Les nouveaux ennemis de la fertilité

- temps de lecture approximatif de 19 minutes 19 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

Les hommes de notre époque connaîtraient davantage de problèmes de fertilité que leurs ancêtres. Au premier rang des accusés, des substances chimiques appelées perturbateurs endocriniens. L'exposition aux pesticides et la consommation de tabac seraient aussi à l'origine de ce dysfonctionnement.

© Pixabay
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La fécondité des françaises a nettement progressé, passant de 1.98 en 2007 à 2.02 enfants par femme en 2008 et les naissances ont atteint l’an dernier un niveau record, jamais atteint depuis 1981. Paradoxalement, les troubles de la fertilité sont de plus en plus fréquents. Le nombre et la qualité des spermatozoïdes ont diminué d’environ 50% par rapport à 1950. L’incidence du cancer des testicules a doublé au cours des trente dernières années. Le nombre des malformations génitales masculines est en hausse : la fréquence de la cryptorchidie (interruption de la migration d’un testicule vers les bourses) a été multiplée par 1.5 en 20 ans. Au premier rang des accusés figurent des substances chimiques : les perturbateurs endocriniens.

Sommaire

1/ Fertilité en péril
2/ Quelques perturbateurs endocriniens à la loupe
3/ Des plans pour nous protéger
4/ D’autres origines à la baisse de la fertilité
5/ D’autres perspectives : la fertilité en fiction

mâles en péril
1. Fertilité en péril

Etre fertile, être stérile, ça veut dire quoi ?

Selon un article de la presse médicale d’octobre 2001, les effets de l’âge sur la fertilité de la femme sont bien connus avec une baisse très rapide à partir de 30-34 ans, jusqu’à la ménopause. En revanche, on ignore pratiquement tout de ceux sur la fertilité de l’homme, d’autant que les cas de paternité tardive donnent l’impression que l’effet de l’âge sur la fertilité masculine est négligeable. On sait cependant qu’à 55-59 ans, l’homme a une fertilité deux fois plus faible qu’à 30-34 ans.

Dans l’article stérilité proposé sur le site de l’encyclopédie Universalis en ligne, Jean Cohen, gynécologue, accoucheur définit la fertilité comme étant la capacité de débuter une grossesse et l’infertilité est l’incapacité de concevoir. Si cette incapacité est définitive, on parle alors de stérilité.

Selon l’EMC-consulte, environ 15% des couples consultent pour des difficultés à procréer et, dans près de la moitié des cas, un facteur causal masculin est retrouvé, associé ou non à une cause féminine. L’infertilité du couple est définie par l’absence de grossesse au bout de 2 ans d’arrêt de contraception, malgré des rapports sexuels réguliers et fréquents. L’origine mascculine de l’infertilité représente 20% des causes auxquelles il faut ajouter 40% de causes mixtes homme-femme et 7% de causes inexpliquées.

Vous avez dit endocrinien ?

L’être humain est composé de deux système de communication internes : le système nerveux, dont les messages sont transmis grâce aux influx nerveux, et l’appareil endocrinien, dont les messages sont véhiculés par plus de cinquante hormones différentes (appelées aussi messagers chimiques), et déversés dans le sang par les glandes endocrines.

Selon la définition de l’ICPS (International programme on Chemical Safety), un perturbateur endocrinien est donc « une substance exogène ou un mélange qui altère la (les) fonction(s) du système endocrinien et, par voie de conséquence, cause un effet nocif sur la santé chez un organisme intact, sa descendance ou des sous-populations ». Il s’agit de substances capables de se fixer à des récepteurs hormonaux, en particulier le récepteur aux oestrogènes. Ces substances peuvent être chimiques ou naturelles, telles certains végétaux particulièrement riches en oestrogènes comme le trèfle ou la luzerne.

