Danse

Butô, Butoh ou Ankoku Butoh…

- temps de lecture approximatif de 5 minutes 5 min - Modifié le 21/12/2018 par Hélèna D.

Le Butô, Butoh ou Ankoku Butoh est une "danse énigmatique aux images somptueuses, portée par les corps poudrés de danseurs officiants de rituels muets".

Umusana / Cie Sankai Juku © Michel CAVALCA
Umusana / Cie Sankai Juku © Michel CAVALCA

La naissance du butô

Danse d’avant-garde créée par Tatsumi Hijikata et Kazuo Ōno dans le Japon de 1959 en réaction à une forte occidentalisation du Japon. Cette danse révolutionnaire s’oppose fortement à l’influence occidentale du ballet classique et de la danse moderne, mais aussi aux formes artistiques traditionnelles du Japon. Néanmoins le butô semble renouer avec certains mythes du Japon archaïque injectés dans une forme d’avant-garde.

La « naissance » du butō date d’un spectacle de Tatsumi Hijikata en 1959, intitulé Kinjiki. La pièce provoque un grand scandale et fut assimilée au Japon à un spectacle pornographique.
Tatsumi Hijikata s’inspire des gestes quotidiens des paysans dans les rizières, des femmes âgées ou encore des prostituées, mais aussi d’une de ses sœurs handicapée pour façonner le corps du Butô : pieds en-dedans, bassin près du sol, visages grimaçants, yeux révulsés, corps recroquevillés.

Le butô fut inspiré entre autres par l’expressionnisme allemand et par des auteurs tels que le marquis de Sade, Lautréamont, Antonin Artaud, Bataille, Genet… Cette danse moderne provoque un véritable choc.
La première danseuse de butô fut Tomiko Takai, au cours des années 1960.
Cette danse puise également sa force dans le traumatisme de la bombe d’Hiroshima. Jean Baudrillard parle de “théâtre de la révulsion, de la convulsion, de la répulsion”, que tourmentent “des corps recroquevillés, larvaires, tordus, électriques, immobiles”.

L’âme des ancêtres prendrait possession du corps des acteurs. Le butô s’opposerait ainsi à un certain jeu psychologique de l’acteur.
Cette danse est retranscrite par une lenteur extrême des mouvements. Le butô s’exprime dans un langage corporel minimaliste totalement affranchi, dégagé des codes, des conventions et des symboliques gestuels, socioculturels et traditionnels.
En général cette danse est faite par des hommes et des femmes quasi nus, dont le corps est souvent peint en blanc gris cendres (le blanc et le crâne rasé furent amenés par la troupe des Dairakudakan).

Il s’agit à l’époque d’un nouveau style de danse, primaire, sauvage, dénué d’artifice sans costume, ni de décor ou réduit au minimum.
Le butô célèbre les rites de la vie : la naissance, la passion amoureuse, la douleur, la mort, le désespoir. Tout cela dans un mélange de danse, de théâtre, de performance, de pantomime et d’improvisation.

“Le corps est à la fois humain, animal, végétal, minéral, en constante transformation , naissant, se développant sous nos yeux, grandissant et, bien sur, mourant après avoir effectué son voyage intérieur. Le butô est aussi l’expression de la nostalgie de la fusion terminée de l’homme et de la nature, du féminin et du masculin, de cette nostalgie dont on se souvient et qui fait souffrir.” (source)

Trois générations de butô

Seule Tomiko Takai continue dans la voie des pionniers que sont Hijikata Tatsumi, Kazuo Ohno, Masaki Iwana, et Anzu Furukawa.

La seconde génération compte des danseurs prestigieux notamment Kô Murobushi (et sa troupe la troupe Dairakudakan), Carlotta Ikeda, Masaki Iwana, Ushio Amagatsu et Toru Iwashita (du groupe Sankai Juku).

