À redécouvrir

Goldie “Timeless” (1995)

- temps de lecture approximatif de 2 minutes 2 min - par Julien R

Si le nom de Goldie peut être totalement inconnu du grand public aujourd'hui, c'est tout le contraire dans le monde de la musique électronique britannique. Avec son premier album Timeless, sorti en 1995, il a contribué à populariser les branches que sont la jungle et la drum and bass, pourtant encore des niches dans la grande famille de la musique électronique.

Lorsqu’on commence à s’intéresser à l’histoire et aux différentes branches de la musique électronique, cela peut devenir vertigineux. On a clairement affaire à une musique qui ne cesse de se nourrir et de digérer des influences, parfois tellement variées qu’il est compliqué de toutes les retracer précisément. La jungle et la drum and bass ne font pas exception à la règle, elles-mêmes issues de mutations déjà complexes. D’ailleurs, on notera l’emploi de deux termes, interchangeables pour les uns, distinctifs pour les autres. C’est à travers le développement de ces deux sous-genres dans les clubs britanniques des années 90 que Clifford Price alias Goldie émerge.

Si Timeless n’est pas le premier album de drum and bass, il a contribué à rendre le genre visible et plus accessible au grand public. La base est la même que ce qui s’écoute dans les clubs londoniens dans les années 90 : une musique dansante aux motifs rythmiques complexes et aux lignes de basses profondes et syncopées. La grande caractéristique reconnaissable du genre reste l’Amen break : un échantillon issu du titre Amen, Brother du groupe de funk/soul The Winstons sorti en 1969. Ce motif trituré, réarrangé et déstructuré fait tout le sel de la drum and bass et de ses dérivés.

Là où Goldie s’est distingué de ses compères, c’est pour avoir amené des éléments plus mélodiques à une musique principalement rythmique. Dès le premier titre, morceau-fleuve de 21 minutes, Goldie pose une dynamique qu’on retrouvera sur quasiment l’ensemble de l’album : l’auditeur est accueilli par des sections de cordes atmosphériques et la voix soul de Diane Charlemagne avant que n’arrivent l’Amen break et les lignes de basses. Si cet ensemble tient sur le gros de l’album, les arrangements sont suffisamment progressifs pour ne pas être ennuyeux, à base de changements subtils, d’apparitions et de disparitions de boucles.

On trouve tout de même quelques exceptions à cette dynamique globale avec des morceaux comme Saint Angel, plus agressif et qui joue davantage sur les basses, les synthétiseurs et un sound design complexe ; ou encore State of Mind, dont l’instrumentation plus acoustique et la progression mélodique tient plus du R’n’B teinté de jazz que de la musique électronique. Ce dernier est peut-être même le morceau le moins intéressant de Timeless, vu la manière dont il tranche avec le reste du disque. Hormis ce point, le reste de l’album tient en haleine du début à la fin.

Certains critiques ont relevé à quel point il était osé pour Goldie d’intituler son premier album “Timeless”, soit “intemporel” en français. Mais force est de constater qu’il est devenu une référence en matière de jungle et de drum and bass. Le disque a même eu droit à son entrée dans le livre Les 1001 albums qu’il faut avoir écouté dans sa vie de Robert Dimery. Cela prouve sa place importante dans le monde de la musique électronique et même de la musique en général.

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