3Perturbateurs endocriniens : un cocktail qui laisse des traces3
Selon les Archives des Maladies Professionnelle et de l’Environnement, (vol 69, n° 5-6 (décembre 2008)), l’expression perturbateur endocrinien apparaît formellement aux Etats-Unis en 1991 lors d’un colloque organisé dans l’Etat du Wisconsin. Dès 1992 est fait état d’une atteinte de la reproduction masculine telle qu’une éventuelle dégradation de la qualité séculaire du sperme (diminution du nombre moyen de spermatozoïdes par éjaculat) ou l’augmentation de l’incidence du cancer des testicules et des anomalies congénitales de l’appareil reproducteur masculin.
Ainsi, d’après un article de La Recherche
datant du 1er juin 1996 , une étude menée par la suédoise Elisabeth Carlsen concluait que la concentration spermatique était passée de 113 millions à 66 millions de spermatozoïdes entre 1940 et 1970.

Dans l’ouvrage Pathologies environnementales, le Docteur Joël Spiroux classe les perturbateurs endocriniens dans trois catégories :
– des substances chimiques synthétiques, c’est-à-dire les polluants chimiques (surtout des pesticides, des solvants, des vernis, des lessives… mais aussi les PCB, les dioxines, ainsi que les produits dérivés de la combustion des dérivés carbonés et des déchets)
– des produits pharmaceutiques : les pilules contraceptives, les traitements hormonaux substitutifs de la ménopause, les antiandrogènes (traitement des cancers de la prostate), ainsi que tous les produits médicamenteux à activité foetotoxique ou tératogène, interdits pendant les grossesses mais présents dans l’environnement.
– des produits d’origine naturelle, comme les phyto-oestrogènes alimentaires.

pathologies environnementales

Pathologies environnementales, Docteur Joël Spiroux, ed J. Lyon, 2007
“C’est un inventaire exhaustif des impacts d’un développement économique mal maîtrisé sur l’environnement et la santé que nous propose ici Joël Spiroux. Selon cet ouvrage très documenté, ce sont en fait de nouvelles pathologies qui se manifestent désormais : montée des cancers et des allergies, sans oublier les effets féminisants des perturbateurs hormonaux endocriniens comme les pesticides, par exemple. On lira avec le plus vif intérêt l’exposé très clair consacré aux longues controverses touchant à la toxicité de l’amiante. L’ouvrage de Joël Spiroux est l’œuvre d’un ” lanceur d’alerte “, d’un praticien exerçant la médecine libérale au chevet du malade, particulièrement attentif aux modifications du champ des pathologies qu’il observe clans son cabinet.”

Féminisation de la nature d’un côté, diminution du nombre de spermatozoïdes chez l’homme de l’autre. Dans « Mâles en péril », le documentaire qu’ils ont réalisé, Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade livrent une enquête édifiante sur ces phénomènes inquiétants. Une véritable investigation scientifique qui met au jour de bien troublantes questions…
Le documentaire Mâles en péril a reçu le prix EUROPA 2008 dans la catégorie « Meilleur programme télévisé d’actualité » !
Projeté sur Arte le 25 novembre 2008, un dossier thématique est accessible sur le site de la chaîne. Ce documentaire sera en outre bientôt disponible à la Médiathèque du Bachut.

2. Quelques perturbateurs endocriniens à la loupe

distilbene

Les filles du distilbène

Découvert en 1938 par un chimiste anglais, le diéthylstilbestrol (DES) allait passer de l’anonymat à la prescription de masse en seulement dix ans. Durant ce délai, aucune étude scientifique n’a démontré une quelconque efficacité. Bien au contraire dès 1953, la première étude effectuée par le scientifique Dieckman conclut à une totale inefficacité du produit. Mais il en fallait bien plus pour enrayer l’essor du Distilbène (nom commercial) qui atteint l’Europe, où il connaît un franc succès.

