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A Pâques, avec le confinement, on va être chocolat !

- temps de lecture approximatif de 7 minutes 7 min - par Bib4

En France, 4,4% des ventes annuelles de chocolat (soit environ 14 653 tonnes en 2018) s'effectuent au moment des fêtes de Pâques. C'est la deuxième plus grosse période de l'année après Noël. En plein confinement lié au Covid 19, la consommation 2020 sera-t-elle en forte baisse ? C'est pas dit puisque le chocolat « c'est bon pour le moral »... Pour vous aider à garder le vôtre (de moral), nous vous invitons à revisiter l'histoire du chocolat, son lien avec Pâques et ses effets sur notre santé...

Chocolat, Lapin
Chocolat, Lapin Cop. Pixabay C0

Qui a inventé le chocolat ?

L’origine mythologique et les traces archéologiques

«L’origine du chocolat prend ses sources dans la mythologie Maya. Il est mentionné dans le Popol Vuh, sorte de bible qui relate l’origine du ce peuple sud américain. Selon cette histoire, la tête d’un héros vaincu se serait transformée en cabosse de cacao, cette tête féconde une jeune fille (représentant l’infra monde maya) en crachant dans sa main.
Au regard de cette légende, on comprend ainsi mieux la dimension rituelle du chocolat, lors des mariages, des enterrement ou des rites de purification.

Les plus anciennes preuves de l’utilisation de fèves de cacao, se situent entre 1100 et 1400 avant J.-C, en Amérique Latine.
Selon la légende, la culture du cacao fut développée par le 3ème roi maya, Hunahpu. Les fèves servaient probablement, aux Mayas et Aztèques, à la fabrication d’une boisson fermentée. Les fèves auraient aussi servi de monnaie d’échange. On sait également que des tributs de cacao avaient été prélevés sur les villes Mayas par les derniers princes de cet empire.
En 1984, des chercheurs ont découvert à Rio Azul une cité Aztèque du Guatemala des vases funéraires du Vème siècle avant J.-C. contentant des restes de boisson chocolatée. Le symbole du cacao est également représenté sur le vase ne laissant aucun doute sur son contenu.

Source : « Histoire du chocolat » sur le Portail du chocolat

Pour aller plus loin écoutez l’émission Sur les épaules de Darwin (France Inter) consacrée, le 17 novembre 2018 « Aux origines du chocolat »

La diffusion de la consommation de chocolat en Europe

« Pour les européens, l’histoire commence en 1502 avec Christophe Colomb.

  • 1502 : En accostant l’ile de Guanaja, au large du Honduras, des indigènes venant à la rencontre de Christophe Colomb lui offrent des fèves de cacao en échange de quelques présents. Devant l’incompréhension des européens le chef des indigènes se fait préparer une boisson chocolatée. A bord de la Santa Maria, Christophe Colomb goûte, n’aime pas et oublie ces fèves.
  • 1519 : en novembre de cette année après avoir détruit sa flotte pour éviter les désertions Cortès est reçu par Moctezuma l’empereur des Aztèques. Celui-ci le prend pour le dieu Quetzalcóatl de retour chez lui et lui offre de nombreux présents dont une plantation de cacaoyers.
  • 1528 : Cortès ramène du chocolat au roi d’Espagne Charles Quint
  • 1534 : En mélangeant la poudre de cacao à de la vanille et du miel les moines de l’Abbaye de Piedra en Espagne créent la première tasse de chocolat en Europe »
  • 1609 : Des juifs chocolatiers chassés de la péninsule ibérique s’installent à Bayonne et fondent alors le principal centre de production français de chocolat
  • 1615 : Le chocolat est introduit à la cour de France par Anne d’Autriche fille du roi d’Espagne Philippe III et mariée à Louis XIII

On peut donc considérer que les Espagnols sont à l’origine de nos chocolats actuels. Grâce à l’adjonction de sucre – fourni par les plantations de canne à sucre –, une boisson qui était au départ amère s’est trouvée transformée en une boisson douce très appréciée dès la fin du XVIe siècle par l’élite coloniale espagnole présente au Mexique. Sa consommation s’est ensuite diffusée, par l’intermédiaire de la cour d’Espagne, à toutes les cours européennes.

