Brian ASAWA “The dark is my delight” (1997)

- temps de lecture approximatif de 2 minutes 2 min - par Civodul

Cet album invite à (re) découvrir un interprète atypique dans un programme d’airs du XVIème siècle accompagnés au luth. Nous voici plongés dans un univers très lointain, un peu archaïque : le temps de Shakespeare. Et pourtant encore si familier dans son raffinement indémodable.

Au centre se trouve John Dowland, prototype du mélancolique élisabéthain, “toujours dolent“. Son univers est tout de noirceur, de plaintes et de pleurs :

 

  • I saw my lady weep :
  • Sorrow, stay ! :
  • Go, crystal tears :

Les quelques pièces plus légères sont invariablement teintées d’ironie et de sarcasme. Le style de Dowland, conservateur, est ouvertement tourné vers le passé à la manière de l’ancien madrigal polyphonique. Le tissu contrapuntique, riche et plein de subtilités, possède un  remarquable potentiel. On peut en effet, pour lui rendre justice, aussi bien recourir au quatuor vocal qu’au chant solo, le luth ou divers instruments assurant alors les autres parties.

“Can she excuse my wrongs” chanté par Sting

Le récital contient également quelques œuvres  de Thomas Campion, contemporain moins connu de Dowland ainsi que des airs populaires anonymes.  Ces mélodies au charme modal abordent en toute simplicité des thèmes ingénus et éternels, nous ramenant avec bonheur aux racines du folk britannique.

  • Three ravens :
  • Willow song :

Contrastant avec le luth limpide de David Tayler, le mezzo ambré et étonnamment androgyne du contre-ténor Brian Asawa, sans détonner, étonne. Voici un timbre lyrique, au vibrato opulent (parfois à la lisière ténue de la justesse) à charmant et savoureux contre-emploi, dans un répertoire davantage fréquenté à l’époque par des falsettistes aux voix plus droites et moins incarnées.

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