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Soeur Marie Keyrouz : Cantiques de l’Orient (1996)
Publié le 02/06/2023 à 01:24
- 3 min -
Modifié le 27/01/2024
par
GLITCH
Depuis la fin des années 80, Marie Keyrouz (sœur de son état religieux) a mis sa voix céleste au service de la découverte des liturgies chrétiennes du monde méditerranéen oriental.
Chant ambrosien de l’Eglise primitive de Milan, chants maronites ou melkites, rite byzantin.. Toute une mosaïque de traditions vocales révélées par le mezzo ductile et envoûtant de la chanteuse franco-libanaise. Elle fonde en 1984 l’Ensemble de la paix (10 chanteurs et sept musiciens, de confession et nationalité diverses), afin d’étudier et transmettre ce répertoire. S’égrène alors une discographie régulièrement saluée par la critique et plébiscitée par le public.
Leur premier enregistrement Chant byzantin (1989) témoigne de l’inspiration vocale de Marie Keyrouz. La pureté virtuose, ondoyante du motif soliste coule sur un hypnotique bourdon de basses, improvise un chant qui parfois se défait de la parole. Le chœur rayonne d’un halo cuivré, un ronronnement de pierres qui réverbère les circonvolutions de la louange. Une vocalise d’adoration aussi suave qu’habitée dans sa simplicité.
Quand est-ce que nous jubilons? Quand nous chantons ce qui est inexprimable.
Saint Augustin, sermon sur le Ps. 99
Jubiler, ce n’est point parler, c’est exhaler sans paroles un cri de joie : c’est la voix d’une âme dont la joie est au comble, qui exhale autant que possible ce qu’elle ressent (…)
Ce disque donne le ton des enregistrements suivants, jusqu’à ce Cantiques de l’Orient, paru en 1996.
Cette fois, le programme repose sur des compositions libanaises modernes. Les instruments classiques arabes (cithare, oud, nay, violon et percussions) se mêlent aux motifs liturgiques. Sept textes sacrés, écrits et chantés en arabe, plutôt qu’en grec ou syriaque (langues traditionnelles des liturgies chrétiennes d’Orient).
Les morceaux offrent une structure récurrente : introduction et passages instrumentaux, chant composé avec parfois des répons du chœur. Et toujours ces séquences d’improvisation où la voix s’abandonne au-delà de la parole.. Rythmes balancés et plages suspendues, richesse de l’accompagnement et poignantes envolées de mélismes..
Entre poésie chantée de la tradition syro-libanaise (muwashshah) et madrigal sacré, Marie Keyrouz accorde les sources musicales dans un raffinement inédit.
➣ Ses enregistrements disponibles à la BmL, et notamment Cantiques de l’Orient
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