La troisième génération (depuis les années 1950) compte des danseurs comme Atsuschi Takenutchi, Maki Watanabe, Tsuneko Taniuchi, Gyohei Zaitsu, Maki Watanabe, Juju Alishina, Atsusih Takenouchi, Ikko Tamura

Sur le Butô en général

-Butô(s) / Odette Aslan et Béatrice Picon-Vallin [Livre]
Ce livre réunit des études, témoignages d’artistes et descriptions d’exercices qui montrent la finalité de l’effort physique et mental que requiert le butô.

-Uchi-Soto : dehors-dedans / Michel Butor [Livre]
Un livre rare qui illustre le butô par des dessins et des photographies.

-Ankoku butoh / Guy Delahaye [Livre]
Photos de danseurs de butô.

-Themas sur le buto sur le site numeridance.tv [Article + extraits vidéos]

- Vous pouvez consulter à la bibliothèque de la Part-Dieu plusieurs photographies originales de Guy Delahaye.

Sur le chorégraphe Ushio Amagatsu et sa compagnie Sankai Juku

-Sankai juku : Amagatsu / Guy Delahaye / 1994 [Livre]
Ouvrage illustré qui retrace en photos le travail du chorégraphe japonais.

-Dialogue avec la gravité / Ushio Amagatsu / 2012 [Livre]
Le chorégraphe et danseur japonais Ushio Amagatsu livre ici un essai sur la danse comme manière de penser et de vivre le corps.

-Ushio Amagastu : élément de doctrine / André S. Labarthe / 2006 [DVD]
Un DVD sur Ushio Amagatsu et ses danseurs qui répètent Graine de cumquat, pièce-fétiche de la compagnie, créée en 1978, qui relate l’initiation au monde d’un petit garçon japonais.

-Des œufs debout par curiosité / réal. de Joël Farges ; chorégr. de Ushio Amagatsu / 2000 [DVD]

- Pour finir, si vous souhaitez voir un peu plus d’images sur des spectacles d’Ushio Amagastu, 3 extraits de spectacle sur le site Numeridanse.

Sur Tatsumi Hijikata, fondateur du butô

-Cine Dance : The Butoh of Tatsumi Hijikata : Anma (The Masseur) + Rose Color Dance / Takahiko Iimura / 2005 [DVD]
Il s’agit d’un document précieux sur le travail historique de Tatsumi Hijikata lors des premières années de ses créations dans les années 1960. Le film est également une “ciné-danse”, c’est-à-dire une chorégraphie où le cinéaste participait lui-même avec sa caméra devant les spectateurs.

-Summer storm / chorégraphie et danse Tatsumi Hijikata / Misao Arai / 2010 [DVD]

Sur la danseuse et chorégraphe japonaise Carlotta Ikeda

-Carlotta Ikeda : danse Butô et au-delà / Laurencine Lot / 2005 [Livre]
Photographies de Carlotta Ikeda et de ses danseuses sur scène.

-Exposition Carlotta Ikeda, du butô à la danse insensée [Article en ligne]

Pratiquer le butô à Lyon

-L’association inButoh [Site web]
Elle a pour but de valoriser et de stimuler la mouvance butô sur le territoire lyonnais. Elle développe ainsi, depuis sa création en 2013, des projets mêlant performances, conférences, et ateliers de pratique.

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2 thoughts on “Butô, Butoh ou Ankoku Butoh…”

  1. edwin dit :

    Bonjour, pourquoi ne citez-vous pas Kô Murobushi…j’ai couvert ses spectacles dans les années 80…il était au sommet de son art au même titre que Carlotta Ikeda ou Sankai Juku. Cordialement

    1. Hélèna D. dit :

      Bonjour,
      Bonjour,
      Merci pour votre commentaire, nous avons rajouté Kô Murobushi dans notre article. C’est vrai que, dans les années 70, il est l’un des principaux créateurs et danseurs du mouvement du buto. Il fonde plusieurs compagnies : la troupe Dairakudakan en 1972, où il côtoie Akaji Maro, puis Ariadone en 1974 avec Carlotta Ikeda, Sebi en 1976 et Ko & Edge Co en 2010. Le spectacle, Le Centaure et l’Animal, créé en 2010 avec Bartabas et de la compagnie Zingaro, est d’ailleurs exceptionnel !

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