Parcours insolites en Rhône-Alpes

- temps de lecture approximatif de 35 minutes 35 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

quaipierrescize-s-15dc6.jpg
quaipierrescize-s-15dc6.jpg
L’été est bien avancé, le croisement des juilletistes et aoutiens s’est bien passé…
Poursuivez votre découverte de Rhône-Alpes avec 3 nouvelles pistes atypiques de tourisme : rencontrer les hommes de pierre de Lyon, se faufiler dans les grottes de la région et se faire peur au Musée des horreurs.

2La Ballade des hommes de pierre

2

Pour les infortunés qui ne partent pas en vacances, pourquoi ne pas en profiter pour visiter Lyon ? Bien sûr, à première vue, la ville qu’on arpente tous les jours n’est pas la destination idéale de voyage. Mais à condition de savoir regarder, Lyon n’est pas avare de charmes insoupçonnés. Tiens, pourquoi ne pas prêter un peu d’attention à ces intrigantes figures ornementales qui, se confondant à leur écrin de pierre, échappent aux regards de passants indifférents ?

2Se mettre au frais !2

Un bon moyen d’éviter la canicule est de se transformer en homme des cavernes et de plonger dans la fraîcheur des grottes de Rhône-Alpes. De nombreuses richesses géologiques peuvent être admirées, en spéléologue amateur ou lors de visites touristiques.

2Monstrueux musée !2

De l’anatomie, à la criminologie et à l’anthropologie criminelle, Lyon cache encore des collections surprenantes, peu connues du grand public. D’accès peu commode, petit tour dans quelques musées oubliés… Ames sensibles s’abstenir !

2Faites votre programme2

2La Ballade des hommes de pierre
2

3L’Homme de la Roche3

JPEG - 111.6 ko
L’Homme de la roche
Le Progrès illustré (27/01/1901)

A tout seigneur, tout honneur, commençons notre périple par la figure dont le nom évoque à lui tout seul notre projet de balade, l’homme de la roche. Sa silhouette, emprisonnée dans la roche de la colline de Fourvière, domine les berges de la Saône à hauteur du quai Pierre Scize depuis plus d’un siècle et demi, sans qu’on sache toujours bien qui il est. Mais n’ayons pas trop de scrupules, c’était déjà le cas lorsque ce monumental inconnu n’avait pas plus d’une cinquantaine d’années, puisqu’en 1901, le Progrès Illustré se chargeait de rappeler à ses lecteurs : (Le Progrès Illustré du 27 janvier 1901) :

« le rocher de Bourgneuf s’avançait dans la Saône et des morceaux de roc obstruaient la navigation qui, à cette époque, était agrémentée de charmantes batelières. On fit sauter cette roche grâce à l’initiative de Jean Cléberg qui, depuis, s’appela l’Homme de la Roche, et c’est pourquoi on lui a réservé une grotte dans le rocher pour y dresser sa statue.

Jean Cléberg ou Kléberger, qui était d’origine allemande, fut aussi appelé le Bon Allemand, car il laissa sa fortune, qui était considérable, à l’Aumône générale, la légende ajoute que le Bon Allemand dotait les filles les plus sages du faubourg de Vaise. »

La roche de notre homme ne serait donc pas celle qui lui sert d’écrin, mais celle qu’il aida à dégager et qui obstruait alors la Saône. Il faut ajouter à ce court extrait du Progrès Illustré que Cléber est né en 1485.

