Yma SUMAC “Voice of the Xtabay” (1988)

- temps de lecture approximatif de 2 minutes 2 min - Modifié le 09/02/2024 par Civodul

Bien avant Nina Hagen la soprano colorature en orbite déjanté avait déjà sévi. Yma Sumac (de son véritable nom, et en toute simplicité "Zoila Augusta Emperatriz Chavarri del Castillo" est une chanteuse péruvienne née en 1922. Personnage insolite (descendante reconnue du vingt-troisième et dernier empereur inca Atahualpa qui fut assassiné en 1533 par les Conquistadores espagnols), elle fut également une vocaliste hors-pair et une voix unique, attachante autant que talentueuse.

Après des débuts péruviens (les premiers enregistrements d’Yma Sumac datent de 1943), elle se lance à la conquête de New York où, portée par la mambo-mania alors en vogue, elle triomphe avec son trio dans les années 50. Elle tourne dans plusieurs films musicaux et devient une star hollywoodienne. Une tournée mondiale l’entraîne dans les années 60 vers les capitales européennes. Après Zurich, elle passe par Paris et fait un triomphe sur la scène de l’Alhambra. Les seventies / eighties seront pour elle une période de semi-oubli, semi-retraite. Elle revient brièvement à New York en 1971 et  enregistre avec Les Baxter un album de rock psychédélique : Miracles. Mais, des différends opposent Yma Sumac et son producteur : l’album est retiré de la vente peu de temps après sa sortie. Ce sera son dernier album studio.  La diva increvable fait un come-back dans les années 90 : Europe et Etats-Unis, scène et télévision. Le 1er mai 1992 elle se produit même (pour un concert d’une heure et demie) au Printemps de Bourges dans le Grand Théâtre de la maison de la culture, plein à craquer. En 1997 , elle chante au Festival de Jazz de Montréal et prend une retraite bien méritée à Los Angeles. Elle y meurt en 2008, à 86 ans.

 

Depuis ses débuts sa voix inouïe électrise les foules et fascine. Et quelle voix !

Par son étendue, d’abord : d’un ambitus de quatre bonnes octaves bien tassées – elle en utilise trois couramment – elle est  d’une rare homogénéité. Fondamentalement soprano elle explore avec une délectation communicative et un facilité déconcertante  le registre de contralto où sa voix de poitrine – certes à l’évidence grossie et noircie – fait merveille : dans l’extrême grave le timbre est chaud et solaire …

Par sa qualité, sa richesse  et sa malléabilité  ainsi que l’extrême variété de ses approches : populaire et presque gouailleuse, parfois volontairement éraillé à la Armstrong,  mais l’instrument peut se faire soudain d’une pureté adamantine et la Reine de la Nuit n’a qu’à bien se tenir.

Quoique dotée de moyens hors du commun Yma Sumac évite la pyrotechnie  spectaculaire et purement gratuite, la virtuosité restant au service de l’expressivité. Elle aura d’ailleurs toujours le sincère souci de promouvoir les cultures musicales andines traditionnelles et use généreusement de la langue quechua.

L’album que nous proposons à la redécouverte date de 1950. C’est ce disque, emblématique de son talent, qui l’a rendue célèbre aux États-Unis. Espèce de cocktail crossover à base d’airs péruviens traditionnels revisités, de mambos chaloupés et d’envolées lyriques stratosphériques cet enregistrement est une excellente porte d’entrée pour explorer un univers musical profondément original.

  • K’arawi (chanson de plantation 
  • Cumbe-Maïta (l’appel des Andes) 
  • Chuncho (les créatures de la forêt) 

Empruntable à la Bibliothèque : Voice of the Xtabay

** Un reportage, en partie autobiographique, sur la Castafiora Inca

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