…Ou l’on vous dit pourquoi un amateur de film d’épouvante n’appréciera pas forcément un film gore.

Vous reprendrez bien une petite tasse d’épouvante, Darling ?

Balade printanière dans les sous-genres du film d’horreur

- temps de lecture approximatif de 21 minutes 21 min - Modifié le 14/05/2019 par MS

L’industrie de l’Entertainment le sait depuis toujours : la sensation forte, le petit ou le grand frisson… l’être humain adore jouer à se faire peur, qu’il soit sur un manège ou dans son fauteuil de cinéma. Ce besoin peut paraître masochiste. Pourtant, explorer la notion de peur lorsque nous ne risquons rien, qu’aucun mal réel ne nous menace est justement une manière à la fois de la conjurer et de s’y confronter. C’est précisément le sentiment de soulagement qui en découle qui rend l’effroi passé si attrayant. Cependant, même si les éléments des histoires horrifiques sont universels, ce qui nous effraie dépend de l’âge que nous avons, de l’époque dans laquelle nous vivons et aussi de notre sexe. Certains adorent les éclaboussures de sang quand d’autres seront plus sensibles à davantage de tension psychologique. Bref : à chacun son petit frisson personnel.

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     Le cinéma d’horreur : origines, thèmes, personnages.

 

L’horreur nous accompagne depuis le commencement. Les représentations rupestres des lions, tigres et autres ours, mais surtout, La mythologie grecque, romaine, indienne, la Bible, le Coran, les textes anciens de la Chine et du Japon entre autres contiennent déjà tous des éléments mêlés d’horreur et de spirituel. Nous écoutons des histoires de division divine entre le Bien et le Mal, de créatures mythiques et de démons depuis des siècles.

Au départ, il y a le fantastique. C’est LE genre à l’origine de ceux qui nous intéresse aujourd’hui.

Le genre fantastique est littéraire d’abord, cinématographique ensuite.

Le cinéma fantastique trouve ses sources dans le courant irréaliste de la littérature du 18e au 20e siècle, du romantisme allemand au « gothique » anglais, de Jean Ray à Edgar Poe. Parmi les œuvres phares citons Le château d’Otrante de Horace Walpole (1764), Les mystères d’Udoplhe d’Ann Radcliffe (1794) ou encore Le moine de Matthew Lewis (1796). Plus tard viennent Frankenstein, de Mary Shelley (1818) et Dracula de Bram Stocker (1897), particulièrement exploités par la production cinématographique, ou encore Le cas étrange du Dr Jekyll et de Mr Hyde de Robert Louis  Stevenson (1886).

Les frontières du fantastique au cinéma sont floues et poreuses. Ses voisins sont le merveilleux, la fantasy, la science-fiction et l’horreur. Il n’existe pas en tant que tel dans la liste des genres cinématographiques hollywoodiens (mais français, oui). La principale caractéristique du fantastique est de faire surgir au sein d’un univers réaliste et crédible des éléments étranges et inexplicables par la logique, qui peuvent ou non susciter la peur. C’est un déséquilibre du réel.

Ses thèmes de prédilection ont souvent une résonance puritaine : parmi eux, la lutte entre le Bien et le Mal et la possession (Rosemary’s baby, l’Exorciste), l’invasion (les oiseaux,  L’Invasion des profanateurs de sépultures), la monstruosité (La Monstrueuse Parade), la rivalité de l’homme et de Dieu autrement dit l’opposition de la science et du divin  (Frankenstein), la rivalité de l’homme et de la bête (l’île du docteur Moreau, King Kong), la mutation ou métamorphose (La Féline, Le Loup-garou de Londres)…

Le film d’horreur, issu à la fois du fantastique et du film criminel, n’est pas si simple à définir. De plus, il évolue au fil des générations et de leur perception de ce qui est horrifique.

Cependant, le film d’horreur a clairement pour vocation de susciter un sentiment de peur, ou d’angoisse chez le spectateur, de transmettre une horreur visuelle et sordide, ou bien intellectuelle et morale. L’horreur se distingue du fantastique en ce qu’elle cherche à provoquer un choc plutôt que l’étonnement et la surprise. L’accent est donc mis sur la violence physique qui provoque un puissant sentiment de répulsion.

