La piraterie moderne

- temps de lecture approximatif de 7 minutes 7 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

Aussi ancienne que le commerce maritime, la piraterie a connu ses heures de gloire entre le XVIè et le XVIIIè siècles. Pirates et corsaires sillonnaient les mers du globe, découvraient parfois de nouvelles terres et pouvaient se mettre au service des rois. Personnages réels ou imaginaires, tous ont marqué l'imaginaire collectif, de Barbe Noire au Capitaine Crochet. Au XXè siècle, la réalité devient plus violente et moins romanesque. La piraterie moderne existe bel et bien et se développe dans certaines régions du monde où la sécurité en mer semble difficile à assurer.

© Pixabay
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La piraterie maritime est vieille comme le monde. Pirates, corsaires, flibustiers ont sillonné les mers, se lançant à l’abordage des navires pour voler leurs cargaisons, de la Méditerranée à la mer des Caraïbes. Souvent considérés aujourd’hui comme des personnages mythiques, les Surcouf, Dugay-Trouin, Jean Bart sont avant tout des voleurs et des détrousseurs de navires, parfois missionnés par les puissants dans le cas des corsaires, mais aussi des découvreurs de terres inexplorées.

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Une histoire des pirates : des mers du Sud à Hollywood, de Jean-Pierre Moreau, Point histoire
Pirates. Le mot fait trembler et s’accompagne de clichés : pavillon noir, abordages sanglants, or, argent et pierreries, amours sans frein, liberté… La réalité que révèle le livre de Jean-Pierre Moreau n’a rien à envier au mythe. Les flibustiers, corsaires et pirates de chair et d’os étaient basques, bretons, gascons ou normands, espagnols ou britanniques. Certains avaient un grand cœur, quelques-uns furent des prédateurs psychopathes. Ils écumèrent les mers dès le XVIe siècle, traquant les galions isolés et attaquant les colonies espagnoles. Héros nationaux, puis personnages de pacotille revus par Hollywood, les pirates furent présentés après mai 1968 comme des libertaires, ancêtres des anarchistes. L’auteur revient ainsi sur la manière dont les “picoreurs des mers” se transformèrent en figures de légende.

Les pirates des mers au XXIè siècle

Le site du Ministère des Affaires étrangères donne, sous forme de conseils aux voyageurs, un tableau de la piraterie maritime actuelle.

La piraterie maritime moderne prend pour cible des navires de commerce aussi bien que des bateaux de plaisance. Ces actions sont la plupart du temps violentes, les pirates n’hésitent pas à se servir de fusil d’assaut ou de lance-roquettes, et se produisent aussi bien dans les ports et points de mouillage qu’en pleine mer. Le but des pirates est de prendre possession des bâtiments pour s’approprier les cargaisons.

Les pirates disposent de moyens technologiques et d’armes modernes, financés par les saisies d’argent sur les bateaux. Ils pratiquent le vol de cargaison, mais aussi détroussent les membres d’équipage, prennent des otages et parfois tuent les marins.

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Pirates des mers d’aujourd’hui, de Jean-Michel Barrault, Gallimard
Un panorama de tous les aspects de la piraterie moderne : méthodes violents, chapardages ou vol de cargaison complète, routes dangereuses… Jean-Michel Barrault rappelle les enjeux énormes du transport maritime aujourd’hui : plus de 90% du trafic commercial mondial est assuré par voie maritime, et concerne en premier lieu des matières premières et notamment le pétrole. Assurer la sécurité des biens et des équipages est donc capital.

Le Bureau maritime international a été créé en 1981 ; il est un service de la Chambre internationale de commerce. Il est chargé de recenser, de signaler et de prévenir les attaques contre les bateaux dans les différentes mers du monde grâce à une action coordonnée entre les différents pays.
Pour assurer cette mission de signalement d’incidents a été créé en 1992 le Piracy Reporting Centre, dont le siège se trouve à Kuala Lumpur en Malaisie. Les gouvernements des pays où se pratique la piraterie maritime prêtent parfois difficilement l’oreille à ce type de problèmes ; la plupart n’ont en fait pas les moyens d’assurer la sécurité de leurs eaux territoriales.

Si l’on observe le nombre d’attaques de pirates, 2003 a été la pire des dix dernières années : 445 actes de piraterie ont été enregistrés, qui ont fait 16 morts et 52 blessés pour le seul premier semestre de l’année. On a dénombré 329 attaques en 2004, 276 en 2005, 239 en 2006 et 263 en 2007.

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Prises d’otages sur Le Ponant : le récit du capitaine, de Patrick Marchesseau, Michel Lafon
Le 4 avril 2008, l’équipage du Ponant, un superbe trois-mâts français en route vers la Méditerranée, est pris en otage par des Somaliens dans le golfe d’Aden. L’opération militaire de libération est préparée depuis l’Elysée et finalement, sept jours plus tard, les otages sont libérés (après le versement d’une rançon) et les pirates capturés par l’armée française.

