Retour sur… la restitution d’antiquités

- temps de lecture approximatif de 8 minutes 8 min - Modifié le 30/09/2022 par Admin linflux

Le Lundi 24 janvier 2011, l’Égypte a officiellement fait une demande de restitution du buste de Néfertiti exposé au Neues Museum de Berlin. Cette demande intervient alors que plusieurs pièces des collections d'établissements culturels français ont été mises sur le devant de la scène pour des affaires similaires.

Le buste de Nefertiti
Le buste de Nefertiti

Le Lundi 24 janvier 2011, l’Égypte a officiellement fait une demande de restitution du buste de Néfertiti exposé au Neues Museum de Berlin. Cette demande intervient alors que plusieurs pièces des collections d’établissements culturels français ont été mises sur le devant de la scène pour des affaires similaires.

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La restitution ou le retour de trouvailles archéologiques ou des biens culturels qui ont été dérobés n’est pas un phénomène nouveau. La demande de restitution est mondiale et de nombreux pays victimes de pillages ou de détournements y font régulièrement appel. L’un des meilleurs exemples est celui de la frise du Parthénon, dont la Grèce demande restitution au British Museum depuis plus de trente ans. Les cas portent le plus souvent sur les objets d’art tribal, ou arts premiers conservés dans certains musées ethnographiques. (cf infra : L’avenir du passé)

En France, le principe d’inaliénabilité des collections publiques est reconnu par la loi. (art. 451-5 du Code du patrimoine). En 2002, le Parlement a voté une loi pour restituer à l’Afrique du Sud les restes de Saartjie Baartman, la “Vénus hottentotte” ; il en a été de même pour quinze têtes maoris rendues à la Nouvelle-Zélande en 2010. Le seul moyen d’éviter une loi sur-mesure pour les restitutions d’objets appartenant aux collections publiques est de faire valider leur déclassement par une commission.

Le code de déontologie du conseil International des musées (ICOM) précise : “Si une nation ou une communauté d’origine demande la restitution d’un objet ou spécimen qui s’avère avoir été exporté ou transféré en violation des principes des conventions internationales et nationales, et qu’il s’avère faire partie du patrimoine culturel ou naturel de ce pays ou de cette communauté, le musée concerné doit, s’il en a la possibilité légale, prendre rapidement les mesures nécessaires pour favoriser son retour“.

Retour sur quelques demandes de restitution de ces dernières années : Portfolio sur Lemonde.fr

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Le buste de Néfertiti (janvier 2011)

Zahi Hawass, secrétaire général du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes, réclame depuis plusieurs années le retour du buste de Néfertiti, mais également du zodiaque de Dendérah (musée du Louvre), de la pierre de Rosette (British Museum), du buste d’Ankhaf (Museum of Fine Arts de Boston), de la statue d’Hémiounou (Pelizaeus Museum d’Hildesheim, en Allemagne) et de la statue de Ramsès II (musée de Turin). La demande officielle concernant le buste de Néfertiti relance le débat de la muséification d’un patrimoine culturel.

L’Egypte a par ailleurs organisé les 7 et 8 avril 2010, la conférence pour la protection et la restitution du patrimoine culturel

L’issue de cette affaire n’est pas pour tout de suite : une dépêche AFP du 28 janvier 2011 indique que le secrétaire d’Etat allemand à la Culture Bernd Neumann a rejeté la demande égyptienne de restituer le buste de la reine Néfertiti exposé à Berlin

Les manuscrits coréens (novembre 2010)

A l’occasion du déplacement du président de la République, Nicolas Sarkozy, à Séoul pour le G20, un ancien différend entre la France et la Corée du Sud a été résolu : un accord a enfin pu être trouvé permettant le retour sur le sol coréen des manuscrits royaux de la dynastie Joseon. Cette collection unique de manuscrits est aujourd’hui divisée entre Séoul et Paris. Près de 300 volumes précieux ont en effet été emportés en France à la fin du XIXe siècle par l’amiral Roze, à la suite d’une expédition de l’armée française en Corée.
Ce retour n’est pas positif pour tout le monde, notamment pour certains conservateurs de la Bnf qui déclarent dans un communiqué (et une pétition) : Cette décision a été prise contre l’avis de la Bibliothèque et contre l’avis du Ministère de la culture qui depuis des années ont toujours plaidé pour des solutions avec réciprocité ou contrepartie (échange, prêt croisé ou par rotation, prêt par sous-ensembles…). Ils sont aujourd’hui désavoués.

Les têtes maories (mai 2010)

Plusieurs centaines de têtes maories sont (ou ont été) exposées dans des musées à travers le monde. La Nouvelle-Zélande a déjà obtenu satisfaction, en obtenant des réponses positives de plusieurs musées, quant à la restitution de ces têtes. Celles exposées en France sont donc concernées par la loi entrée en vigueur en mai 2010 autorisant cette restitution, et instituant le processus de déclassement de pièces exposées dans les musées français.

La Vénus Hottentote (2002)

Ce n’est qu’en 2002, après le vote d’une loi spéciale que la France restitua la dépouille à l’Afrique du Sud. Le moulage du corps de Saartje Baartman sera exposé au Muséum puis au musée de l’Homme jusqu’au milieu des années 70. L’histoire de cette femme sud-africaine avait été evoquée dans un précédent Point d’actu : Elle s’appelait Sawtche

Ailleurs

Le Centre culturel Jean-Marie Tjibaou de Nouvelle Calédonie a une démarche particulière, bien que les accords de Nouméa de 1998 prévoient la restitution aux Kanak des objets de leur patrimoine. Le centre dispose d’un espace appelé Bwénaado (réunion, cérémonie coutumière) où sont exposées des pièces prêtées pour une durée de trois ans par des musées extérieurs.

Quid des Restes humains ?

C’est véritablement le débat concernant la restitution des restes humains par les musées qui reste le plus virulent, et pose le plus de questions (juridiques, éthiques…)
“À qui appartiennent les restes humains présents dans les collections ethnographiques ? Doivent-ils demeurer dans les musées ou être restitués à leur société d’origine ? Laurent Berger revient sur les enjeux anthropologiques et politiques de ces questions qui suscitent aujourd’hui de nombreuses controverses.”(article Des restes humains, trop humains ? sur le site de La Vie des idées).

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