Pollution de l’air, fléau de la modernité

- temps de lecture approximatif de 13 minutes 13 min - Modifié le 06/11/2020 par Sabine Bachut

Plus de 9 personnes sur 10 à travers le monde respirent un air ambiant trop pollué, selon l'OMS. Une pollution responsable chaque année du décès prématuré d'environ 7 millions de personnes. Mais la pollution de l'air est plus complexe que les simples pics de pollution mis en avant dans les médias. Cet article vous propose de faire le point sur la question.

pollution air
pollution air Photo by veeterzy on Unsplash

La pollution de l’air est la troisième cause de mortalité anticipée en France, derrière le tabac et l’alcool. Source de préoccupation et très présente dans les médias, elle est cependant peu connue du grand public. 61% des français s’estiment mal informés. Et beaucoup d’idées reçues en découlent. Par exemple, que répondriez -vous à la question suivante  : avez-vous ce sentiment désagréable que la qualité de l’air que vous respirez s’est dégradée ces 5 dernières années ? Si vous répondez “oui” spontanément, vous rejoignez l’avis de 52% des français, basé peut-être sur la multiplication des pics de pollution sur cette même période. Pourtant, cette impression est fausse : les données montrent que la qualité de l’air s’est au contraire améliorée depuis les années 2010 dans l’hexagone !

De fait, les pics de pollution sont trompeurs puisqu’ils ne reflètent pas la qualité de l’air dans une zone sur le long terme. Ils sont “l’arbre qui cache la forêt” : d’ailleurs, ce ne sont pas d’eux dont il faut le plus se méfier, mais de la pollution de fond, d’un niveau moins important mais présente au quotidien. Pour preuve, entre 2007 et 2010 à Paris, seulement 7% des décès et des hospitalisations cardiaques liés à la pollution de l’air ont pu être attribués aux pics, les 93% restants étant dus à la pollution chronique.

Quels sont les principaux émetteurs de polluants ? le transport est, bien sûr, incriminé, en particulier les moteurs diesel, même si ce n’est pas le seul secteur à polluer : l’industrie, la combustion (cheminées, chauffage au bois…) et l’agriculture ont aussi leur part de responsabilité. Des facteurs complexes qui s’entrecroisent pour mener à des situations où ces pollutions tuent de manière graduelle et silencieusement.

Source : Notre air est-il respirable ? Lise Loumé avec le Pr Francelyne Marano. Editions Quae. 2018

 

QUELS SONT LES MÉCANISMES DE LA POLLUTION DE L’AIR ?

Les phénomènes naturels (éruptions volcaniques, incendies de forêts…) mais surtout les activités humaines (industrie transports, agriculture, chauffage résidentiel…) sont à l’origine d’émissions de polluants, sous forme de gaz ou de particules, dans l’atmosphère.
Une fois émises dans l’air, ces substances sont transportées  sous l’effet du vent, de la pluie, des gradients de températures dans l’atmosphère et cela parfois jusqu’à des milliers de kilomètres de la source d’émission.
Elles peuvent également subir des transformations par réactions chimiques sous l’effet de certaines conditions météorologiques (chaleur, lumière, humidité…) et par réactions dans l’air entre ces substances. Il en résulte l’apparition d’autres polluants.

Les polluants de l’air
Il existe deux catégories de polluants atmosphériques :

  • les polluants primaires, émis directement : monoxyde d’azote, dioxyde de soufre, monoxyde de carbone, particules (ou poussières), métaux lourds, composés organiques volatils, hydrocarbures aromatiques polycycliques…
  • les polluants secondaires issus de transformations physico-chimiques entre polluants de l’air sous l’effet de conditions météorologiques particulières : ozone, dioxyde d’azote, particules)…

Il existe aujourd’hui des dizaines de milliers de molécules différentes, polluants avérés ou suspectés qui, pour beaucoup, agissent en synergie entre eux et avec d’autres paramètres (ultraviolets solaire, hygrométrie, acides, etc.). Les effets de ces synergies sont encore mal connus.

Source : gouvernement.fr

Des explications qu’on retrouve aussi dans l’excellent documentaire C’est pas sorcier :

QUELS SONT LES DIFFÉRENTS TYPES DE POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE ?

La pollution de l’air est à la croisée de plusieurs facteurs. Les interactions entre différents éléments peuvent mener à un niveau élevé de pollution sans forcément que ce soit visible lors des pics de pollution très médiatisés. On distingue les rejets locaux, les spécificités régionales et le changement climatique.