Plusieurs statues se sont succédé sur le quai Pierre Scize. La statue actuelle, érigée en 1849, remplacerait une statue de bois de 1820 représentant un soldat romain en armure ; elle est l’œuvre de Pierre-Toussaint Bonnaire, et représente le bon Allemand une bourse à la main. Les Lyonnais blagueurs ont pris coutume de lui envoyer leur créancier, en lâchant un roublard « Va te faire payer à l’homme de la Roche. »

3Le Cyclope à trois yeux3

JPEG - 65.8 ko
Entrée de l’Hôtel de Ville
BML – Fonds Sylvestre

Pour les aventureux qui oseront pénétrer dans l’antre du géant Polyphème, qui, à Lyon, siège dans la cour d’honneur de l’Hôtel de Ville, une surprise de taille les attend : le fameux cyclope possède trois yeux, soit deux de trop si l’on s’en tient aux légendes antiques. L’explication de ce mystère paraît presque trop simple. Le sculpteur Lucien Pascal, qui érigea en 1883 notre géant de pierre, ignorait que Polyphème était de la race des cyclopes. Lorsque le sculpteur s’aperçu de son erreur, il fallut rajouter un peu hâtivement un œil pour orner son front nu.

3

Tape-du-cu, le marteau de l’Hôtel de ville
3

JPEG - 65.4 ko
Porte de l’Hôtel de Ville
BML – Fonds Sylvestre

Un enfant joufflu, le derrière en heurtoir sert de marteau à la grande porte de l’Hôtel de Ville. Les lyonnais l’on baptisé Tape-du-Cu, et certains disent de lui qu’à « l’Hôtel de ville c’est encore lui qui travaille le plus de la tête ».

Un jour de famine de 1693, les canuts du quartier décidèrent d’aller demander des comptes au Prévôt et aux échevins de la ville, confortablement barricadés à l’Hôtel de Ville. Les efforts pour ouvrir les portes s’avérant vains, il fallut les assauts furieux du derrière d’un solide canut contre les battants pour les faires céder enfin : suspendu au fronton de la porte, Tony Tomachot se balançait sous les encouragements de la foule « Hardi, Tony ! Tape du cul ! », et heurtait de toute la force de son séant les portes closes.

Finalement, l’effort paya, et les canuts purent adresser leurs revendications au prévôt, qui, ému par leur sort, promit que désormais, il suffirait de venir frapper à la porte pour qu’on offrit à leurs doléances une oreille attentive…

3La Maison des têtes3

A quelques dizaines de mètres du fameux mur des lyonnais s’en trouve un autre qui rend également hommage à quelques figures bien lyonnaises, quoique moins connu de nos contemporains. Il faut lever la tête au 11 de la rue d’Algérie pour découvrir, en compagnie charmantes des quatre muses des arts plastiques, les têtes de Coysevox (sculpteur né à Lyon qui fut directeur de l’Académie royale de peinture et de sculpture de Paris), des frères Coustou (neveux du précédent, sculpteurs, par exemple, de la descente de la Croix à la cathédrale Notre-Dame de Paris), de Simon Maupin (architecte de l’Hôtel de Ville), de Boissieu (graveur lyonnais), de Lemot (sculpteur lyonnais, auteur de la statue équestre de Louis XIV, place Bellecour), de Louise Labbé (La belle Cordière, poétesse lyonnaise dont on peut découvrir le buste en frontispice de sa maison, rue du Professeur-Louis-Paufique, à quelques rues de là), et du dessinateur Bournes (qui créa le style Louis XVI).

3La Vierge d’Algérie3

Pas besoin d’aller bien loin, à l’angle de la rue Sainte-Marie-des-Terreaux et de la rue d’Algérie, pour admirer une authentique vierge et martyr, la très sainte Catherine, qui, quoique sous nos yeux flanqués de deux lions, ornant les consoles des balcons attenant, ne finit pas comme sa consœur Blandine dans l’estomac du royal animal. Son destin ne fut guère plus enviable cependant : l’empereur Maximilien, qu’elle avait contrarié en lui reprochant d’adorer des idoles impies, lui fit subir le supplice de la roue, avant de la décapiter, quand il s’avéra que la sainte résistait à la roue. La roue demeura son symbole, et sainte Catherine devint la sainte patronne des charrons, des rémouleurs et des potiers. On doit cette statue à Fabisch, dont la vierge dorée domine Lyon depuis plus d’un siècle au sommet de Fourvière.

