De l'écrit à l'écran
Publié le 26/02/2008 à 00:00
-
19 min -
Modifié le 30/09/2022
par
Admin linflux

Parmi les films présents à la 80e cérémonie des Oscars, plusieurs étaient nominés dans des catégories différentes comme meilleur réalisateur ou meilleur acteur/actrice (également dans un second rôle) ; meilleur scénario adapté ; meilleure photographie ou encore meilleurs décors : No country for old men, Into the Wild, Le Scaphandre et le Papillon, Away from Her, The Assassination of Jesse James by the coward Robert Ford, The Golden Compass, Persopolis, Atonement, There will be blood. Tous ces films ont en commun d’être adaptés de romans.
Voir : site officiel des Oscars

Découvrir les romans ayant fait l’objet d’une adaptation cinématographique pour les Oscars 2008 :

Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme, Cormac McCARTHY, Seuil. Un matin, quelque part dans le désert, à la frontière du Texas et du Mexique, Llewelyn Moss, chasseur amateur, tombe par hasard sur le résultat d’un affrontement sanglant entre trafiquants de drogue. Un carnage : près des voitures aux carrosseries perforées à l’arme automatique, des cadavres, un agonisant, des armes, de l’héroïne, et plus de deux millions de dollars en liquide.
Conscient du danger auquel il s’expose, Moss s’empare quand même de l’argent qui l’aidera certainement à changer de vie et à quitter le camp de caravanes où il végète avec sa jeune femme. Mais il n’est pas le type totalement insensible qu’il semble être. Il reviendra sur ses pas, taraudé par la culpabilité d’avoir laissé un homme mourant derrière lui. Malheureusement, il devra payer cet élan d’humanité au prix fort car c’est sans compter sur l’acharnement de certains à vouloir récupérer ce qui leur est dû. Il va devoir changer de vie car commence alors pour lui et sa femme une longue et folle cavale, de routes désertes en motels minables, de paysages lunaires en villes fantômes, traqués simultanément par un tueur à gages ancien officier des Forces Spéciales, un shérif épris de justice, et surtout un meurtrier psychopathe dont l’arme de prédilection est un pistolet d’abattoir.
Un roman dense et noir, sec comme un coup de trique, aux phrases courtes et dialogues tirés au cordeau, au caractère cinématique dont les chapitres séquencés sont découpés comme un film. Un style âpre et dur comme la terre qu’il décrit.
Un roman qui commence et finit dans le sang et le fracas des armes automatiques, et que l’on referme avec un sentiment de fin du monde, capable d’influencer votre humeur de manière radicale.

No country for old men, film réalisé par Joel et Ethan COEN, avec Tommy Lee Jones, Javier Bardem et Joss Brolin.
Ce road-movie ou western moderne nous entraîne dans la déliquescence du monde contemporain où violence et matérialisme vont de pair, un monde où même la compassion se paie. Les frères Coen sont une fois de plus à la hauteur de leur réputation et nous offrent un film qui restitue magnifiquement l’ambiance haletante du roman. Les comédiens habitent subtilement leurs personnages, on s’attache au héros principal et Javier Bardem est absolument terrifiant.

Expiation, de Ian McEWAN, Gallimard. Grande-Bretagne. En ce brûlant été 1935, les Tallis offrent l’exemple d’une famille parfaitement soudée et heureuse dans leur manoir familial.
La jeune Briony se rêve écrivain et tente de persuader ses cousins en visite de jouer une de ses pièces pour fêter le retour de son frère.
Mais quel est ce malaise qui entoure les relations entre sa sœur Cecila et Robbie, le fils de l’intendante ? Briony va être témoin de scènes qu’elle ne comprend pas et sa réaction naïve et effarouchée face aux désirs des adultes va provoquer une série de malentendus, ruiner la vie de Robbie et changer à jamais celle de Cecilia…
Atonement, film réalisé par Joe WRIGHT et sorti en France sous le titre Reviens-moi, avec Keira Kneightley, James McAvoy, Saoirse Ronan et Vanessa Redgrave.
Cette adaptation est une véritable réussite, les acteurs très justes, la jeune Saoirse Ronan est étonnante en Briony enfant et c’est Vanessa Redgrave qui, dans une unique scène magistrale à la fin du film, reprend le flambeau.
Keira Knightley, après « Orgueil et Préjugés » trouve encore ici un rôle à la mesure de son talent et incarne à merveille Cecilia, jeune fille quelque peu capricieuse au début mais qui, en découvrant ses sentiments, prend sa vie en main. Quant à James McAvoy, si son jeu est plus retenu, il campe un Robbie sensible et convainquant, écorché vif et dépassé par ce qui lui arrive.
Couleurs lumineuses, paysages magnifiques (campagne anglaise, mais aussi la plage de Dunkerque), costumes superbes, bref une réussite !
Pétrole, de Upton SINCLAIR, Gutenberg. Lorsque Daniel Plainview entend parler d’une petite ville de Californie où l’on dit qu’un océan de pétrole coulerait littéralement du sol, il décide d’aller tenter sa chance et part avec son fils H.W. à Little Boston. Dans cet endroit perdu où chacun lutte pour survivre et où l’unique distraction est l’église animée par le charismatique prêtre Eli Sunday, lui et son fils voient le sort leur sourire.