Entre 1950 et 1976, on estime que près de 160 000 femmes ont été traitées par DES pendant leur grossesse. “On peut évaluer ainsi que 80 000 filles et autant de garçons âgés aujourd’hui de 25 à 50 ans ont été exposées in utero. Le pic de prescription de cette molécule se situant autour des années 1970, les derniers patients exposés auront quarante ans en 2016 !” précise Anne Levadou, présidente de l’association Réseau DES.
Après de nombreuses années de silence, il est aujourd’hui clairement établi que l’exposition in utero au distilbène peut provoquer des atteintes de l’appareil génital des femmes. Les malformations qui en résultent ont des conséquences dramatiques sur la reproduction. Les femmes ne peuvent généralement pas mener leur grossesse à terme ou ont des bébés prématurés. Les risques de cancer du vagin et du col de l’utérus sont également plus importants.

Pour les hommes, cette exposition in utero peut entraîner l’apparition de kystes au niveau de l’épididyme (longs canaux assurant le stockage des spermatozoïdes nouvellement formés), des anomalies des testicules et de la position du méat urinaire. Un risque de cancer des testicules a également été noté mais reste controversé.
Toutes ces données ont conduit à préconiser chez la femme un suivi médical sur le plan gynécologique, pour le dépistage du cancer du col, et lors d’une grossesse.

distilbene trente ans après
Le distilbène trente ans après sous la direction de Bernard Blanc, ed. Springer
Cet ouvrage fait le point sur les différentes conséquences sur l’anatomie et la physiologie de l’appareil génital féminin, mais aussi masculin et sur les enfants exposés in utero et examine les implications médico-légales.

Sans principe ni précaution : le distilbene , un film de Stéphane Mercurio ; sur une enquête de Catherine Sinet, ed. Iskra, Arte
160 000 “enfants distilbène”, dont 80 000 femmes qui ont les pires difficultés du monde à avoir des enfants : tel est le bilan de la prescription, à partir des années 40 et jusque dans les années 70, du distilbène.
Médicament “miracle”, cette hormone de synthèse était censée éviter les fausses couches. Or, ses conséquences se sont révélées dramatiques. Le film retrace l’engrenage de ce désastre médical et humain.
Le documentaire de Stéphane Mercurio, fondé sur une enquête de Catherine Sinet, retrace l’histoire de ce désastre. Il croise les itinéraires de plusieurs femmes avec le rôle des médecins, des laboratoires et des pouvoirs publics. Il y est question de pensée dominante, d’intérêts économiques, de solidarité de corps, de culpabilité aussi…

Qui est concerné ?, quelles sont les conséquences de l’exposition ?, quelles questions juridiques ont été soulevées ? c’est à ces questions que le site de l’association DES France apporte une réponse.

Plastiques alimentaires : Le bisphénol A mis en cause

bisphenol A

Un article du Monde du 10 mars dernier pose la question suivante : Faut-il interdire le bisphénol A (BPA), cette substance chimique utilisée pour la composition de certaines matières plastiques, notamment les biberons ou encore les récipients pour micro-ondes, les revêtements de boîtes de conserve, de cannettes, etc. ? La toxicité éventuelle du BPA est depuis plusieurs mois au centre d’une vive controverse. Les 6 plus gros fabricants américains de biberons vont cesser de vendre, aux Etats-Unis, des produits avec du BPA, a annoncé jeudi 5 mars, le ministre de la justice de l’Etat du Connecticut, soulignant que des indications scientifiques grandissantes montrent que même de faibles quantités de BPA sont néfastes aux systèmes reproductif, neurologique et immunitaire.

Le tout nouveau Réseau environnement santé (RES) qui regroupe associations, ONG et scientifiques, demande en France l’interdiction du BPA dans les plastiques alimentaires. Selon le RES, il n’y a aucun doute sur la dangerosité de la substance, particulièrement pour les nouveaux-nés, en raison de son caractère de perturbateur endocrinien.

