La mémoire des champions

- temps de lecture approximatif de 3 minutes 3 min - par scorroyer

Pourquoi certaines personnes retiennent-elles plus de choses que d'autres, comme les gagnants des quizz par exemple ? C'est que nous allons essayer de comprendre, en explorant les mécanismes de leur mise en mémoire...

La mémoire est un processus biologique qui permet de stocker et de restituer des informations. Elle s’appuie sur des réseaux de neurones du cerveau.

Notre mémoire est composé de 5 types de mémoires :

la mémoire de travail : c’est une mémoire “à court terme”, qui nous permet de manipuler des informations durant une courte durée, comme par exemple mémoriser un numéro de téléphone, le temps de le noter, avant de l’oublier rapidement.

La mémoire sémantique : elle concerne la connaissance de soi et du monde. Elle est en évolution perpétuelle, elle évolue tout au long de notre vie. Elle nous permet par exemple de mémoriser le sens des mots, ou le fait que la seconde guerre mondiale a eu lieu entre 1939 et 1945.

La mémoire épisodique : elle est liée aux évènements passés et futurs de notre vie personnelle

La mémoire procédurale : elle nous permet de nous remémorer certaines actions “automatiques” comme faire du vélo ou conduire.

La mémoire perceptive : elle est plus liée aux sens, elle nous aide par exemple à garder en mémoire les visages des gens que nous connaissons.

Monica Thieu fait partie des gagnants du jeu télévisé “Jeopardy” aux Etats-Unis, qu’elle a remporté en 2012. Elle est ensuite devenue chercheuse en psychologie à l’Université d’Emory, aux Etats-Unis.

En discutant avec d’autres gagnants du jeu “Jeopardy” en 2019, elle s’est rendue compte que de nombreux autres vainqueurs étaient capables d’associer une information et les circonstances de son apprentissage (quoi, quand, où, comment ?).

Pour vérifier cette hypothèse, avec ses collègues chercheurs, elle a recruté des participants sur une communauté de jeux en ligne. Elle leur a ensuite fait passer un test de 50 questions. La moitié des participants ont été, grâce à leurs résultats, considérés comme “experts” car ayant obtenu le score minimum de 35 bonnes réponses.

Ensuite, elle et son équipe, leur ont fait visiter des expositions virtuelles afin qu’ils y découvrent des faits nouveaux, sur la vie des dinosaures, la géologie des pierres précieuses ou l’histoire des instruments de musique par exemple. Les éléments présentés l’étaient sous forme d’un petit texte, associé à une photo pour un nouvel objet.

Après la visite de ce musée virtuel, les participants ont répondu à 80 questions liées à l’exposition.

A la fin de l’expérience, Monica Thieu et ses collègues chercheurs ont découvert que les participants ayant obtenu le plus de bonnes réponses au quizz lié à l’exposition se rappelaient plus facilement des nouveaux faits découverts au musée quand ils se remémoraient le petit texte de présentation en lien avec la photographie présentée.

Les résultats de l’étude, publiés en février dans la revue Psychonomic Bulletin & Review montrent donc que ces “stars de la mémoire” possèdent une forte capacité à mémoriser de nouveaux savoirs, mais aussi, une importante faculté à les associer au contexte dans lequel ils ont été rencontrés. Cette contextualisation permet alors un meilleur ancrage de ces connaissances dans leur mémoire.

Cependant, le questionnaire a été posé aux joueurs seulement 30 minutes après la visite de l’exposition.

Afin d’obtenir des éléments plus précis sur le lien entre la mémoire sémantique et la mémoire épisodique dans l’apprentissage, il faudrait utiliser un espace temps plus long entre la visite de l’exposition et la restitution des connaissances.

A ce titre, que retiendrez-vous de votre visite au musée cet été ? Racontez-nous à la rentrée !

Pour aller plus loin :

Mémoire : une affaire de plasticité synaptique, article publié sur le site de l’Inserm

Dans nos collections :

Revue “Cerveau et Psycho“n°165, mai 2024

 

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