Avant Lindbergh
Publié le 26/04/2021 à 08:55
- 4 min -
Modifié le 24/04/2021
par
DptSciencesTechniques
Ce 21 mai 1927, à 22h20 un petit avion se pose sur l’aérodrome parisien du Bourget après 33 h 30 de vol direct depuis New-York. A son bord, Charles Lindbergh, jeune pilote américain encore inconnu. Plus pour longtemps. Aujourd'hui, pour beaucoup de monde Lindbergh est le premier vainqueur de l’Atlantique. Le premier ? En est-on bien sûr ?
Lindbergh est l’auteur d’un exploit remarquable. Il est le premier à relier en avion deux villes, de continent à continent, en solitaire et sans escale au-dessus de l’Atlantique Nord. Mais il n’est pas le premier à franchir cet océan par les airs : une cinquantaine de personnes l’ont précédé. Rendons ici hommage à quelques-uns d’entre eux… Et à deux malheureux candidats.
Dès 1913, le prix Northcliffe pour le premier vainqueur de l’Atlantique
Roland Garros franchit la Méditerranée en avion sans escale le 23 septembre 1913. Lord Northcliffe, propriétaire du journal anglais le Daily Mail, voit plus loin. Il propose une récompense de 10 000 livres au premier à franchir l’Atlantique en avion, de la côte est américaine à l’Angleterre ou l’Irlande, en moins de 72 heures de vol. Les pilotes qui tenteront la traversée sont autorisés à amerrir tout au long du trajet et à se ravitailler en carburant aux Açores. Étant donné le développement de l’aviation en 1913, le pari semble audacieux et ne sera pas tenté avant que la Première guerre mondiale ne mette le projet entre parenthèses.
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Le parcours détaillé de Read entre Terre-Neuve et les Açores (Wikimedia Commons)
29 mai 1919 : Albert Cushing Read remporte le prix Northcliffe
Le 8 mai 1919, trois hydravions Curtiss de l’US Navy décollent de Rockaway (New-York) pour rejoindre l’Europe via les quelques escales autorisées par Lord Northcliffe. Un seul y parviendra, les deux autres abandonnant suite à des ennuis mécaniques. Le 27 mai, après une escale aux Açores, l’hydravion Navy-Curtiss NC-4 d’Albert Cushing Read amerrit dans les eaux du Tage à Lisbonne. Le 29 mai 1919, il rallie Plymouth en Angleterre.
L’Atlantique est enfin franchi, certes avec des haltes, mais en moins de 72 heures de vol (sans les escales) et avec un énorme trajet direct de Terre-Neuve (Canada) aux Açores. La performance est colossale… et va être éclipsée par un vol transatlantique encore plus fameux quinze jours après !
14-15 juin 1919 : l’exploit d’Alcock et Brown
Au sortir de la Première guerre mondiale, le stock d’avions démilitarisés, notamment de bombardiers, est énorme. Quoi de mieux qu’un bombardier au long rayon d’action, comme le Vickers Vimy IV, pour tenter l’aventure au-dessus de l’Atlantique ? C’est ce que pensent les deux britanniques John Alcock et Arthur Whitten Brown.
Le 14 juin 1919, les deux moteurs Rolls-Royce de 360 chevaux chacun arrachent le lourd Vickers Vimy gavé de carburant. Ils quittent Trepassey Bay à Terre-Neuve. Cap à l’est. 15 heures et 57 minutes plus tard, leur bombardier se pose à Clifden, Irlande : environ 3 500 km sans escale. Pas de gros problème pendant le vol à part un moulin récalcitrant et du givre à gratter à l’entrée d’air des moteurs… en montant sur l’aile en plein vol. Et un atterrissage mouvementé dans une tourbière prise pour une prairie. Les pilotes sont saufs, mais l’avion est très endommagé.
A l’époque le retentissement de ce vol est immense et l’on considère depuis que le premier vol transatlantique sans escale est celui d’Alcock et Brown et 1919.
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Après l’atterrissage mouvementé d’Alcock et Brown en Irlande (Wikimedia Commons)
Juillet 1919 : premier aller-retour au-dessus de l’Atlantique
En cette prolifique année 1919, les britanniques sont encore à l’honneur. Le dirigeable Beardmore R 34, copie conforme d’un Zeppelin allemand de la guerre, décolle d’Est Fortune en Écosse le 2 juillet. A son bord 30 hommes d’équipages dirigés par le commandant GH Scott. Il atterrit à New-York le 6 juillet et revient en Grande-Bretagne le 13 juillet. Soit un trajet de 10 185 km. Bon d’accord, l’aller-retour est réalisé en ballon dirigeable et non en avion, mais quand même !
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Le R34 du record à l’atterrissage à Mineola (New York) le 6 juillet 1919 (WIkimedia Commons)
Mai 1927 : l’énigme de l’Oiseau blanc
Deux semaines avant la tentative de Charles Lindbergh, les pilotes français Charles Nungesser et François Coli décollent de Paris à bord de l’Oiseau blanc (baptisé en hommage à un chef indien rencontré par Nungesser) direction New-York. L’objectif : réussir la première traversée de l’Atlantique Nord dans le sens est-ouest, le plus compliqué du fait des vents dominants ouest-est. Mais les deux pilotes vétérans de la Première guerre mondiale ont préparé minutieusement leur vol.
Quand l’Oiseau blanc décolle du Bourget le 8 mai 1927 pour un vol très médiatisé, le climat est à l’optimisme. Si bien que sur la foi d’une fausse dépêche, le journal parisien La Presse fait sa Une sur l’arrivée à New-York… avant l’arrivée. Hélas, l’avion et leurs pilotes ne donneront plus jamais de nouvelle.
Pourquoi parler ici de cette tentative ratée ? Parce que depuis les années 1980, de nombreuses enquêtes tendent à vouloir prouver que l’Oiseau blanc a bien réussi à traverser l’Atlantique Nord mais se serait écrasé sur la côte est américaine.
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Carte postale de l’Oiseau blanc et Nungesser et Coli (Wikimedia Commons)
20-21 mai 1927 : Lindbergh
20 mai 1927, aérodrome Roosevelt de Long Island, près de New York. Un monomoteur Ryan version spéciale NYP (New-York Paris) est en bout de piste. L’appareil au nom de Spirit of St Louis, piloté par le jeune Charles Lindbergh s’élance et décolle péniblement, passant au ras des arbres en bout de piste. Cap sur Terre-Neuve avant de foncer vers Paris. La suite appartient à l’Histoire…
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Charles Lindbergh devant le Spirit of St Louis (PICRYL)
Pour aller plus loin
Les traversées de l’Atlantique avant Lindbergh / Georges Bornes, 2020.
Aviateurs : portraits légendaires des héros du ciel / Hervé Gouinguenet, 2014.
Aviateurs d’exception / Robert Galan, 2018.
Les as de l’Atlantique nord / Albéric de Palmaert, 2010.
Nungesser et Coli : premiers vainqueurs de l’Atlantique / Charles Garreau, 1990.
Charles Nungesser : de l’as de la Grande Guerre au disparu de l’Atlantique / Patrick de Gmeline, 2021.
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