Il met en scène la peur de l’autre, du différent. La monstruosité en est un des éléments essentiels. Elle est expliquée par l’aliénation humaine, des mutations scientifiques inexplicables ou provoquées par l’homme ou des forces surnaturelles.

Le slasher est un de ses sous-genres les plus connus, avec des personnages devenus des icônes  comme Freddy Krueger (Les Griffes de la nuit), Michael Myers (Halloween) ou encore Jason Voorhees (Vendredi 13). Dans ces films, l’histoire des victimes du tueur importe assez peu. Ils sont construits autour d’un scénario uniquement destiné à montrer comment le « boogeyman » (ou croque-mitaine) s’applique à assassiner ses victimes.

 

Mais au-delà de l’éternel slasher, il existe bien d’autres sous-genres au cinéma d’horreur. Certains désormais s’apparentent bien plus au courant du gore, lui-même en passe de devenir un genre à lui seul, et qui n’est autre que la forme paroxystique du film d’horreur, comme détaillé ci-après.

 

Petit tour d’horizon des sous genres du cinéma d’épouvante

 

Gore ou Splatter movie

Gore est un mot anglais qui désigne le sang versé, coagulé, à la différence de blood, le sang « noble » de la vie qui coule dans les veines. Mais au final, si c’est le terme gore qui est plutôt utilisé en France, les pays anglo-saxons lui préfèrent splatter (du verbe to splatter : éclabousser).

Ce sous-genre du film d’horreur, devenu quasiment un genre à part entière, met l’accent sur l’excès et l’abus de scènes sanglantes. Il se caractérise par un aspect formel très explicite dont l’objectif est d’inspirer le rire, le divertissement ou le dégoût au spectateur. La cruauté sadique s’y étale : le gore va jusqu’au bout de l’insupportable. Membres arrachés, corps éviscérés… tout est montré.

Le cinéma gore tire notamment ses racines du théâtre parisien du Grand Guignol. Celui-ci présentait des spectacles sanglants où l’outrance et la surenchère étaient de mise. En 1908, le Grand Guignol débarque en Angleterre, mais en raison de la plus grande censure de l’art en Grande-Bretagne, il privilégie un ton plus gothique et moins sanglant que son modèle.

Cependant, bien souvent, l’excès même de la violence, son débordement, désamorce la perception au premier degré. Le film gore implique l’idée de mise en scène et de truquage. Il a beaucoup modifié la pratique des cinéastes en terme de représentation de la mort, auparavant souvent rejeté dans un hors champ plus confortable. Herschell Gordon Lewis est considéré comme le père du cinéma gore, avec des films comme Blood Feast (1963) et 2000 maniacs (1964) puis The wizard of gore (1970). L’engouement populaire pour le film permet l’essor du genre.

Les Italiens se démarquent particulièrement dans les années 70 et 80 avec des titres comme L’enfer des zombies de Lucio Fulci (1979), Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato (1980) et Cannibal Ferox d’Umberto Lenzi (1981). Plus récemment, on peut également citer Ichi the Killer de Takashi Miike (2001), Haute tension d’Alexandre Aja (2003) et The Green Inferno d’Eli Roth (2013).

 

Film de vampires

il s’agit certainement du sous-genre horrifique qui s’apparente le plus au film fantastique. Il est très influencé par l’émergence de la psychanalyse et de la littérature fantastique à la fin du 19ème siècle (Mary Shelley, Bram Stoker…). Le film de vampires a traversé les décennies en mettant en scène une figure changeante connue de tous : un mort-vivant qui se nourrit du sang des vivants.

Qu’il s’agisse du comte Dracula ou d’Edward Cullen (Twilight), qu’il porte une cape noire à doublure rouge ou s’habille comme un lycéen, le vampire matérialise nos frustrations et nos pulsions (au sens freudien). Il révèle ce que notre morale et nos conventions nous empêchent de réaliser.