Dodie propose depuis trois ans une gamme de biberons sans BPA, en polypropylène, et des biberons en verre (environ 8% du marché). Dans tous les cas, le fabricant recommande aux parents de ne pas utiliser de biberons abîmés ou vieillis, de préférer le lavage à la main au lave-vaisselle, et de ne pas surchauffer les biberons, en ne dépassant pas 30 secondes en cas d’utilisation d’un micro-ondes. Lorsqu’ils sont chauffés, les plastiques libéreraient 55 fois plus de BPA qu’à des températures normales.
Pour l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), les niveaux d’exposition des nourrissons au BPA sont inférieurs à la dose journalière tolérable (DJT) de 50 microgrammes par kilogramme.

Quand l’environnement est pointé du doigt : l’exemple des pesticides

fertilité et pesticides
Dans son ouvrage Pesticides : révélations sur un scandale français, Fabrice Nicolino et Françoise Veillerette listent cinq domaines où les études établissent une probable corrélation avec les pesticides : les cancers, les anomalies congénitales, une reproduction perturbée, les troubles neurologiques et cognitifs, les dysfonctionnements du système immunitaire.

Un pesticide en particulier a été incriminé : le DDT, « insecticide miracle » mis au point en 1938 par le chimiste suisse Paul Müller ; ce produit entame sa carrière en même temps qu’un pseudo « médicament miracle », le Distilbène d’Edward Dodds.
Un article de l’encyclopédie libre Wikipedia résume aussi l’historique de cet insecticide, utilisé notamment dans la lutte contre le paludisme, des premiers doutes concernant son effet sur l’environnement à travers des observations personnelles constatant une diminution du nombre d’oiseaux, à la confirmation donnée ensuite par des études scientifiques. En 1957, le New York Times relate les efforts infructueux d’un mouvement contre le DDT dans le comté de Nassau dans l’état de New-York. L’éditeur William Shawn pousse la biologiste et auteur populaire Rachel Carson à écrire sur le sujet et cette dernière publie en 1962 le bestseller Silent Spring (traduit en français en 1963 sous le titre Printemps silencieux). Malgré le tollé suscité par ce livre, le DDT n’est pas interdit avant les années 1970.
pesticides révélations sur un scandale
Pesticides : révélations sur un scandale français, Fabrice Nicolino et Françoise Veillerette, Hachette Littératures, 2008
Les conséquences sanitaires de l’exposition aux pesticides sont d’ores et déjà massives. Des centaines d’études, à l’échelle internationale, montrent que ces produits de la chimie de synthèse agissent, même à des doses infinitésimales, sur notre équilibre le plus intime. Le cordon ombilical du fœtus, le système endocrinien, la fabrication du sperme sont atteints. Les cancers et les maladies neurologiques se multiplient. Depuis 1945, l’industrie des pesticides a pris le pouvoir en France, sans que personne ne s’en doute. Cet ouvrage donne des noms, livre des dates, fouille les archives.

Dans L’homme en voie de disparition ?, Theo Colborn, Dianne Dumanoski, John Peterson Myers montrent que les superprédateurs sont les plus touchés : les substances comprises en faible dose dans l’environnement se concentrent dans les graisses animales et s’accumulent au fur et à mesure que l’on grimpe les échelons de la chaîne alimentaire. Des populations d’oiseaux comme les pygargues à tête blanche voient leur libido déréglée, des loutres disparaissent, des visons sont atteints de stérilité, des alligators naissent et grandissent avec un pénis atrophié.

l'homme en voie de disparition

L’homme en voie de disparition ?, Theo Colborn, Dianne Dumanoski, John Peterson Myers, Terre Vivante, 1997
Spermatozoïdes en baisse, maladies infectieuses en hausse, cancers du sein et des testicules en constante augmentation, telle est aujourd’hui l’inquiétante réalité. Et si les polluants chimiques étaient les principaux responsables ? C’est l’hypothèse, fortement étayée par de nombreux travaux scientifiques, qu’avancent les auteurs de ce livre-choc.
Forçant la barrière du placenta, les perturbateurs chimiques s’attaquent en effet au fragile équilibre hormonal du foetus et peuvent hypothéquer définitivement son développement sexuel, la mise en place de son système nerveux et l’efficacité de ses défenses immunitaires.
L’ennemi ? Il est partout : DDT accumulé dans les tissus maternels au fil des années, désherbants présents dans l’air et dans l’eau, matières plastiques emballant nos aliments… Il agit à des doses infimes et les conséquences n’apparaissent, le plus souvent, que 20 ou 30 ans plus tard.
L’homme en voie de disparition ? a fait sensation lors de sa parution aux États-Unis en 1996, sous le titre de ” Our Stolen Future “. Il a été jugé suffisamment important par le vice président des États-Unis Al Gore pour qu’il en écrive la préface, et suffisamment dérangeant pour qu’une partie de l’industrie chimique ait entrepris – en vain – de le discréditer.

