pianiste et chef d’orchestre concrétise un projet qu’il devait mettre en place avec le guitariste prodige juste avant sa mort en 1970.

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Miles Davis : You’re under arrest (1985)

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Manque d’inspiration pour l’un des plus grand jazzmen de tous les temps ? Le trompettiste mondialement connu pour avoir effectué deux ou trois révolutions dans le monde du jazz se permet ici des reprises de Cindy Lauper et Michael Jackson.

Herbie Hancock : The new standard (1996)

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Le pianiste Herbie Hancock, passé par toutes les étapes, témoin de toutes les expériences, pianiste attitré du prestigieux label Blue Note dans les années 1960, fer de lance d’un jazz rock innovant dans les années 1970, crée même la surprise dans les années 1980 en étant à l’origine du rap et de l’electro naissants. Revenu au bop dans les années 1990, il s’autorise tout de même une nouvelle incursion dans le monde du rock avec cet époustouflant album de réinterprétations des standards de Prince, Nirvana, Peter Gabriel ou Sade.

Beatles contre Stones

Dans le domaine des reprises jazz, les Beatles gagnent haut la main le nombre de ré-interprétations de leurs classiques. De là à dire que les compositions de Lennon et McCartney étaient plus swingantes que celles de Jagger et Richards ?

Count Basie : Basie on the Beatles (1969)


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Un album entièrement consacré aux petits gars de Liverpool. Des versions pour grand orchestre que ne renierait pas leur producteur George Martin.

Wes Montgomery : greatest hits (1968)

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Le plus important guitariste de jazz des années 60 réinterprète « A day in the life », « Eleanor rigby » ou « Yesterday ».

Come together : guitar tribute to the Beatles (1993)


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La crème des guitar héros du jazz international s’est réunie pour cet album hommage.

Les Rolling Stones ont quant à eux très peu inspirés les jazzmen. Voici deux des rares réinterprétations de leurs titres :

Charles Fambrough : Stone jazz (2003)
Contrebassiste de McCoy Tyner ou d’Art Blakey entre autres, Charles Fambrough s’associe au batteur Lenny White et au pianiste Mulgrew Miller pour cet album tribute.

Tim Ries : the Rolling Stones project (2005)
Aidé par Keith Richards lui-même, le saxophoniste Tim Ries s’attaque à une dizaine de standards stoniens.

Des albums hommages récents

Exercice souvent périlleux, l’album hommage est d’autant plus difficile lorsqu’il traverse les frontières musicales. Entre jazz et pop, voici quelques réussites de ce mariage contre nature :

Stephane Belmondo : Wonderland (2003)
Le trompettiste Stephane Belmondo, accompagné de son frère Lionel (saxophone), longtemps accompagnateurs de la scène française, sort un premier disque en leader : hommage au chanteur Stevie Wonder.

Nguyen Lê : Purple celebrating of Jimi Hendrix (2002)
Guitariste d’origine vietnamienne, Nguyen Lê mêle ici ses origines musicales à celles de son idole.

Cristof Lauer : Shadows in the rain (2001).
En 2001, le saxophoniste allemand consacre tout un album hommage à Sting et au groupe Police.

John Pizzarelli : Meets the Beatles (1998)
Guitariste et crooner renommé, John Pizzarelli s’essaie lui aussi à l’album hommage. Il donne ici sa version des chansons de Lennon et McCartney.

Le Bocal : Oh no !…just another Frank Zappa memorial barbecue ! (2003)
Collectif Rhône-alpin et fanfare d’allumés, le Bocal rend hommage au plus déjanté représentant de la scène rock : Frank Zappa.

Des artistes réputés pour la chose

Brad Mehldau : reprises de Radiohead, Nick Drake, Paul Simon, Beatles…
Le pianiste virtuose new yorkais a connu le succès autant grace à son art du trio jazz qu’à ses reprises du groupe Radiohead. Après avoir transcendé le titre « Paranoid android » en 2002 sur l’album Largo il récidive à chaque album avec au moins un hommage à ses idoles du binaire.

Bad Plus : reprises de Nirvana, Black Sabbath, Queen, Pixies, Vangelis…
Remarqué par leur reprise décallée du « Smells like teen spirit » de Nirvana, le trio de Minneapolis défraie régulièrement la chronique (jazz) pour des hommages de plus en plus inattendus à des artistes pop.

Petite liste non-exhaustive de reprises récentes de tubes rock : entre curiosités et rencontres improbables…
- Denis Colin : Crosstown traffic (Jimi Hendrix)
- Joshua Redman : Tears in heaven (Eric Clapton)
- Baptiste Trotignon : Love me tender (Elvis Presley)
- Sylvain Luc : Light my fire (Doors)
- Greg Osby : All neon like (Björk)
- Jason Moran : Planet rock (Afrika Bambaataa)
- Stephane Bollani : Norvegian wood (Beatles)
- Martin Medeski : Hey Joe (Jimi Hendrix)

- La revue Jazzman dans son numéro d’octobre 2006 propose un article Björk, une muse pour le jazz. Si on pouvait s’attendre à des reprises de la chanteuse islandaise (qui s’était déjà essayée au jazz avec son album Gling-glo) par ses acolytes chanteuses, on découvre avec surprise de nombreuses ré-interprétations instrumentales.

- A consulter : les sites Covers project et Second hand songs, véritables bases de données se proposant de recenser toutes les reprises musicales existantes.

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