There will be blood, film réalisé par Paul Thomas ANDERSON, avec Daniel Day-Lewis et Paul Plano.
Dans ce très long film, nous sommes plongés au début du siècle dernier, dans un pays en construction, alors que des aventuriers attirés par l’appât du gain partent à la recherche de puits de pétrole. Daniel est un homme dur mais vaillant, un père autoritaire mais aimant. Un terrible accident dont sera victime son enfant (devenu sourd à la suite de l’explosion d’un derrick) le rendra fou de rage et de remords, et le brave entrepreneur se transformera lentement en vil promoteur, cynique, misanthrope, alcoolique et violent qui reniera son propre fils.
Oui, il y aura du sang…

Loin d’elle, de Alice MUNRO, Rivages. Grant et Fiona forment un beau et vieux couple uni et vivent paisiblement, jusqu’au jour où Fiona sombre dans une forme de dépression : elle perd pied, des trous noirs semblent embuer sa mémoire, son monde n’a plus de sens. Atteinte de la maladie d’Alzheimer, son mari est contraint de la placer dans une institution,
Grant, époux si tendre et si paisible depuis cinquante ans, va éprouver les affres de la solitude. Il va se rendre vite compte qu’elle s’est prise d’affection pour un autre résident. Mais par amour pour celle qu’il a si profondément aimée, il décide, le moment venu, de se sacrifier et fera tout pour assurer son bien-être.

Away from here, film réalisé par Sarah POLLEY, avec Julie Christie et Gordon Pinsent.
Point de misérabilisme et de compassion exacerbée dans ce film dont la principale qualité est d’avoir évité l’écueil de traiter la maladie de front. Il nous offre un beau portrait d’homme, tout en finesse et retenue, qui se souvient des bons moments, des souvenirs ensemble, des années passées, de ses errements.
Au fil de ses visites à Fiona et de son propre cheminement introspectif, il va apprendre à vivre avec la solitude, l’éloignement de l’être aimé, impuissant face au mal de Fiona, après tant d’années partagées.
Une chronique douce-amère, émouvante, invitant à profiter de l’instant présent et une très belle image.
Voyage au bout de la solitude, de John KRAKAUER, Presses de la cité. L’histoire vraie de Christopher McCandless (Emile Hirsch), alias Alex Supertramp (comprendre Alex le super vagabond) qui du jour au lendemain quitte sa famille et toute possession matérielle pour partir à la recherche de lui-même au cœur de la nature.
Le cadavre de Chris McCandless est découvert en 1992 dans un bus abandonné en Alaska, au pied du mont McKinley, loin de tout lieu habité. Cadre supérieur à l’avenir sans surprise, il avait décidé de tout quitter et de s’installer pour quelque temps, seul, au coeur de l’Alaska, pour vivre en totale communion avec la nature. Il avait renoncé au rêve américain pour vivre une aventure extrême. Son unique but : avancer seul, face à la nature, afin de retrouver certaines valeurs, que la société moderne a fini par oublier. Il sillonnera le sud des Etats-Unis, subsistant grâce à de menus travaux, avant de réaliser son grand projet. : s
Ce parcours, dramatique, d’un jeune homme qui a voulu vivre jusqu’au bout son impossible idéal, avec une détermination sans faille c’est un peu le voyage initiatique que nous avons tous rêvé un jour de faire, celui qui nous confronte à nos forces, nos faiblesses, nos espoirs, nos erreurs et notre réel potentiel.
Ce voyage est aussi une histoire de rencontres. Qu’ils soient vieux hippies, agriculteur magouilleur au grand cœur, jeunes travellers, adolescente s’éveillant aux premiers amours ou vieil homme solitaire, tous ont quelque chose à apprendre à Alex. Tous ont quelque chose à nous apprendre sur nous-mêmes.

