Dans la tête des chercheurs
Cedric Leyrat, le planétologue qui étudie la surface des comètes et des satellites naturels des planètes
Publié le 07/03/2023 à 15:44 - 4 min - Modifié le 25/03/2023 par J.E.
Nous sommes souvent fasciné.es ou intrigué.es par les découvertes scientifiques, mais que savons-nous du travail concret des chercheurs ? Quelles questions se posent-ils ? Quels problèmes rencontrent-ils ? Avec quels outils travaillent-ils ? Rencontre avec Cédric Leyrat, Enseignant-Chercheur en Planétologie à l’Observatoire de Paris (CNRS) et Astronome-adjoint..
Quel métier rêviez-vous de faire quand vous étiez petit ?
Mon attrait vers l’astrophysique n’a pas été immédiat. Je voulais d’abord devenir cuisinier d’un restaurant, puis kinésithérapeute. Mais j’étais toujours curieux de ce qui nous entoure et intéressé par les explications physiques de tel ou tel phénomène. C’est véritablement à l’âge de 14 ans, alors en 4ème, que j’ai acheté avec toutes mes économies mon télescope. La première vision de Saturne et ses anneaux à travers ce télescope a été un véritable choc pour moi, et j’ai su à ce moment-là que je voulais devenir Astrophysicien.
Comment en êtes-vous arrivé à devenir planétologue ? Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre cette orientation ?
J’étais fasciné par les planètes lointaines et la découverte dans les années 90 des premiers objets massifs au-delà de l’orbite de Neptune. L’idée que des centaines de petits mondes existaient mais que nous ne les avions pas encore découverts m’intriguait. Et puis un jour, je suis tombé sur l’émission Nulle par Ailleurs sur Canal+ où l’astrophysicien André Brahic (co-découvreur des anneaux de Neptune) était invité. Ce fut une révélation pour moi. André était si passionné, si pédagogue et si investit, avec une telle énergie, que je me suis dit que je voulais travailler en planétologie. Huit ans plus tard, le hasard des rencontres ont fait qu’André est devenu mon co-directeur de Thèse…dont le sujet portait sur l’étude des anneaux de Saturne !
Et concrètement, au quotidien, c’est quoi être planétologue ?
Il y a deux approches à la planétologie : l’approche physique et l’approche géologique, les deux étant très complémentaires. Ma formation de physicien m’a naturellement orienté dans la première branche. Au quotidien, être planétologue consiste à lire les articles scientifiques récents, écrire du code informatique pour modéliser des phénomènes et les comparer aux données, analyser des données, préparer des observations sur de grands télescopes, travailler avec les ingénieurs du laboratoire en vue de la définition et du développement des instruments spatiaux que l’on va envoyer dans l’espace, préparer ses enseignements, gérer beaucoup de tâches administratives, discuter avec ses doctorants et ingénieurs…. bref une journée de 24h ne suffit pas mais c’est toujours passionnant tellement la diversité des tâches est enrichissante. Il y a aussi beaucoup d’opportunités de voyages, souvent pour des colloques ou meetings un peu partout dans le monde, même si nous avons tendance à privilégier de nos jours, pour des raisons environnementales et de coûts, des réunions à distance lorsque cela est possible.
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Je suis principalement investit sur la mission JUICE en ce moment. La sonde va être lancée en Avril 2023 et elle commencera l’exploration de Jupiter et de ses satellites en 2030. Je travaille aussi sur la préparation de la mission MMX de l’agence spatiale japonaise JAXA, qui doit ramener sur Terre des échantillons de Phobos, un petit satellite de Mars. Et puis je travaille aussi toujours sur l’analyse des données de la missions Rosetta qui a fait la une des actualités scientifiques en 2014-2016 pendant l’exploration de la comète Churyumov-Gerasimenko.
Vous travaillez à l’Observatoire de Paris (CNRS) quel est votre rôle au sein de cette structure ?
Je suis Astronome adjoint au sein de l’Observatoire de Paris et j’ai essentiellement trois tâches principales : La recherche, l’enseignement et les tâches de service. Ces dernières sont des activités dédiées à la communauté scientifique. Dans mon cas, je développe un logiciel de calcul 3D géométrique pour interpréter les données futures de la missions JUICE. Coté enseignement, je suis responsable d’une filière d’enseignement de Diplômes d’Université qui regroupe environ 350 étudiants, et je suis aussi co-responsable de la première année du Master Sciences de l’Univers et Techniques Spatiales SUTS de l’Observatoire-PSL. C’est un master ouvert à l’international dont l’enseignement est en anglais.
Pour terminer, quels sont les ouvrages, films ou auteurs qui ont été marquants pour vous ou qui vous ont inspiré dans votre parcours ?
Les livres de Jules Vernes ont été source de beaucoup d’inspiration et je les ai dévorés plus jeune. J’ai aussi beaucoup lu la revue Ciel et Espace, et deux grosses encyclopédies sur l’Astronomie et Astronautique qui m’ont donné une réelle passion pour l’exploration spatiale. Je suis plus critique par rapport aux films mais le film Apollo 13 m’a profondément marqué de par son réalisme.
Cédric Leyrat présentera son travail à la bibliothèque de la Part-Dieu le 25 avril prochain dans le cadre du cycle Dans la tête des chercheurs.
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2 thoughts on “Dans la tête des chercheurs”
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Merci pour cet article.
L’émission de Canal + s’appelait NulLE Part Ailleurs, et non Nul Part Ailleurs.
Les grandes heures de Canal…
Merci pour votre retour et votre correction.
Bien à vous.