Le Ponant : histoire secrète d’une libération, un article d’Arnaud de la Grange paru dans Le Figaro (14 avril 2008), ainsi que le témoignage du capitaine du bateau.
A lire sur internet : le dossier consacré à la piraterie par le site Mer et marine, spécialisé sur l’actualité maritime.

Quelle protection est possible pour les bateaux ?
Navires de commerce comme plaisanciers sont invités à être très prudents, ce qui veut dire respecter certaines règles de navigation (éviter de mouiller trop près des côtes dans des zones sensibles, éviter le cabotage de nuit, s’informer auprès des ambassades et consulats et des autorités portuaires ou maritimes compétentes avant d’entreprendre une navigation ou une traversée).
Dans Le Golfe d’Aden, par exemple, on déconseille très fortement la navigation aux navires dont la vitesse est inférieure à 15 nœuds et dont le franc-bord est bas sur l’eau. De la même façon, on recommande aux navigateurs de naviguer le plus loin possible des côtes somaliennes, au-delà de 200 milles nautiques.

La piraterie maritime dans le monde

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Pirates et terroristes en mer d’Asie : un maillon faible du commerce mondial, de Solomon Kane et Francis Martin, Autrement
Chaque jour, dans le monde, un navire est victime d’un acte de piraterie.
Au sein d’un monde professionnel corrompu, où la misère est la règle, où les mailles du droit sont lâches, et où l’illégalité est souvent la règle – pavillons de complaisance, compagnies-fantômes, complicité des autorités portuaires -, la piraterie prospère. Par sa situation politique, économique et géographique, l’Asie constitue le cœur de cette “jungle maritime”. 90 % des marchandises échangées dans le monde sont acheminées par bateaux.
L’espace maritime mondial, où les marchandises circulent avec des délais toujours plus serrés, dans des conditions économiques et sociales toujours plus précaires, est menacé. L’équilibre du commerce international, entièrement tributaire de la marine marchande, pourrait être ébranlé par un 11-Septembre maritime. Une enquête claire, précise, émaillée de récits à couper le souffle, sur un phénomène dramatique et mal connu.

Somalie, à l’assaut des pirates, un reportage de Kader Bengriba, Romain Hamdane et Mathieu Préaux, diffusé dans Envoyé spécial sur France2 le 12/02/09 et disponible sur le site de l’émission.
Le golfe d’Aden, l’une des routes maritimes les plus stratégiques du monde, est aussi devenu l’une des plus dangereuse. Pétroliers, cargos avec leur chargement précieux, yachts et bateaux de plaisance comme le voilier de luxe français Le Ponant sont devenus la cible de pirates au large de la Somalie. C’est de ce pays très pauvre que partent ceux qui l’an dernier ont mené des attaques sur plus d’une centaine de navires. Leur objectif : négocier des rançons qui leur auraient rapporté en 2008 près de 120 millions de dollars. Alors qui sont ces pirates ? Comment procèdent-ils ? Deux équipes d’Envoyé Spécial se sont rendues sur place. La première est montée à bord d’une flottille de catamarans français à destination des Seychelles et a partagé le quotidien de ces navigateurs obligés d’affronter les dangers d’une traversée à haut risque. La seconde équipe s’est rendue en Somalie, sur la trace de ces nouveaux flibustiers et a mené l’enquête. De la prison où certains de ces pirates sont aujourd’hui incarcérés au marché aux devises où s’échangent en plein air deux millions de dollars tous les jours, les journalistes d’Envoyé Spécial ont pu grâce à un intermédiaire rencontrer quelques-uns de ces pirates.

La Somalie et les mers d’Asie du Sud-Est font partie des régions les plus dangereuses du monde. Le Ministère des Affaires étrangères signale sur son site les zones à risque et préconise quelques recommandations de prudence pour les navigateurs. Le golfe d’Aden est ainsi le théâtre de nombreuses attaques sur navires de commerce aussi bien que bateaux de plaisance, qui ont donné lieu dans plusieurs cas à des prises d’otages. Plusieurs navires ont été également la cible de mitraillages. Le détroit de Malacca, qui sépare la Malaisie de l’île indonésienne de Sumatra, est également un haut lieu de la piraterie actuelle.

Malacca : les pirates du détroit, un article de Hanri Gant et Eric Frécon paru dans la revue Outre-terre (n°6, 2004).
L’univers de la piraterie est fascinant.Qu’il s’agisse du contexte géographique, historique ou politique, le pirate opère dans des mondes tiers à l’écart des sphères habituelles. Eternel rebelle, il a toujours évolué dans le registre de la fuite, hors des sentiers battus. Ce n’est donc pas un hasard s’il subsiste encore dans le dernier espace de liberté absolue que représente la haute mer, très loin d’un monde de plus en plus sécurisé et réglementé.

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