Into the wild, film réalisé par Sean PENN, avec Emile Hirsch.
Depuis les grands champs de maïs du centre des Etats-Unis, au désert de l’Arizona, jusqu’aux endroits les plus sauvages de l’Alaska, en passant les rapides du Colorado, ce film est bien plus qu’un road-movie, c’est une quête, une réflexion globale sur le monde qui nous entoure et sur la place que l’homme y tient ou devrait y tenir.
Bien que se déroulant aux États Unis, il nous délivre un message universel sur l’homme, nous offre la chance de voir le monde sous un angle nouveau, nous fait rêver et nous pousse à la réflexion.

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, de Ron HANSEN, Buchet Chastel. Kansas City
Septembre 1881. À trente-quatre ans, Jesse James est un bandit, un hors-la-loi au faîte de sa renommée ; superstitieux, taciturne mais charismatique, il règne en maître sur un gang de brigands en guenilles terrorisés par ses colères et par le feu mortel de ses pistolets. À dix-neuf ans, l’intrépide Robert Ford se fait, lui, peu à peu, une réputation dans la bande en forçant l’admiration de tous. Jesse James cependant l’obsède ; il voue à son chef une idolâtrie sans limites sous laquelle perce l’ambition de prendre sa place.
Et un jour, par la force du destin, l’inévitable advient : de sang-froid Robert Ford abat lâchement Jesse James. Mais ce crime le tourmentera, le hantera durant toute sa vie… Admirablement écrite et décrite, jamais la saga de Jesse James et de Robert Ford n’a été si bien racontée que par Ron Hansen. La poésie et la précision sinistre le disputent à l’émotion pure dans ce roman qui mêle fiction et biographie.
The Assassination of Jesse James by the coward Robert Ford, film réalisé par Andrew DOMINIK, avec Brad Pitt et Casey Affleck.
La reconstitution historique est impressionnante sur grand écran. L’image, de toute beauté dans ses tons ocre qui correspondent à la poussière de l’Ouest, respire d’un souffle épique et la direction d’acteurs est irréprochable. Avec un Brad Pitt remarquable en Jesse James, figure qui eut d’illustres interprètes au cinéma, une très belle musique de Nick Cave et une production signée Ridley Scott et son savoir faire. Mais le plus beau rôle du film, le plus ambigu, le plus torturé est tenu par Casey Affleck ; c’est lui « le lâche Robert Ford », et le jeune acteur donne à ce magnifique personnage une troublante et terrible ambivalence qui le guide sur un chemin, celui de la mort d’un être qu’il admire.
_
A la croisée des mondes : les royaumes du Nord, de Philip PULLMAN, Gallimard. Lyra Belacqua, douze ans, est une orpheline rebelle qui vit à Jordan College, un établissement de l’Université d’Oxford, dans un monde parallèle qui ressemble au nôtre mais qui a évolué de façon un peu différente. Elle a pour compagnon Pantalaimon, son dæmon, un être capable de prendre de nombreuses formes animales, mais qui prendra une forme définitive à la puberté de Lyra et qui représente en quelque sorte une émanation physique de son esprit.
Le monde de la jeune fille est en train de changer. L’organisme gouvernemental global, le Magisterium, resserre son emprise sur le peuple. Ses sombres activités l’ont poussé à faire enlever des enfants par les mystérieux Enfourneurs. Parmi les gitans, qui ont perdu beaucoup des leurs, court une rumeur : les enfants sont emmenés dans une station expérimentale quelque part dans le Nord, et on pratique sur eux d’abominables expériences impliquant leurs daemons.
Lorsque Roger, le meilleur ami de Lyra, disparaît à son tour, la petite fille prend la route du Nord, après avoir échappé à la mystérieuse Mme Coulter, pour le sauver. Elle rencontrera des personnages énigmatiques Serafina Pekkala la sorcière, Iorek Byrnison, l’ours-guerrier.
Mais quel est véritablement Mme Coulter ? Et Lord Asriel, son « oncle » ? Et à quoi sert exactement cet aléthiomètre, remis dans le plus grand secret à Lyra par le Doyen de Jordan Collège, dont elle est la seule à pouvoir interpréter les mystérieux symboles ?