3Les Cariatides du Progrès3

JPEG - 138.5 ko
Les marins russes à Lyon
Progrès illustré (05/11/1893)

L’immeuble du Progrès, occupé par la Fnac depuis 1985, ne doit pas son nom à quelque allégorie ornementale de sa façade, mais bel et bien au journal Le Progrès dont il fut le siège pendant presque un siècle. L’entrée, flanquée de deux cariatides à peine vêtue de toges antiques, qu’on doit au sculpteur Charles Savoye, est surmontée d’une lyre. En somme, les ornements de la façade n’évoquent pas franchement la frénétique activité qu’on s’attend à trouver dans les bureaux d’un quotidien. Et pour cause puisque l’immeuble haussmannien ne fut pas à l’origine construit pour Le Progrès.

Ce n’est qu’en 1894, que le journal lyonnais y prend ses quartiers, après qu’une bombe, déposé par l’anarchiste Antoine Cyvoct dans la boîte de nuit aménagée en sous-sol, mène à la faillite le théâtre qui occupait l’immeuble. Le théâtre Bellecour avait pris la place, quant à lui, d’un ancien café incendié en 1875. A l’origine, les ornements de l’immeuble construit par l’architecte Chartron étaient donc destinés à illustrer les arts de la scène. Le pauvre architecte ne pouvait pas se douter que, très vite, un dérapage anarchique de l’histoire en changerait radicalement la vocation.

3Le Veilleur de pierre3

Calme colosse de pierre de 4 mètres de haut adossé à la façade d’un immeuble, le veilleur semble fixer d’un regard songeur la place Bellecour. Ses bras reposent sur un écu orné de la croix de Loraine. Celui-ci rappelle au promeneur le terrible évènement auquel le veilleur doit sa présence en ces lieux : au même endroit, pendant la guerre, se tient un café restaurant, Le moulin à vent, fréquenté par des officiers allemands (l’immeuble du Progrès, tout proche a été réquisitionné par la Gestapo pour y installer ses bureaux). Un soir de 1944, l’explosion d’une bombe artisanale, si elle ne fait aucune victime, déclenche le courroux des Allemands. Le lendemain, cinq détenus de la prison de Montluc, choisis au hasard, sont exécutés en pleine rue sur les lieux même de l’attentat. A la libération, l’architecte Louis Thomas et le sculpteur Salendre sont chargés d’ériger un mémorial à la mémoire des victimes de la Gestapo.

3La Pucelle cuirassée3

En face de l’immeuble des impôts, rue de la Charité, nichée dans une alcôve aménagé dans la façade d’un immeuble, une Jeanne d’Arc cuirassée brandit son épée vers les cieux. Sur la façade du même immeuble, on peut lire l’intrigante devise « Dieu et patrie » qui parait peu à sa place en garniture d’une bâtisse séculière.

En fait la devise est celle du Nouvelliste, journal très catholique du XIXe siècle, qui occupa cet immeuble construit en 1893.

3La face cachée de Saint-Jean3

JPEG - 53.3 ko
La cathédrale Saint-Jean
BML – Fonds Sylvestre

Le portail de la cathédrale est remarquable pour ses trois cents soixante huit médaillons disposés autour de ses trois entrées. Si on prend le temps de s’attarder sur cette bande dessinée médiévale, au milieu d’édifiants symboles de la religion catholique, on peut se régaler à en découvrir d’autres relevant moins des choses spirituelles. Par exemple, cet homme presque dévêtu écrasé sous le poids d’une femme qui le flagelle avec allégresse, évoque la « chevauché du repentir des maris cornards » le premier dimanche de carême, ou encore certaine sorcière en affaire avec le malin, celui-ci affectant les traits d’un bouc cornu…

A la toute gauche du frontispice de la cathédrale, sous une console qui abrita un temps une statue aujourd’hui destituée de son socle (par les troupes du baron des Adrets en 1562), le « lai (légende) d’Aristote » rappelle l’épisode de la vie du philosophe qui le vit assujetti aux caprices de l’amour : le vieil homme ayant arrachée son jeune élève Alexandre aux bras de la courtisane Campaspe, celle-ci se vengea en séduisant le docte vieillard. Le bas-relief figure Aristote, à quatre patte, la belle sur le dos.