Les rejets locaux (industrie, combustions, véhicules, chauffage…) :

  • les particules (PM, acronyme de Particulate Matter en anglais) sont d’une manière générale des fines particules solides portées par l’eau ou solides et/ou liquides portées par l’air. Pour résumer, c’est de la poussière. Quant on parle de pollution de l’air, ces particules sont souvent issues de combustions qui ne sont pas totales. Elles génèrent ce qu’on appelle des imbrûlés. Quand on voit la fumée sortir du cheminée, d’un pot d’échappement ou quand on recrache de la fumée de cigarettes, c’est parce qu’il y a énormément de particules, de plus ou moins petites tailles. Les particules sont d’origines anthropiques (humaines) et naturelles. (source : respire-asso.org)

 

  • les oxydes d’azote (NOx)  proviennent essentiellement de la combustion des combustibles fossiles dans l’air (qui contient près de 80 % d’azote) à une température supérieure à 1 400 °C (moteurs thermiques ou cimenteries, certains chauffages et certains véhicules à moteur thermique notamment, y compris catalysés et de quelques procédés industriels (production d’acide nitrique, fabrication d’engrais, traitement de surface, etc.). (Source : wikipedia)

 

  • le dioxyde de soufre (SO2) provient principalement de la combustion des combustibles fossiles (charbons, fuels, …), au cours de laquelle les impuretés soufrées sont oxydées. (Source : actu-environnement.com)

 

  • le monoxyde de carbone (CO)  est un gaz incolore et inodore. Une fois inhalé, il pénètre dans le sang via les poumons, et se fixe sur l’hémoglobine à la place de l’oxygène. Il réduit ainsi l’oxygénation des cellules, provoquant une asphyxie. (Source : allodocteurs.fr)

 

  • les composés organiques volatils (COV) sont des composés organiques pouvant facilement se trouver sous forme gazeuse dans l’atmosphère terrestre. À l’échelle globale, ces COV sont à 10 % d’origine anthropique (provenant du raffinage, de l’évaporation de solvants organiques, imbrûlés, etc.) et à 90 % d’origine biotique (COVB ou COV biogéniques émis par les plantes ou certaines fermentations). Selon les cas, ils sont plus ou moins lentement biodégradables par les bactéries et champignons, voire par les plantes, ou dégradables par les rayonnements UV ou par l’ozone. (Source : wikipedia)

 

  • les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) font partie des polluants organiques persistants, produits principalement par combustion des matières organiques (combustion d’énergies fossiles, feux de forêt). (Source : ree.developpement-durable.gouv.fr)

 

  • Les métaux lourds, ou éléments traces métalliques (ETM), existent naturellement mais en quantités très faibles dans les sols, l’eau et l’air. Certaines activités humaines, comme la combustion du charbon, du pétrole, des déchets et certains procédés industriels en rediffusent en revanche en grande quantité dans l’environnement. Ils sont souvent liés aux particules fines PM2,5, à l’exception du mercure, qui est principalement gazeux. Si une partie des métaux lourds retombe aux alentours de la source d’émissions, certains peuvent voyager sur de longues distances. Les métaux lourds ne posent pas seulement un problème pour la pollution de l’air : ils sont biopersistants, perturbent les écosystèmes, détériorent les sols, les eaux de surface, les forêts et les cultures et s’accumulent dans la chaîne alimentaire. Certains sont cancérigènes pour l’homme. (Source : actu-environnement.com)

 

Les spécificités régionales :

L’exposition dépend aussi du lieu, de la saison, et du moment de la journée. Certains bassins régionaux sont ainsi identifiés comme particulièrement sensibles à la pollution, comme Paris ou la vallée de Chamonix. Le vent jouant un rôle important dans la propagation des polluants qu’ils soient industriels ou agricoles. Ou l’effet “cuvette” de certaines vallées qui empêchent, justement, une ventilation nécessaire.

Pour aller plus loin :

Le changement climatique :

Les interactions entre le changement climatique et la qualité de l’air sont complexes. D’un côté, certains polluants de l’air tels que l’ozone et les particules issues d’activités de combustion, contribuent à l’effet de serre. De l’autre, l’élévation des températures favorise la concentration de certains polluants dans l’atmosphère, tels que l’ozone, qui favorise aussi les feux de forêt et donc des émission de particules et de polluants.

Pour aller plus loin :

 

QUELS SONT LES EFFETS DE LA POLLUTION DE L’AIR ?

 

 - voir en plus grand

 

L’exposition à court terme (pic de pollution) mais surtout l’exposition sur le long terme (chronique) à la pollution de l’air  a des impacts importants sur la santé, en particulier pour les personnes vulnérables ou sensibles. A savoir : femmes enceintes, nourrissons et jeunes enfants, personnes de plus de 65 ans, personnes souffrant de pathologies cardio-vasculaires, insuffisants cardiaques, mais aussi les personnes se reconnaissant comme sensibles lors des pics de pollution et/ou dont les symptômes apparaissent ou sont amplifiés lors des pics (par exemple : diabétiques, personnes immunodéprimées, personnes souffrant d’affections neurologiques ou à risque cardiaque, respiratoire, infectieux).

En France, la pollution de l’air extérieur représente :
– 48 000 décès prématurés par an ce qui correspond à 9% de la mortalité en France ;
– un coût de la pollution de l’air (extérieur et intérieur) annuel total de 100 milliards d’euros dont une large part liée aux coûts de santé ;  
– des allergies respiratoires liées aux pollens allergisants chez 30 % de la population adulte et 20% des enfants.