L’industrialisation des procédés de fabrication

Encore réservé aux élites dans l’Europe, conseillé aux malades pour ses vertus nutritives, utilisé dans la composition et l’enrobage de médicaments, la fabrication du chocolat s’industrialise progressivement au XVIII siècle. Sa consommation se démocratise  au cours du XIXe siècle à la faveur de différentes inventions qui lui donnent les formes qu’on lui connaît aujourd’hui  :

  • 1815 : le hollandais Van Houten met au point la technique de séparation du beurre de cacao et réduit de 50% la proportion de graisse dans le produit. En 1828, il invente le chocolat en poudre
  • 1830 : le suisse Kohler à l’idée d’introduire des noisettes dans sa production et invente le chocolat aux noisettes
  • 1847 : Première tablette  “à croquer” commercialisée à Bristol par l’anglais Joseph Fry
  • 1867 : l’entreprise Menier qui a démocratisé le carré de chocolat en le faisant entrer dans le goûter quotidien des enfants français produit 25 000 tonnes par an de manière entièrement automatisée et développe des campagnes publicitaires. Un Album de la Bibliothèque nationale de France « Quand le chocolat s’affiche » en montre quelques illustrations.
  • 1878 : Les usines Poulain produisent 5 tonnes de chocolat par jour

Au XXe siècle, la consommation de chocolat s’est développée : elle a été multipliée par plus de 30 entre 1900 et 2000. »

Sources  :

Pour aller (beaucoup) plus loin et si vous lisez l’anglais, nous vous invitons à consulter le blog « Chocolate Class » qui rassemble les production d’étudiants d’Harvad dans le cadre du cours de Carla D. Martin « Chocolate, Culture, and the Politics of Food ».

Depuis quand mange-t-on du chocolat à Pâques ?

« En chocolat, en sucre, peints ou encore cuits : l’œuf est le symbole de la fête de Pâques. Chez les Égyptiens, les Perses et les Romains notamment, l’œuf est un symbole de vie, que l’on s’offrait au printemps. Plus largement, poules et poussins ont également revêtu la même symbolique.

Fête de Pâques [Crise de foie] / Georges Vermard. Bibliothèque municipale de Lyon

Au Moyen-Âge, l’Eglise a interdit de manger des œufs pendant le Carême. Ils étaient conservés jusqu’à la fin du jeûne, puis décorés.
Une information qu’Élisabeth de Contenson, auteure du Chocolat et son histoire, précise :  «On retrouve des traces de cette coutume au XVe siècle, en Alsace. Il s’agit alors d’œufs de poule, que l’on peint et que l’on décore, et qui sont destinés à être mangés. Elle se répand peu à peu et, aux XVIIe et XVIIIe siècles, il devient de bon ton, notamment dans les cours princières, d’offrir des œufs richement ornés, contenant parfois une surprise […] Cet art culmine à la cour de Russie au XIXe siècle, avec le célèbre Fabergé», rapporte l’écrivaine.

Elle poursuit  : «On ignore la date exacte à laquelle l’on a eu l’idée de percer les œufs d’un côté, pour les vider et les remplir de chocolat. Sans doute au XVIIIe siècle, mais c’est au XIXe siècle que l’on commence à voir apparaître les œufs tout en chocolat. Notamment, à partir des années 1830, grâce au développement des techniques de travail de la pâte de cacao et surtout grâce à l’apparition et à la diversification des moules (en cuivre ou en fer étamé). Ces derniers permettent d’obtenir des formes en chocolat de plus en plus variées»

Sources :

« Pourquoi mange t on des chocolats à Paques », 20 minutes.

« Oeufs, cloches et chocolat, d’où viennent les traditions de Pâques », Ca m’intéresse.

Pourquoi le chocolat fait du bien au moral ?

A la question “Le chocolat est-il un anti-dépresseur ?” Le magazine Ca m’intéresse répond : «  Il est euphorisant, voire antidépresseur. Source de plaisir, il provoque la sécrétion d’endorphines, qui agissent comme une morphine naturelle. Mais il a surtout des vertus psychostimulantes : il contient de la caféine, qui renforce la vigilance et la résistance à la fatigue, et de la théobromine, qui stimule l’appétit, le système nerveux central, et facilite l’effort musculaire. Enfin, le chocolat noir contient des flavonoïdes, qui protègent des maladies cardiovasculaires et ont des propriétés antioxydantes et anticancéreuses. »

Les chercheurs de l’inserm quant à eux lui reconnaissent une qualité d’antioxydant qui réduit entre autres le risque de diabète et le vieillissement de nos cellules mais ils mettent en garde : « le chocolat est un aliment très calorique, il ne faut donc pas en abuser. »

Gare aussi aux ingrédients du chocolat, le pire côtoie le meilleur.

Le site Manger-bouger, propose quelques repères pour que cet ingrédient synonyme de plaisir ait sa place dans une alimentation équilibrée, à condition de le  consommer avec modération.

A retrouver dans nos collections à la fin du confinement :

Fête de Pâques [Poule en chocolat] / GeorgesVermard. Cop. Bibliothèque municipale de LYon

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