Les curieux pourront se lancer à la chasse du plus salace des diablotins ornant les murs de ce saint lieu. La gargouille, esseulée au faîte de cet édifiant édifice, s’y livre avec une évidente extase à une activité que la morale des lieux réprouve certainement…

3L’angle de Bœuf3

JPEG - 41.4 ko
La rue du Boeuf
BML – Fonds Sylvestre

Le fameux bœuf de la rue du même nom, situé à l’angle de la place Neuve Saint-Jean, fut injustement qualifié comme tel par la morale lyonnaise qu’effrayait l’évidente virilité de l’animal. Il s’en fallut de peu finalement que la rue du bœuf ne fut rue du taureau ! La maison que l’animal flanque, dite maison du bœuf, fut le théâtre en 1692 d’un fait divers curieux. Un crime s’y étant déroulé, on fit appel à un sourcier dauphinois, Jacques Aimar. Celui-ci, mené par sa baguette, poursuivit l’assassin jusqu’à Beaucaire ; on y arrêta un homme qui fut exécuté sur la foi du morceau de coudrier.

Ces quelques exemples (parmi tant d’autres !) sont une invitation à vous prendre au jeu, à lever les yeux sur les façades devant lesquelles on passe tous les jours sans plus les voir, pour avoir l’impression, peut-être, de voyager dans une ville inconnue : pour partir loin, il suffit parfois juste de lever la tête.



2

Se mettre au frais !

2

GIF - 10.4 ko

Pour ceux qui s’armeront de leur courage, en plus d’un équipement adapté, Edisud propose des ouvrages de spéléologie. Guides d’exploration spéléologique, ils indiquent l’accès aux cavités, la description du parcours souterrain, les caractéristiques karstiques et hydrogéologiques, le temps d’itinéraire et commentent chaque parcours.


Qui osera tenter la descente dans le mythique gouffre Berger (Isère), 1271 m de profondeur, ou dans le gouffre des morts-vivants (Haute-Savoie) ?

  • Spéléo sportive dans le Vercors, par Serge CAILLAULT, et al : Tome 1 et tome 2
PNG - 3.5 ko

Comme une expédition, une sortie spéléologique se prépare et intégrer l’un des comités départementaux de la Fédération Française de Spéléologie permet de s’initier prudemment aux plaisirs de l’exploration souterraine.

Les comités départementaux du tourisme indiquent également les autres clubs de spéléo ( Voir « Faites votre programme »).

Lire aussi :

  • Gouffre Jean-Bernard, par le Groupe spéléologique Vulcain (Ed. Gap).
    Histoire de la découverte et l’exploration le gouffre qui porte le nom des deux spéléologues décédés du groupe Vulcain, Jean et Bernard. En 1989, une équipe de spéléologues portait le record du monde de profondeur à 1602 m.

Les admirateurs moins intrépides de stalactites et stalagmites préfèreront parcourir les galeries des grottes touristiques de la région.
A faire en famille et sans oublier… sa “petite laine”.