3. Des plans pour nous protéger

Que faire alors pour se protéger des substances nocives ? Comment pouvons-nous modifier nos habitudes de consommation alors que les listes d’ingrédients sur les emballages de nos achats demeurent totalement sybillines pour nous ? Il est toujours temps d’agir et des mesures de prévention et de contrôle commencent à être mises au point par les organes législateurs.

Le 17 décembre 1999, la Commission a élaboré une stratégie afin d’aborder, d’urgence, le problème des perturbateurs endocriniens nocifs à la santé et à l’environnement.
Pour en savoir plus, cliquer ici

Le programme Reach

Le 18 décembre 2006 le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne adoptent le règlement REACH (en anglais : Registration, evaluation and authorisation of chemicals (REACH) qui modernise la législation européenne en matière de substances chimiques, et met en place un système intégré unique d’enregistrement, d’évaluation et d’autorisation des substances chimiques dans l’Union européenne,afin de tester les produits pour établir à partir de quel niveau ils peuvent devenir des perturbateurs endocriniens.

L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a publié sur son site web la liste des 150 000 substances préenregistrées entre le 1er juin et le 1er décembre 2008, par 65 000 entreprises. Conformément au règlement relatif à l’enregistrement, l’évaluation et l’autorisation des produits chimiques (REACH), l’Agence a rendu public avant le 1er janvier 2009 une première version de cette liste.

Le plan écophyto

Le plan écophyto 2018 découle des débats du Grenelle de l’environnement et comporte deux volets. Le premier volet prévoit le retrait progressif du marché des produits contenant les 53 substances actives les plus préoccupantes, dont 30 avant la fin 2008. Le second volet concerne la réduction de 50% de l’usage des pesticides dans un délai de dix ans si possible. Une batterie d’indicateurs de pression, relatifs à l’usage des pesticides, devrait être utilisée pour évaluer l’avancement vers cet objectif. L’un de ces indicateurs pourrait être le NODU. Fondé sur le NOmbre de Doses Utilisées, défini par les quantités de substances vendues divisées par une dose unité de substance active, cet indicateur ferait référence pour le suivi du plan. Il pourrait être accompagné d’un ensemble d’indicateurs plus large destiné à suivre annuellement l’évolution de l’usage global des pesticides, de prendre en compte l’ensemble des usages, et de veiller à ce qu’une réduction de leur utilisation ne s’accompagne pas d’une dégradation de leur profil toxicologique ou de leur potentiel de contamination des milieux (eaux, sols…). Cette batterie d’indicateurs a vocation à être progressivement complétée à partir de 2012 par des indicateurs d’impact, des indicateurs de risque et des indicateurs économiques.

4. D’autres origines à la baisse de la fertilité

tabac et fertilité

Au banc des principaux accusés : la chaleur, les champs magnétiques, les rayonnements ionisants mais aussi le stress et le tabac.

Quand la fertilité part en fumée

Le tabac apparaît aussi comme une cause d’impuissance, en diminuant l’apport sanguin dans le pénis,
« 80 % des cas d’impuissance surviennent chez les fumeurs ; 60 % des hommes souffrant d’érection instable sont des fumeurs. » Les spermatozoïdes sont moins nombreux et de qualité plus médiocre, le délai de conception est donc plus long.
Le tabagisme engendre en outre des modifications hormonales chez la femme, notamment un déficit en oestrogènes ; la glaire cervicale du col de l’utérus est épaissie et concentre les hydrocarbures de la fumée et certains métabolites de la nicotine. Les effets du tabac influent aussi sur la viabilité de l’ovocyte, la mobilité tubaire, la division embryonnaire, la croissance de l’embryon et son implantation dans l’utérus.
Pour en savoir plus cliquez ici.