Au cinéma, ce monstre tantôt fascine comme dans Morse de Tomas Alfredson (2008) tantôt effraie (Dracula prince des ténèbres de Terence Fisher, 1960). Bien souvent incapable de réprimer ses instincts, celui-ci tue et viole. Il revient alors à Van Helsing et ses collègues de mettre un terme à cette transgression des interdits. Pour ce faire, les défenseurs du bien devront faire preuve d’esprit et bien entendu s’armer de pieux, d’ail, de croix en argent ou encore d’eau bénite. Autant d’objets symboliques pour réduire à néant cette créature parfois belle notamment chez Francis Ford Coppola (1992), souvent vile (Nosferatu de Friedich Wilhelm Murnau, 1922) qui met en péril bienséance et convenance.

 

Film de zombies

Loin de se limiter à un vulgaire cocktail de démembrements et d’hémoglobine, le film de zombies met en scène à la fois notre angoisse à l’idée de voir nos sociétés se déliter, mais aussi notre finitude irrémédiable. Ainsi, le mort-vivant symbolise souvent notre obsession à systématiquement renier la mort. Dans ce monde désormais peuplé de zombies, créatures sans âme dont le seul but est de dévorer les derniers humains, les personnes non contaminées vont devoir s’organiser en groupe et rivaliser d’ingéniosité pour survivre et continuer à vivre normalement.

Le maître du genre, George Roméro, à travers ses films, porte un regard critique sur les discriminations (La Nuit des morts-vivants, Le Territoire des morts), la société de consommation (Zombie) ou encore les phénomènes de médiatisation (Chroniques des morts-vivants).  Mais les films de zombies ne sont pas tous des réflexions sur nos sociétés, comme en témoignent la saga délirante des Evil Dead (Sam Raimi, 1981 – 1992) ou encore le Brain Dead (1992) de Peter Jackson.

 

Giallo

En italien, giallo veut dire jaune. Le jaune des fameuses couvertures des romans policiers populaires en Italie, repris en France pour les éditions poche des livres d’Agatha Christie ou encore de Georges Simenon.

Dans ces romans populaires la trame se constitue de meurtres, d’une énigme policière et d’un brin d’érotisme. La même formule est appliquée au septième art par toute une génération de cinéastes italiens qui « inventent » donc un nouveau sous-genre : le… giallo. Parmi eux, le pionnier Mario Bava, qui l’intègre pour la première fois au cinéma avec le film La fille qui en savait trop en 1963. Suivront d’autres réalisateurs importants, comme Lucio Fulci et surtout Dario Argento.

Symptômes de ce cinéma italien très baroque : des couleurs vives (jaune, rouge, violet, bleu), une mise en scène très travaillée (photographie, éclairage),  une érotisation des corps jusque dans les meurtres, mais un scénario souvent anecdotique. Parmi les classiques du genre, on trouve entre autres L’Oiseau au plumage de cristal (1970), Suspiria (1977) ou encore Frayeurs de Lucio Fulci (1980).

 

Animal Attack (ou animaux tueurs)

l’histoire est simple : des animaux ou des insectes décident d’attaquer les humains.

Si le requin demeure le plus iconique (saga Les dents de la mer, Shark, En eau profonde, Instinct de survie, Peur bleue…), le serpent (Anaconda, Des Serpents dans l’avion, Horribilis), l’alligator/le crocodile (L’incroyable Alligator, Lake Placid, La Secte des cannibales), l’araignée (Arac Attack, les monstres à huit pattes, L’Horrible invasion, Tarantula !, Arachnophobie), l’oiseau (Les oiseaux, Birdemic: Shock and Terror, The Vulture) ou encore le piranha (la saga Piranhas) peuvent aussi montrer les dents…

 

Home invasion (violation de domicile)

Souvent apparenté au thriller, ce sous-genre met en scène des personnages qui se pensent tranquilles et en sécurité chez eux et qui vont se faire attaquer par une ou plusieurs personnes.

Parmi ses films emblématiques, certains ne sont donc pas des films d’horreur à proprement parler, mais ils réussissent à transmettre une terreur et une violence psychologique qui justifient de les mentionner comme des films référence de la catégorie.  Parmi eux, nous pouvons citer Les chiens de paille de Sam Peckinpah (1971), Le Funny games de Mikael Haneke (1997) ou encore Seule dans la nuit de Terence Young (1967) et Panic Room de David Fincher (2002).