- Grottes du Cerdon (Ain)
- Aven grotte de La Forestière (Ardèche)
- Aven d’Orgnac (Ardèche)
- Grotte de la Madeleine (Ardèche)
- Aven Marzal (Ardèche)
- Grotte de St Marcel d’Ardèche
- Grotte préhistorique de Thaïs (Drôme)
- Grotte de Choranche (Isère)
- Grotte de La Balme (Isère)
- Grotte et cascade de Seythenex (Haute-Savoie)
- Grottes des Echelles – Site de Saint-Christophe (Savoie)
En plus des deux grottes aménagées pour la visite touristique, la Grotte Supérieure se prète à l’initiation spéléologique.
- Grottes du Vercors

Visites à la demande :

- Grotte de la Draye Blanche (Drôme) : 04 75 48 24 96
- Grotte de la Luire (Drôme) : 04 75 48 25 83
En été, possibilité de visiter la grotte à la lueur des flambeaux, avec accompagnateur en habit d’époque.
- Cuves de Sassenage (Isère) : 04 76 27 55 37
- Autour de La Roche sur Foron (Haute-Savoie) : 04 50 03 36 68 (Office du tourisme)

JPEG - 261.8 ko
Grottes de Choranche © Edy CP

Lire aussi :

  • Grottes touristiques, Espaces : tourisme et loisirs, avril 2006, n° 236.
    Certaines grottes de la région font l’objet d’articles dédiés, notamment le site de Saint-Christophe-la-Grotte (Savoie).
JPEG - 286.5 ko
Grottes de La Balme : entrée du labyrinthe de Mandrin

Les grottes, repères à brigands ?

Le passage de Louis Mandrin (1725-1755) dans le pays du Bugey, du Bas-Dauphiné au canton des Echelles, a conféré aux cavernes de cette contrée la gloire d’avoir abrité le “brigand bien-aimé”. Nombreuses sont ainsi les grottes qui portent le nom de ce contrebandier du XVIII siècle. La Balme nomme l’un des passages creusé par l’eau des glaciers le “labyrinthe Mandrin” et possède également son « chaudron ».
Trafiquant de tabac, sel et allumettes puis chef de bande, ce dernier entreprend de prendre les encaissements des fermiers généraux, qui levaient l’impôt pour le compte du roi et se servaient abusivement au passage. C’est pour cette raison que certains paysans voyaient en lui un justicier du peuple et non un bandit de grand chemin.

Quelques ouvrages illustrés content la vie trépidante du brigand et proposent des vues de grottes, qui lui auraient servies de refuges.

2

Monstrueux musée !

2

Autant dire qu’il vous faudra un peu de patience et beaucoup d’effort pour parvenir jusqu’à l’entrée du musée d’Anatomie Testut-Latarjet, dissimulé dans l’arrière-cour de la faculté de Médecine et de Pharmacie sur le domaine Rockefeller, dans le Quartier de Grange-Blanche. Avant de pénétrer dans les lieux, il vous sera nécessaire de monter un escalier adossé à la façade arrière, pour rejoindre le quatrième et dernier étage du bâtiment – autant dire les combles ! – et les collections d’un musée méconnu de la plupart des lyonnais.

JPEG - 33.8 ko
Cyclope © Musée Testut-Latarjet

L’origine de ces collections est liée au passé médical de Lyon. Dès 1796, un arrêté de l’Hôtel-Dieu institue en effet une pratique qui devait durer jusqu’en 1962 : chaque aide de chirurgie des hospices de Lyon est alors tenu de déposer un objet d’étude à la fin de son service triennal. Entendez par là des organes humains fixés par dessiccation ou traités à l’alcool qui constituent pendant près de deux siècles le matériel pédagogique des chirurgiens majors, chefs de service des hôpitaux de l’époque.

JPEG - 74.5 ko
Têtes de criminels décapités
Platre
Coll. Testut Latarjet – Photo D.Nicole
JPEG - 277.7 ko
Têtes d’un homme et d’une femme
microcéphales
Musée Testut-Latarjet
JPEG - 97.6 ko
Crane d’Anthelme Perrin
Décapité à Lyon en 1844
Musée Testut-Latarjet
JPEG - 97.4 ko
Crâne phrénologique
du docteur Gall, fin XIXe s.
Musée Testut-Latarjet

C’est en 1854 à l’initiative de Charles Richard, directeur de l’Ecole préparatoire de Médecine alors dépendante de l’Hôtel-Dieu, qu’est créé le musée d’Anatomie de Lyon. La faculté de Médecine, tout comme le musée, intègrent en 1877 les spacieux locaux qui lui sont réservés dans l’édifice monumental construit sur la rive gauche du Rhône (actuelle faculté de Lettres).