Source : gouvernement.fr

 

COMMENT L’ETAT S’EMPARE DE CETTE QUESTION

D’après un rapport du Sénat de 2015 et intitulé « Pollution de l’air : le coût de l’inaction », le coût de la pollution s’élèverait à plus de 100 milliards d’euros par an pour l’Etat.

La commission d’enquête sénatoriale avait pour objectif d’estimer le coût économique et financier de la pollution en France.

Selon les résultats de cette commission, le coût sanitaire annuel de la pollution de l’air extérieur pour la France serait donc estimé entre 68 et 97 milliards d’euros par an.

Après plus de trois mois d’auditions et d’enquêtes, la facture de la pollution de l’air est astronomique.  Voir la vidéo issue de ces concertations ::>

Au niveau des politiques actuellement mis en place en France, vous pouvez retrouvez les notes d’intentions, les programmes et organismes de surveillance, ainsi que les normes à mettre en oeuvre sur ecologie.gouv.fr.

 

POLLUTION DE L’AIR AU NIVEAU MONDIAL

Ce coût, au niveau de la France, est aussi à rapporter à l’ensemble de la planète, avec des pays dramatiquement touchés. A voir, le film Irrespirable de 2016 qui fait un tour du monde sur cette question :

A voir et à écouter pour compléter le visionnage de ce film : une rencontre avec la réalisatrice Delphine Prunault  et Alice Bomboy, coauteure du livre Irrespirable : comment échapper à l’asphyxie.

Pour compléter, un excellent dossier de l’OMS qui fait le point sur la pollution de l’air dans de nombreux pays : Neuf personnes sur 10 respirent un air pollué dans le monde.

 

LA POLLUTION DE L’AIR INTÉRIEUR

Pièces insuffisamment aérées, émanations multiples ou même abus d’encens… L’air de nos logements est parfois plus pollué que celui de nos rues. Longtemps négligée, “la qualité de l’air intérieur est un sujet de santé publique majeur“, souligne Nadia Herbelot, cheffe du service qualité de l’air à l’Agence de l’environnement (Ademe).

En 2014, l’Anses avait évalué à près de 20.000 par an le nombre de décès prématurés provoqués par six polluants intérieurs les mieux étudiés (benzène, radon, trichloréthylène, monoxyde de carbone, fumée de tabac, et surtout particules). “Difficile de dire si la situation générale s’améliore” ou pas, dit Gilles Aymoz, chef du service Bâtiment à l’Ademe. “Les cas sont hétérogènes, ils dépendent des comportements de l’usager, et de la qualité des systèmes de ventilation.”

En savoir plus :

 

FORMATIONS

Vous avez envie de vous former sur cette question ? AIRDUCATION de l’Université de Paris-Est Créteil et Airparif ont mis en place des modules de formation sur les différents aspects de la pollution de l’air : comprendre la chimie des polluants, les effets de la qualité de l’air sur la santé, exposition aux polluants  et les réglementations et politiques publiques en faveur de la qualité de l’air.

Vous voulez en parler à vos enfants, à vos élèves ? Voici des outils pédagogiques très bien conçus sur lairetmoi.org piloté par une personne issue d’AtmoSud. Propose des diaporamas animés, quiz, vidéos, guides pédagogiques regroupant des compléments d’information, chiffres clef, définitions, travaux pratiques, conseils pédagogiques pour accompagner les enseignants, parents et animateurs désireux de sensibiliser des enfants à la qualité de l’air.

 

COMMENT SE PROTEGER DE LA POLLUTION DE L’AIR ?

Outre les principaux conseils édictés par le gourvernement : éviter le sport, les activités trop intenses, prendre rendez-vous chez le médecin en cas de difficultés respiratoires et enfin, pas des moindres, évitez de sortir.

Vous pouvez aussi vous abonner à des bulletins d’information sur la qualité de l’air auprès des organimes ATMO France.  Pour exemple, l’ATMO d’auvergne Rhône Alpes.  Cependant, si vous ne pouvez pas agir sur l’air extérieur, vous pouvez néanmoins améliorer la qualité de votre air intérieur par quelques astuces :

  • aérer sa maison au moins 10 minutes par jour à un moment calme de circulation des véhicules, soit tôt le matin, soit tard le soir. En effet, en isolant la maison de l’extérieur, vous enfermer les polluants avec vous, vous en respirez d’autant plus que vous ne faites pas circuler l’air
  • essayer de nettoyer votre intérieur avec des produits peu polluants, comme le vinaigre blanc. Les produits ménagers vendus en grande surface contiennent nombre de polluants chimiques que vous pouvez respirer après utilisation.
  • Mettre des plantes vertes dépolluantes. Elles réduiront le nombre de polluants présents dans votre appartement

DES QUESTIONS ?

Airparif vous propose une foire aux questions les plus courantes sur la pollution de l’air.

 

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