 

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Le tabac en 200 questions, Docteur Béatrice Lemaître, Ed. De Vecchi, 2006
Le Dr Béatrice Le Maître propose un ouvrage complet qui aidera à mieux comprendre le vrai visage du tabac. Sous la forme pratique de 200 réponses aux questions les plus fréquemment posées, l’auteur envisage toutes les interrogations auxquelles vous pouvez être confronté. En proposant de nombreux sites internet de référence, elle aborde de façon claire et rigoureuse : le tabagisme en chiffres ; les différentes façons de consommer le tabac ; la cigarette, sa fabrication, ses effets ; le tabac et les dépendances ; les risques liés au tabagisme ; les différents traitements d’aide à l’arrêt du tabac ; les voies nouvelles pour une prévention efficace… Tous les problèmes liés au tabac, de la prévention aux soins médicaux et psychologiques, sont exposés ici dans un langage clair et précis. Un ouvrage indispensable à tous ceux qui, fumeurs ou soignants, sont concernés par le sevrage tabagique.

Qui trop attend n’enfantera point

test de grossesse

Depuis une trentaine d’années, l’INED a constaté que l’âge moyen à la première maternité s’élève régulièrement en France, comme dans la plupart des autres pays européens. Vers 1970, les Françaises avaient leur premier enfant à 24 ans en moyenne ; aujourd’hui, c’est à 28,5 ans. Même si la valeur de 1970 avait été atteinte après une période de baisse (pendant le baby-boom, les femmes ont eu davantage d’enfants et de plus en plus tôt), la remontée des trois dernières décennies est spectaculaire. Du coup, la fécondité à 35-39 ans a fortement augmenté sur la même période, et celle à 40-44 ans plus légèrement. À l’évidence, il s’agit là d’un changement de comportement majeur. Pour tout un ensemble de raisons, les femmes souhaitent aujourd’hui retarder la constitution de leur famille. À leurs yeux, une série de conditions doivent être remplies avant de chercher à concevoir : trouver un partenaire stable et qui puisse ensuite être un père « acceptable », s’entendre avec lui sur la décision d’avoir un enfant, terminer des études, s’assurer d’un minimum de stabilité professionnelle, disposer de ressources suffisantes…, autant de conditions – toutes légitimes – qui ne peuvent que retarder l’arrivée de l’enfant.
La physiologie hormonale de la femme semble faite pour favoriser les grossesses relativement précoces. On savait déjà que la possibilité de procréer ne s’arrête pas brutalement à la ménopause, mais fait suite à un lent déclin. Cette baisse de la fertilité est sensible après 35 ans et surtout après 40 ans. Mais selon de récentes découvertes, elle pourrait même commencer beaucoup plus tôt : dès l’approche de la trentaine.

Mais à trop attendre, prend-on le risque de ne pas obtenir l’enfant souhaité, pour des raisons physiologiques ? La fertilité féminine (c’est-à-dire la capacité biologique à concevoir) diminue incontestablement avec l’âge, comme nous allons le voir. Celle des hommes aussi : mais l’effet est moins marqué et plus tardif. Nous nous concentrerons donc ici sur la fertilité féminine.