JPEG - 918.1 ko
Tatouage sur peau humaine
Musée Testut-Latarjet
JPEG - 101.9 ko
Peau de la face de
Martin Dumollard,
exécuté en 1862
Musée Testut-Latarjet

A partir de 1886, et durant ses 33 années d’exercice, Jean-Léo Testut, comme bien d’autres médecins (le légiste Alexandre Lacassagne, les phrénologues Gall et Spurzheim, le chirurgien orthopédiste Louis Léopold Ollier, etc.), enrichit le musée Anatomique d’un matériel conservé soit à l’état sec, soit par la voie humide, et comprenant toutes les pièces nécessaires à l’instruction des étudiants. Son successeur, le docteur André Latarjet, qui donne également son nom au musée, en organise quant à lui le transfert et l’installation dans les locaux de la nouvelle faculté de Médecine et de Pharmacie du site Rockefeller (1931). Outre une collection de tous les types de lésions des viscères et de pièces osseuses et articulaires, on y retrouve également quelques pièces rares, dont les plus anciennes sont issues du cabinet anatomique de Marc-Antoine Petit et remontent à la toute fin du XVIIIe siècle.

JPEG - 7.2 ko
Momie d’un homme de 34 ans
Musée Testut-Latarjet

Le musée déploie actuellement tout l’arsenal des techniques de conservation des organes et décrit l’évolution des maladies et de leurs traitements depuis deux siècles. S’il présente de nombreuses pièces d’anatomie ou de malformations du corps humain (fœtus, sirènes et cyclopes conservés dans le formol ou l’alcool, squelettes de siamois, cires anatomiques, etc.), son champ d’étude très large lui permet également de couvrir de nombreux autres domaines tel que l’anthropologie criminelle et la criminologie (collection Lacassagne), la phrénologie (collection Gall) ou l’embryologie, que le néophyte aura quelquefois du mal à relier. D’autres pièces, plus étonnantes, sont difficile à reclasser, tels ces têtes humaines réduites selon la techniques des indiens Jivaros, ces lambeaux de peaux humaines tatoués et tannés, conservés tendus sur une armature métallique tel des échantillons de maroquinerie, ou bien encore ce corps d’un homme de 34 ans, momifié en 1892, et conservé “dans son jus” jusqu’à nos jours !

JPEG - 433.1 ko
Tête réduite
Musée Testut-Latarjet
JPEG - 432.1 ko
Tête réduite
Musée Testut-Latarjet

Avec son étalage de bocaux, son avalanche de corps difformes, de membres écorchés et d’organes formolés, le musée a aujourd’hui réussi à recréer une atmosphère à mi-chemin entre les cabinets de curiosité du XVIIIe siècle et le film Freaks de Tod Browning.

Parfois morbide, mais souvent instructif, le musée Testut-Latarjet de Lyon est surtout, avec le musée Orfila de la faculté de Médecine de la rue des Saints-Pères à Paris, l’un des plus importants musées d’anatomie en France et l’un des rares de cette catégorie à ouvrir ses portes, librement et sans contraintes, à tous les publics.

- Musée Testut-Latarjet d’anatomie et d’histoire naturelle médicale
Présentation en ligne des collections du musée Testut-Latarjet d’anatomie et d’histoire naturelle médicale. Le musée est fermé durant la saison estivale mais reprend ses horaires habituels début septembre, notamment pour les journées du patrimoine.