Ils de David Moreau et Xavier Palud (2006), The strangers de Bryan Bertino (2008) et bien entendu la saga des American Nightmare de James de Monaco puis Gerard McMurray ou encore À l’intérieur de Julien Maury et Alexandre Bustillo (2007) relèvent quant à eux du pur film d’horreur.

 

Slasher

Certainement le sous-genre le plus populaire et le plus exploité, le slasher regroupe de nombreux filmes devenus cultes comme Scream, Massacre à la tronçonneuse ou Halloween.

On retrouve généralement un tueur masqué qui poursuit et assassine à coup d’arme blanche démesurée un groupe d’amis, souvent des adolescents, à la fois soudé et divisé, puéril et responsable. Le vrai visage du tueur se révèle souvent à la fin, lorsque l’unique survivant, en général une femme, réussit à se déjouer de lui. La particularité du slasher est qu’il met en avant le tueur fou, de par son histoire, son mode opératoire et son accoutrement. On se souvient davantage du meurtrier que de ceux qui doivent le combattre, ce qui fait de lui une sorte de mythe.

Les inspirateurs du genre sont deux films de 1960, Psychose d’Alfred Hitchcock et Le Voyeur de Michael Powell, même s’ils ne sont pas les premiers à mettre en scène un psychopathe qui tue à l’arme blanche.  Mais ce sont Black Christmas de Bob Clark (1974), et surtout Halloween : La Nuit des masques de John Carpenter en 1978 qui lancent véritablement le genre. Leur succès sera à l’origine d’une vague de slashers dans les années qui suivirent.

Après la surexploitation du genre via les multiples suites de Vendredi 13Halloween ou Freddy, et de nombreux succédanés, le slasher se heurte à la lassitude du public et tombe en désuétude à la fin des années 80.

En 1996, Wes Craven renouvelle le genre avec Scream : il reprend les ingrédients de la vieille recette pour mieux les détourner et s’en moquer. Il réussit à réveiller l’intérêt des spectateurs et à renouer avec le succès, à tel point qu’il lance à lui seul une nouvelle vague de slashers plus communément appelés « neo slashers », comprenant des titres comme Souviens-toi… l’été dernierUrban Legend ou l’épisode anniversaire d’« Halloween », Halloween, 20 ans après. Presque toutes les œuvres-phares des années 70-80 ont également droit à leur remake : Massacre à la tronçonneuse en 2003, Black Christmas en 2006, Halloween en 2007, Vendredi 13 en 2009, Les griffes de la nuit en 2010.

Qui n’a pas un jour goûté à ce fameux cocktail populaire sans cesse imité et même parodié (Scary Movie), avec son bol de pop-corn et une bonne dose de second degré ? Pas l’ombre d’un début de réflexion dans ce sous-genre parfois cynique et systématiquement sanglant. Pour remplir son cahier des charges, le slasher doit faire couler le sang et faire tomber les têtes. Le tout en laissant suffisamment de séquences apaisées pour laisser respirer les éternels adolescents auxquels il s’adresse.

 

Rape & revenge (ou viol et vengeance)

Pour cette catégorie, il existe un film-étalon, La Dernière Maison sur la gauche de Wes Craven (1972), remake remanié de La Source d’Ingmar Bergman. Le film de Craven sera suivi notamment d’Œil pour œil de Meir Zarchi en 1978, lui-même objet d’un remake, I Spit on Your Grave en 2010. La dernière incarnation de ce sous-genre méconnu est un film français de Coralie Fargeat, Revenge (2018).

Le schéma narratif montre toujours une femme (ou un groupe de femmes) violée(s) par des personnages de brutes, leur infligeant les pires tortures et sévices, suivi de la vengeance de la victime ou de ses proches qui se font justice eux-mêmes, dans une explosion de sadisme et de raffinement dans les supplices mis en place. Le rape and revenge, de par son canevas de base, se rapproche beaucoup du survival.