Trois facteurs interviennent :

– Tout d’abord, chacun sait qu’il existe une limite absolue au démarrage d’une grossesse : la ménopause, sauf à recourir à des méthodes très artificielles. Celle-ci intervient en moyenne vers 50 ans, et il n’y a pas de signes d’une évolution récente de cet âge. En réalité, il s’agit là d’une limite « ultime » : les capacités fertiles diminuent plusieurs années avant que la ménopause ne s’installe définitivement. Dans les sociétés où l’on ne pratiquait pas de contrôle des naissances, les femmes encore mariées à 50 ans avaient eu leur dernier enfant bien avant cet âge, vers 40 ans en moyenne. La plupart des femmes deviennent donc stériles bien avant 50 ans.L’âge auquel la stérilité survient varie bien sûr d’une femme à une autre (ou plutôt d’un couple à un autre).
– De plus, avant d’être atteinte, la stérilité totale est précédée d’une période de baisse des « capacités fertiles ». Celle-ci a deux aspects : d’une part, les chances de conception diminuent ; d’autre part, le risque d’une fausse-couche augmente. Les chances de conception peuvent se mesurer par le délai nécessaire pour concevoir. En effet, la conception ne survient pas toujours au cours du premier cycle avec des rapports non protégés. Le délai moyen peut être de l’ordre de 3 à 5 mois chez un couple jeune, et il augmentera ensuite avec l’âge. Ce qui contrariera d’autant plus le couple que celui-ci sera probablement encore plus impatient d’obtenir une grossesse quand l’âge est plus élevé !
– Quant au risque de fausse-couche, qui est de l’ordre de 12 % vers 25 ans, il atteint 20 % à 37 ans, 30 % à 43 ans et monte très rapidement au-delà. C’est un obstacle majeur à l’obtention d’un enfant à un âge tardif.

n'attendez pas trop pour avoir un enfant
N’attendez pas trop longtemps pour avoir un enfant par François Olivennes, ed. Odile Jacob, 2008
” Par ce livre, je veux m’adresser aux femmes de tous âges, et plus particulièrement à celles, de plus en plus nombreuses, qui, la trentaine passée, ont décidé d’avoir un enfant. Pour certaines, le succès sera au rendez-vous. Pour d’autres, les difficultés les orienteront vers la prise en charge d’une infertilité. Mais l’assistance médicale à la procréation n’est pas la solution universelle et infaillible. La découverte que la maternité rêvée peut être compromise est terrible. Pour éviter les projets inaboutis, les regrets douloureux, je veux expliquer les contraintes de l’âge et toutes ces raisons qu’il faut connaître si l’on veut concevoir avant qu’il ne soit trop tard. Beaucoup de femmes regrettent de ne pas être mieux informées. Je veux leur dire pourquoi il ne faut pas trop attendre et ne pas laisser passer sa chance d’avoir un enfant. ” F O. Une réflexion vivante, étayée par des histoires d’hommes et de femmes, qui fait le point sur la période optimale de fertilité, les réussites et les limites des traitements de l’infertilité, les méthodes pour que plus aucun couple ne passe à côté de son désir d’enfant.

5. D’autres perspectives : la fertilité en fiction

Les oeuvres d’anticipation expriment parfois nos angoisses face à un avenir pressenti comme catastrophique, sur une terre dévorée de l’intérieur par la rapacité de l’homme et par son penchant à jouer les apprentis sorciers. La peur d’un monde sans enfants en fait évidemment partie.

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Les fils de l’homme, réalisation et scénario d’Alfonso Cuaron, 2006
2027, le plus jeune être humain, âgé de 18 ans, vient de mourir. L’Humanité a épuisé toutes les ressources de la planète et vit donc ses derniers instants. Dans un monde de violence et de chaos, une femme enceinte, représente alors l’ultime espoir du genre humain. Elle devient par la même occasion, la personne la plus recherchée de la planète. Theo, un ancien militant aujourd’hui résigné à vivre dans une société sans avenir, est chargé de sa protection…

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La servante écarlate, Margaret Atwood,Ed. Robert Laffont, 2005
Alors que la natalité ne cesse de baisser, Defred doit mettre au service de la république de Giléad, récemment fondée par des fanatiques religieux, son attribut le plus précieux : sa matrice. A travers le portrait de cette femme qui lutte pour oublier qu’elle était libre, c’est un réquisitoire sans appel contre tous les intégrismes que l’on découvre dans ce roman.

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