Du lundi au vendredi de 15h30 à 19h ; le samedi de 15h30 à 18h.
Accueil des groupes possible selon disponibilité des conférenciers.
Musée Testut Latarjet d’Anatomie de Lyon

Faculté de médecine, 8 avenue Rockefeller, 69008 Lyon (Tél. : 04.78.77.75.86).
- Le médecin et le criminel : Alexandre Lacassagne, 1843-1924, par Philippe ARTIÈRES, Gérard CORNELOUP ; assistés de Philippe RASSAERT, Lyon, Bibliothèque municipale, 2004, 204 p.

JPEG - 108.6 ko
Expo. Lacassagne, 2003
BM Lyon

Catalogue de l’exposition proposée par la Bibliothèque de Lyon à l’hiver 2004. Il permet d’appréhender les richesses qui constituèrent les collections de ce médecin lyonnais, aujourd’hui partagées entre la Bibliothèque de Lyon pour ce qui concerne les livres et manuscrits ; les musées de l’Ecole nationale supérieure de la Police à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or (voir ci-dessous), d’histoire de la médecine et d’Anatomie du site Rockfeller pour les objets, tableaux et autres documents liés au monde médical.
L’exposition montrait de nombreuses pièces empruntées à ces musées.
- 200 ans de collections à l’Université Claude Bernard, Lyon, Université Claude Bernard, octobre 1997, 47 p.
Numéro spécial de la revue Isotopes consacrée aux collections lyonnaises. Entre le musée dentaire et les bibliothèques universitaires de sciences et de Santé, on y retrouve quelques pages sur la musée Testut-Latarjet.

2

De l’anatomie à la criminologie…

2

Non loin de Lyon, sur la commune de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, existe un musée exemplaire consacré à l’anthropologie criminelle et à la police scientifique et technique. Ce dernier est hébergé au sein de l’Ecole nationale supérieure de Police (E.N.S.P.), celle-là même qui prépare chaque année les cadres et commissaires de notre police nationale. Son fonds rassemble plusieurs collections distinctes d’objets et de documents insolites patiemment réunis par les pères de la criminologie (étude du comportement criminel) et de la criminalistique (étude scientifique du crime) : celles de médecine légale et d’anthropologie criminelle du Professeur Alexandre Lacassagne qui constituèrent, à la fin du XIXe siècle, les prémices d’un musée de criminologie dans les locaux de la faculté de Médecine (rue Pasteur) et celles du Docteur Edmond Locard, fondateur à Lyon du premier laboratoire de la Police scientifique et technique, accueillies dans un premier temps, au début des années 1920, dans les combles du palais de Justice !

Proche des collections exposées au musée de la Préfecture de Police de Paris, le musée lyonnais, bien qu’ouvert exceptionnellement au public, présente un panorama sur l’évolution des idées en matière de criminologie et sur les problèmes touchant à l’identification des criminels et des malfaiteurs. Des empreintes digitales aux tatouages, du bertillonnage au “portait-robot”, du rossignol au passe-partout et à la “pince monseigneur”, toutes les techniques sont explorées, mises en perspective et illustrées à travers des documents de quelques grandes affaires criminelles, souvent récoltés de premières mains par ces collectionneurs avertis.

JPEG - 55.1 ko
Vitrine iconographique relative
aux renseignements descriptifs
d’A. Bertillon, déb. XXe s.
Coll. criminalistique de l’E.N.S.P.
JPEG - 49.7 ko
Vitrine iconographique (détail)
des renseignements descriptifs
d’A. Bertillon, déb. XXe s.
Coll. criminalistique de l’E.N.S.P.
JPEG - 36 ko
Recueil de documents sur les tatouages
Coll. criminalistique de l’E.N.S.P.
JPEG - 36.4 ko
Le matériel des cambrioleurs
Coll. criminalistique de l’E.N.S.P.