His dark materials : The golden compass, film réalisé par Chris WEITZ et sorti en France sous le titre A la croisée des mondes : La Boussole d’Or, avec Dakota Blue Richards, Nicole Kidman, Daniel Craig et Eva Green.
Adapter la trilogie acclamée des « Royaumes du Nord » n’était pas chose facile. Le succès de ces livres peut se comparer à « Harry Potter ». Destinés à l’origine à un jeune public, ces ouvrages ont conquis les personnes de tous les âges par la profondeur de leur histoire, leurs côtés métaphysiques et philosophiques et leur poésie. Ils possèdent la rare qualité de pouvoir être lus à différents niveaux donc par différents publics.
Malheureusement, le réalisateur a choisi d’en faire un film ciblé très « jeune public ».
Les acteurs sont très convainquants, en particulier Nicole Kidman et Daniel Craig (la maléfique et sensuelle Mme Coulter et l’oncle de Lyra), ainsi que la jeune héroïne, choisie au terme d’un casting gigantesque dans toute la Grande-Bretagne (Dakota Blue Richards). Les décors sont enchanteurs, les effets spéciaux (en particulier l’ours en armure) époustouflants mais il manque quelque chose… La magie qui se dégage du livre ne se retrouve pas à l’écran. Peut-être qu’à l’instar des films « Harry Potter », les deux suivants seront plus fidèles à l’esprit des livres.
Le scaphandre et le papillon, Jean-Dominique BAUBY, R. Laffont. Suite à un accident vasculaire, Jean-Dominique Bauby sombre dans un état appelé locked-in syndrome : de son corps inerte, seul un oeil bouge, le gauche.
Cet œil, devient son lien avec le monde, avec les autres, avec la vie et c’est grâce à lui qu’il écrit ce livre, décrivant un monde que le commun des hommes ne peut imaginer. Avec son œil, (il cligne une fois pour dire « oui », deux fois pour dire « non ») il arrête l’attention de son visiteur sur les lettres de l’alphabet qu’on lui dicte et forme des mots, des phrases, des pages entières…
C’est ainsi qu’il a écrit ce livre, dont chaque matin pendant des semaines, il a mémorisé les phrases avant de les dicter.
Tour à tour sarcastique et désenchanté, il n’a plus que les mots pour vivre les fragments d’une existence qu’il qualifie de mutante.

Le scaphandre et le papillon, film réalisé par Julian SCHNABEL, avec Matthieu Amalric.
Grâce au tour de force de la caméra de Julian Schnabel, Jean-Domnique Bauby nous envoie les images d’un monde où il ne reste rien qu’un esprit à l’œuvre.
[*Le grand absent des Oscars*] :

Lust, Caution : amour, luxure, trahison, de Eileen CHANG, R. Laffont. Dans les années 1940, alors que le Japon occupe une partie de la Chine, un groupe de comédiens étudiants s’improvise espions avec des méthodes d’amateurs. Chargée de séduire le cruel Mr Yee, un dignitaire haut placé, la ravissante Wong réussit à s’introduire sous une fausse identité dans le cercle où il gravite avec sa femme et les amies de celle-ci.
Commence alors entre la jeune fille et l’homme mûr un jeu érotique dangereux où les sentiments prennent peu à peu le pas sur la raison. Entre espionnage et trahison, amour et haine, jeu de séduction et érotisme, ce livre nous fait plonger dans cette histoire avec une grande facilité et une jouissance mêlée de fascination face à son final haletant, inattendu et terrible.

