Histoires musicales
Disco sucks
Publié le 06/03/2020 à 17:00
- 5 min -
par
Luke Warm
Depuis 1977 et le succès du film « La fièvre du samedi soir », le disco truste les premières places des charts américains s’attirant les foudres d’une partie du public rock qui va se déchaîner lors de la Disco Demolition Night.
Disco Queen
Issu de clubs noirs, latinos et gays, le disco et son image hédoniste rencontre le grand public à la faveur du succès du film dont John Travolta est la tête d’affiche et les Bee Gees (anglais, blancs et hétéros) les compositeurs de la BO. Le disco devient alors le genre dominant : les Bee Gees, Andy Gibb (le petit frère du trio mancunien), Donna Summer, Chic, Gloria Gaynor occupent successivement la première place du Hot 100 entre mi-1977 et 1979, mais aussi des convertis comme Rod Stewart, Blondie ou les Rolling Stones.
Les radios rock se convertissent aussi au disco comme la radio de Chicago WDAI qui se sépare notamment d’un de ses dj, Steve Dahl, garant de l’intégrité rock de l’antenne.
Steve Dahl deviendra alors un farouche vilipendeur du disco, multipliant les actions parfois mâtinées d’homophobie et de racisme : parodies, manifestations, occupation de clubs, destruction de disques…. Jusqu’à son initiative la plus connue : la Disco Demolition Night.
Disco Demolition Night
L’une des deux équipes de baseball de Chicago, les White Sox, pour remplir les tribunes du Comiskey Park et les caisses du club, n’hésite pas à organiser des événements pendant la mi-temps des matchs. Deux ans après y avoir organisée une parade disco, le club ouvre ses portes à Steve Dahl et aux anti-disco pour la Demolition Disco Night le 12 juillet 1979. Le concept est simple bien que contestable : venez avec un disque disco à détruire et vous pourrez accéder aux tribunes à un prix réduit.
Auteurs d’une saison médiocre et habitués à jouer devant environ 15 000 spectateurs, les White Sox voient affluer 45 000 personnes pour ce match, démontrant la prégnance de ce sentiment anti-disco (même si pour amener un disque disco, fallait-il encore l’avoir acheté) incarné par des pancartes et slogans hostiles dont le devenu célèbre « Disco sucks ». Bondé, Comiskey Park ne peut pas accueillir les quelques 20 000 personnes parquées à l’extérieur et qui tentent de rentrer.
A la mi-temps, Steve Dahl fait son apparition alors qu’un container rempli de disques jetés par les spectateurs est placé au centre du terrain. Mélangés à ces milliers de disques disco, des explosifs que Steve Dahl actionne pour une forme d’autodafé nauséabond et de mise à mort symbolique du disco. L’explosion détruit les disques… et laisse une pelouse ravagée empêchant le match de reprendre.
Une partie de la foule, hystérique, profite de l’absence de la sécurité, mobilisée à l’extérieur du stade, pour envahir la pelouse. L’événement tourne à l’émeute mais aussi au ridicule et au pathétique, obligeant la police à intervenir et aboutit à l’arrestation de 39 personnes.
Disco will never die
Le disco verra dans les années qui suivent son succès décliner sous sa forme originelle mais saura se renouveler en s’intégrant et en influençant des styles plus récents et novateurs comme la house ou le hip hop.
Pour aller plus loin :
- Une émission de France Culture consacrée au sujet
- Un documentaire (en anglais) sur la Disco Demolition Night
- La véritable histoire du disco par Peter Shapiro
- Le disco de A à Z avec ce dictionnaire
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