Cependant, il est probablement l’un des sous-genres les plus controversés, comme ce fut le cas par exemple lors de la sortie d’Irréversible en 2002 (bien que celui-ci ne se revendique pas du genre rape and revenge). En effet, même s’ils mettent en scène des héroïnes fortes, ces films se révèlent souvent aussi complaisants avec le viol qu’avec la vengeance qui s’ensuit. Un même suspense morbide irradie des séquences. Elles se répondent et troublent les repères moraux du spectateur en mêlant chair et sang, érotisme et violence. Cette violence vaut au rape and revenge d’être longtemps cantonné aux cinémas grindhouse et drive-in, en plus d’être très critiqué dans les médias.

 

Survival 

La principale différence entre le survival et le slasher repose sur le mouvement.

Dans un slasher, c’est d’abord le tueur qui se déplace vers ses victimes pour les massacrer. Par ailleurs, l’intrigue de ce dernier a une tonalité sombre mais n’aborde pas des sujets graves. À l’inverse, dans un survival, c’est d’abord le groupe d’amis qui entre en contact avec l’ennemi (un psychopathe, une créature surnaturelle comme dans Predator, ou encore un animal affamé comme dans Frozen). C’est à partir de ce moment qu’ils sont pris en chasse dans un environnement qui leur est parfaitement inconnu. Mais au lieu de fuir, ils auront plutôt tendance à vouloir se dépasser et repousser ainsi leurs limites. Quitte à tuer ceux qui se dressent devant eux.

Le scénario du survival met souvent en scène une histoire tragique comme la perte d’un proche dans The Descent de Neil Marshall : la dynamique est ainsi la même que dans le cinéma fantastique, où la douleur psychologique est accentuée par des éléments naturels ou surnaturels. Parmi les classiques du survival, on compte, outre l’incontournable Délivrance de John Boorman (1972), La colline a des yeux, signé Wes Craven en 1977.

 

Found footage

Littéralement, « enregistrement trouvé ». Le genre relève d’abord d’un procédé technique, la caméra subjective. Il est généralement utilisé ponctuellement, pour appuyer un effet : par exemple, le fait qu’un personnage regarde à travers des jumelles. La tension est encore plus palpable grâce à la caméra à l’épaule, car les mouvements du caméraman rendent plus crédible le point de vue humain.

Mais le found footage est devenu bien plus qu’une technique. C’est un genre utilisant, en le poussant à son maximum, les effets et techniques développés autour de la caméra subjective. Il consiste à présenter une partie ou la totalité d’un film comme étant un enregistrement vidéo authentique. La plupart du temps celui-ci est filmé par les protagonistes de l’histoire, souvent portés disparus ou morts. Les images sont prises sur le vif et la caméra fait intégralement partie de l’action. Le found footage est le genre idéal pour réaliser un film d’horreur à bas coût. Le fait que les images soient prises sur le vif justifient une qualité visuelle et sonore volontairement dégradées… Tout cela servant parfois d’excuse au manque de moyens techniques et à la qualité de la réalisation.

Parmi les films les plus marquants de ce genre, on en trouve certains qui ne sont pas des films d’horreur, notamment le Punishment Park de Peter Watkins (1971).

Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato (1981) est un film particulièrement important, qui relève de plusieurs sous-genres. Il est d’abord le found footage qui a le plus marqué les esprits pendant des décennies, jusqu’au fameux  Projet Blair Witch de Daniel Myrick et Eduardo Sánchez (1999). Celui-ci demeure le film le plus rentable de l’histoire en indépendant et a donné un nouveau souffle au genre. Apparaissent ensuite des films tels que Rec, la franchise à succès Paranormal Activity, Redacted, V/H/S, The Troll hunter, etc.

 

Torture porn

Le torture porn désigne des films dont les personnages se retrouvent à la merci de sadiques pervers. Le spectateur assiste donc aux tortures. Le terme « porn » s’entend plus au sens d’obscène, et est surtout lié au plaisir sexuel que peut ressentir un bourreau. Dans ces films, le caractère sexuel des tortures est souvent présent. Cependant, ils ne relèvent jamais ouvertement de la production pornographique.

C’est un sous-genre important et toujours assez florissant du cinéma d’horreur. La première œuvre que l’on peut qualifier de torture porn est Salo ou les 120 jours de Sodome de Pier Paolo Pasolini (1976), libre adaptation de l’oeuvre du marquis de Sade, transposée au XXe siècle. Il s’agit du récit d’une oligarchie dans une petite ville italienne qui, lors du déclin de Mussolini, va se livrer aux pires atrocités sur des jeunes gens et jeunes filles de sa région. Le film fait scandale à sa sortie. Il est interdit ou censuré dans de nombreux pays pendant plusieurs années. Il est toujours interdit de diffusion à la télévision publique.