- Visite interactive des collections de criminaliste de la police scientifique à Saint-Cyr-au-Mont d’Or
Situé sur un site sensible dédié à l’enseignement et à la formation de la police nationale, le musée est actuellement fermé au public. Il ne se dévoile qu’exceptionnellement lors des journées portes ouvertes généralement situées dans première quinzaine d’octobre.
Une visite du musée est cependant possible pour les groupes déjà constitués (maximum 25 personnes) sur simple demande écrite.
Renseignements auprès de l’Ecole nationale supérieure de Police : 9 rue Carnot, 69450 Saint-Cyr-au-Mont-d’Or, 04.72.53.18.50.
- “Le crime, les criminels et l’enquête scientifique”
Guide de présentation, au format PDF, des collections du musée réparties entre 9 grandes sections : “Du bagne au quai des Orfèvres”, “Les drogues et les armes”, “Les tatouages, des cicatrices parlantes”, “Bertillon et l’anthropométrie criminelle”, “La preuve dactyloscopique”, “Elémentaire… mon cher Locard“, “Les bandits en auto”, “Les bombes et les cambrioleurs” et “La médecine légale et la phrénologie”.
- Le Musée de l’Ecole Nationale Supérieure de Police, Saint Cyr au Mont-d’Or, Jean-par François VIPLE, Impr. Allais, 20 p.
Ancienne plaquette de présentation du musée et de ses collections.
- Publication en ligne des Archives de l’anthropologie criminelle (1886-1914)
La revue des Archives de l’anthropologie criminelle, fondée à Lyon en 1886 par Alexandre Lacassagne, est la “première revue scientifique francophone dédiée à la criminologie”. Elle est désormais intégralement publiée en ligne sur le site Criminocorpus, le portail sur l’histoire des crimes et des peines.
La collection est également consultable à la Bibliothèque de Lyon.

JPEG - 467.7 ko
Archives de l’anthropologie criminelle
BML, 135190
JPEG - 121.1 ko
Edmond Locard, le Sherlock Holmes français
Ed. des Traboules, 2006

- Edmond Locard, le Sherlock Holmes français, par Michel MAZÉVET, Brignais, Ed. des Traboules, 2006.
Rare et récente biographie du docteur Locard : “Un ouvrage passionnant qui se lit comme un roman policier”, comme le précise la quatrième de couverture.
Alexandre Lacassagne attendant toujours, quant à lui, son biographe…

2Faites votre programme2

- www.lyon-evasion.com : un site pour découvrir Lyon et bien au-delà
- www.rhonealpes-tourisme.com : toute l’actualité du tourime en Rhône-Alpes, classée par thème (Eau, détente et bien-être – Week-end à deux – Gourmands et Gourmets etc.)
- TISTRA : site du Club du Tourisme Industriel Scientifique et Technique Rhône-Alpes (TISTRA). Le Club est devenu en 2002 une association autonome, soutenue par la Région Rhône-Alpes, pour gérer l’ensemble de ses activités dont l’objet est de favoriser le développement du Tourisme de Découverte Economique tout public en Rhône-Alpes. 40 structures, adhérentes du Club , sont à découvrir : des musées techniques, des entreprises ouvertes à la visite, des centres de culture scientifique, des planétariums…
- rhonenedecouverte.com
- ainendecouverte.com
- loireendecouverte.com
- www.ain-tourisme.com
- www.ardeche-guide.com
- www.drometourisme.com
- www.isere-tourisme.com
- www.loire.fr
- www.rhonetourisme.com
- www.savoiehautesavoie.com
- www.quefaireceweekend.com

- Qui était le Bon allemand ou l’homme de la roche ? : Voir

- Pourquoi un cyclope à 3 yeux à l’hôtel-de-ville de Lyon ? : Voir

- Qu’est donc le “Tape-du-cul” de Tony ? : Voir

- Pourquoi la revue de spéléologie de la FFS s’appelle “spelunca” ? : Voir

- Que signifie “balme”, comme dans les Grottes de La Balme ? : Voir

- Flore des grottes : Voir

- Qui est Lacassagne ? : Voir

- Quel est le procédé de réduction de tête ? : Voir

Partager cet article