Lust, caution, film réalisé par Ang LEE, avec Tony Leung et Tang Wei.
Après le Lion d’or obtenu par ce film à Venise, et les Oscars déjà décrochés par « Le secret de Brokeback Mountain » et « Tigre et dragon », Ang Lee pouvait espérer que « Lust, caution » figure dans la liste des nominations aux Oscars 2008. Le film a été proposé par Taïwan à l’Académie, mais celle-ci l’a refusé au motif que la participation de Taïwan (en particulier le nombre de collaborateurs taïwanais) au film, coproduction sino-américano-taïwano-hongkongaise, était insuffisante. « Lust, Caution » est sorti en Chine le 1er novembre 2007 dans une version amputée de sept minutes. La censure a en effet exigé que soient retirées les scènes de sexe les plus crues. Rappelons que le précédent film d’Ang Lee, « Le Secret de Brokeback Mountain », une romance entre deux cow-boys, n’est pas sorti en Chine…
Belle reconstitution de la Chine des années 40 en pleine occupation japonaise, magnifiques décors, photographie envoûtante, costumes exquis de raffinement, le film nous emporte tellement qu’on en oublie sa durée (2h38).
Le jeu des acteurs frôle la perfection (surtout Tang Wei dont c’est le premier film), et Tony Leung, impeccable comme toujours dans son rôle d’homme rongé par le désir sous ses airs policés. Et le grand exploit du film est de contenir des scènes de sexe très fortes et osées mais filmées comme des duels et qui font à chaque fois évoluer la relation des deux personnages. Un véritable petit bijou !
Ces pérégrinations du Texas à la Chine, en passant par l’Angleterre, avec un détour par l’Alaska ou encore une incursion dans un monde parallèle, une halte en France et en Californie, n’auraient jamais vu le jour sans l’adaptation cinématographiques des livres qui leur ont donné vie.
Bref historique :

L’engouement des spectateurs pour les adaptations cinématographiques de romans ne date pas d’hier. Rappellons le succès de films mythiques tels Ben Hur, à partir du roman de Lew WALLACE ; Orgueil et Préjugés, à partir du roman de Jane AUSTEN ; Le Docteur Jivago, à partir du roman de Boris PASTERNAK ; ou encore Le secret de Brokeback mountain, à partir d’une nouvelle de Annie PROULX. Sans oublier les nombreuses adaptations (au moins 14) de Les Misérables, de Victor HUGO

Adaptation d’une oeuvre littéraire au cinéma
Palmarès des adaptations de romans au box-offices français
Un exemple de diverses adaptations d’un roman : Lolita, de Vladimir NABOKOV

Le roman a fait l’objet de deux adaptations cinématographiques :
« Lolita » de Stanley Kubrick, en 1962
« Lolita » d’Adrian Lyne, en 1997
La version de Kubrick employa Nabokov comme consultant, mais l’auteur fut pourtant déçu du résultat qu’il trouva éloigné de son roman. La principale différence réside dans la place donnée au personnage de Clare Quilty :
Nabokov dans son roman fait de Quilty un personnage en filigrane, suggéré, jamais décrit, jamais clairement identifié, jusqu’à son apparition finale (en dire plus révélerait l’intrigue).
Kubrick dans son film fait de Quilty un personnage de premier plan, nommé à de nombreuses reprises, et véritablement au-devant de la scène. Non seulement l’apparition finale de Quilty est déplacée au début du film de Kubrick, mais le personnage lui-même est placé au tout premier plan, juste devant la caméra, pendant que Humbert est relégué au fond du décor ou dans des plans de coupe.

Cette approche de Kubrick tiendrait au fait que Quilty était joué par Peter Sellers, son acteur fétiche qu’il réutilisera dans trois des principaux rôles dans son film suivant « Docteur Folamour », et qu’il aurait naturellement mis en valeur par rapport à James Mason, qui interprétait Humbert.
L’appréciation du film est une pierre d’achoppement entre fans de Kubrick et de Nabokov.

La deuxième version tentera de s’approcher plus du roman, notamment en replaçant Quilty au second plan, en rendant plus explicite la relation sexuelle (les tabous ont reculé dans les années 90 par rapport aux années 60) et en évoquant le passé pré-Lolita d’Humbert (qui avait été occulté par Kubrick mais qui occupe une large part du roman de Nabokov).
Pour aller plus loin :
Et maintenant à vous de jouer : testez vos connaissance sur ce petit quiz

Partager cet article