Dans les années 1970, on trouve aussi trois catégories de cinéma d’exploitation qui entrent dans le genre torture porn. Les deux premiers sont depuis tombés en désuétude : les films de cannibales et les films d’exploitation nazie (la « nazisploitation »). Le troisième, le rape and revenge, est quant à lui toujours exploité. Pour les films de cannibales, le film-référence n’est autre que Cannibal Holocaust. Le film servira de référence à toute une série de scénario similaires. Chaque fois ou presque, des explorateurs occidentaux seront victimes de tribus amazoniennes ou océaniennes qui se livreront sur eux à des actes de torture et de cannibalisme.

Pour les films de « nazisploitation », le film-référence est Ilsa, la louve des SS de Don Edmonds de 1975, lui aussi largement copié.

Les représentants les plus connus du sous-genre sont la saga Hostel d’Eli Roth, et les Saw de James Wan. Dans un registre extrême, Philosophy of a knife d’Andrey Iskanov (2008) raconte les expériences vraies pratiquées par une unité japonaise de 1930 à 1945. Human Centipede, first sequence de Tom Six (2009), ainsi que sa suite Humance Centipede 2, full sequence sont aussi caractéristiques du genre torture porn.

 

Snuff movie

Ce sous-genre est plus délicat à aborder. Vraies et fausses informations se mêlent étroitement au sujet de cette « mort en direct ». Le genre tire son nom du verbe anglais “to snuff out”, qui signifie “tuer”, “zigouiller” quelqu’un. Il s’agirait d’une production cinématographique clandestine, amatrice et illégale. Elle mettrait en scène un assassinat violent, accompagné de tortures physiques et de scènes pornographiques. La victime est censée ne pas être un acteur mais une personne véritablement assassinée.

Les rumeurs sur l’existence des snuff movies existent depuis les années 1970. Ces films restent toutefois considérés comme une légende urbaine, d’ailleurs confirmée en 2001 par les résultats de l’enquête menée par la journaliste française Sarah Finger, relatée dans son ouvrage La mort en direct.

Cependant, il existe une tendance affiliée qui brouille la compréhension de ce qu’est un snuff movie. En effet, les agressions et les meurtres filmés existent. Avec Internet, la tendance est au développement de la diffusion de ce genre de films. Certains ont fait beaucoup parler d’eux car ils collaient à l’actualité, mais leur production n’obéit pas à la même logique. Dans le snuff movie tel qu’il est défini, la mise à mort elle-même n’a pour objectif que l’excitation morbide voire sexuelle qu’elle peut engendrer. Elle obéit à un intérêt purement financier. Dans les autres types de films, les mises à mort ont d’autres raisons d’être et sont généralement liées à une guerre, une idéologie extrémiste, ou la haine et la colère d’une personne ou d’une foule. Leur captation est souvent fortuite ou bien effectuée pour des raisons idéologiques.

Par contre, c’est l’occasion pour les cinéastes d’en faire un sujet à part entière comme dans Le voyeur de Michael Powell (1960), Hardcore de Paul Schrader (1979), ou encore le thriller 8 millimètres de Joel Schumacher (1999) et Videodrome de David Conenberg (1985). Le cinéma gore exploite évidemment le thème. La nouvelle vague de réalisateurs du cinéma d’horreur, le Splat Pack, s’en inspire fréquemment comme dans les Saw de James Wan et les Hostel d’Eli Roth.

Certains films underground essaient volontairement de brouiller les pistes entre ce qui relève de la réalité et la fiction.  A serbian film de Srđan Spasojević (2010) notamment, est l’objet de nombreuses polémiques. Il est souvent mentionné et considéré comme un des films les plus traumatisants de tous les temps. Montrer des images du type snuff dans les films peut aussi servir à développer une réflexion sur le pouvoir des images et les rapports entre l’Homme et la violence, comme dans Tesis d’Alejandro Amenabar (1996).

 

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