Que savez-vous sur Robespierre ?
Publié le 12/03/2025 à 21:06
- 7 min -
Modifié le 17/03/2025
par
ABC
Probablement le personnage le plus controversé de la Révolution française, Maximilien Robespierre, brillant avocat, orateur de talent, se lance dans tous les combats de l’été 1789. Député de l’Artois aux Etats généraux, souvent décrit comme distant et froid, ne connaissant pas la compassion, l’homme de la Terreur n’en est pas moins influencé par les idéaux humanistes, dont "l’amour des lois et de la patrie" fait partie intégrante.
Alors qui était véritablement Robespierre ? Plus de deux siècles plus tard, le débat continue, les filiations politiques suscitent polémique, alors que, plus largement, la Révolution française reste un élément central pour la compréhension de l’actualité. C’est pourquoi nous avons proposé une sélection bibliographique pour peindre les portraits de « l’Incorruptible ». Ces quelques titres illustrent les différents points de vue sur Robespierre, mais avant tout, ils essaient de répondre à de nombreuses questions, tout en soulevant de nouvelles interrogations sur le personnage et son époque.
Robespierre. L’homme qui nous divise le plus de Marcel Gauchet, Gallimard, 2018

D’éminents spécialistes retracent la légende de Robespierre avec ses pans noirs, une construction qui a commencé de son vivant. Ils mettent en exergue les conceptions politiques, les tensions et les paradoxes du personnage, suspendu entre ses combats d’avocat et de Conventionnel et son rôle de pourvoyeur de têtes pour la guillotine. Les analyses soulignent cependant la responsabilité collective de la Convention et du Comité du Salut public dans la mise en œuvre de la Terreur.
Le sous-titre de l’ouvrage traduit la vision que l’historien s’est forgé de Robespierre, en étudiant de très près son discours, exposé dans « Les œuvres complètes de Maximilien Robespierre », publié par la Société des études robespierristes entre 1912 et 1967. Il est l’homme qui a intégré les principes de la Révolution française, instaurant les Droits de l’Homme, mais il a été, pour l’auteur, également celui qui a érigé la Terreur, instrument du règne de la Vertu, pendant la période entre 1793- 1794.

Pour Marcel Gauchet, Robespierre a échoué à bâtir les bases d’un régime où les Droits de l’Homme s’érigeraient en principe fondateur. En résultat, son parcours illustre parfaitement le problème légué à la France par la Révolution.

Robespierre. Portraits croisés sous la direction de Michel Biard et Philippe Bourdin, Dunod, 2020
D’éminents spécialistes retracent la légende de Robespierre avec ses pans noirs, une construction qui a commencé de son vivant. Ils mettent en exergue les conceptions politiques, les tensions et les paradoxes du personnage, suspendu entre ses combats d’avocat et de Conventionnel et son rôle de pourvoyeur de têtes pour la guillotine. Les analyses soulignent cependant la responsabilité collective de la Convention et du Comité du Salut public dans la mise en œuvre de la Terreur.
Robespierre. La vertu et la terreur d’Antoine Boulant, Perrin-BNF, 2022
A partir d’une riche documentation issue des fonds de la BNF, constituée de tableaux, gravures, dessins ou brochures imprimées, Antoine Boulant tente d’esquisser une série de portraits de Robespierre tout en retraçant son parcours et les temps forts qui l’ont marqué. Pour conclure son propos, il présente un bref panorama d’opinions, allant du directeur général des finances de Louis XVI, Jacques Necker à Napoléon, puis une succincte étude de l’historiographie qui a été consacrée à Robespierre.


Paru en 2011 chez Gallimard folio, Robespierre par Joël Schmidt, historien, essayiste et romancier qui le présente sous un autre angle : Robespierre apparaît comme un jeune juge hésitant à signer un décret de peine de mort, à qui la Révolution inspire une pensée brillante, mais déshumanisée. Fervent admirateur des héros de la Rome antique, il de projette tantôt en Cicéron abattant les Catilina de la révolution française, tantôt en Brutus, envoyant le roi à l’échafaud. Il pousse son idéal jusqu’au crime et finit par approuver la Terreur.
Le peuple souverain et la démocratie. Politique de Robespierre, Editions Critiques, 2019
Yannick Bosc retrace l’action de Robespierre visant, entre 1789 et 1794, la construction d’une République démocratique plutôt qu’une République des propriétaires. En puisant dans les écrits robespierristes, l’historien restitue ce combat dont l‘ambition est de traduire politiquement la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
De même que les thermidoriens écrasèrent le mouvement populaire au nom de la bourgeoisie possédante en 1794, les relais du pouvoir actuel avaient réduit les gilets jaunes à une foule haineuse et informe. Ainsi, pour l’auteur, la Révolution reste une source d’inspiration pour les combats à mener.

Les échos de la Terreur. Vérités d’un mensonge d’Etat 1794-2001 de Jean-Clément Martin, Belin, 2018

L’auteur, autorité incontestable dans son domaine, procède à l’examen de la position originale prise par Robespierre : sa volonté de promouvoir « le peuple sublime » en l’incitant au dépassement de soi et à l’engagement collectif, mais aussi les hautes exigences morales dont il est porteur. Selon Jean-Clément Martin, l’échec de Robespierre illustre très clairement l’impossibilité à vouloir combiner la grandeur du « sublime » avec la complexité du politique.
Parallèlement, l’historien refuse de considérer que Robespierre a poussé sa pensée à son comble en proclament la Terreur car tout, à son avis, prouve le contraire. Il revient sur l’aplatissement de la compréhension de la Révolution que l’école romantique française va sceller et qui continuera au XXe siècle. La réflexion de l’historien est riche et intéressante, soulevant des interrogations sur le positif du négatif appliqué à la violence en tant que force motrice de l’histoire ou encore sur les liens entre terreur et totalitarisme, sans oublier les clivages des célébrations du bicentenaire de la Révolution.
Robespierre et la République sociale aux Editions critiques, 2024, par Albert Mathiez
L’auteur est l’un des plus grands historiens de la révolution française. Les historiens Florence Gauthier et Yannick Bosc ont réuni les textes qui forment une biographie politique de Robespierre. Elle nous plonge au cœur de l’action et de la pensée du tribun et met en évidence sa proximité avec le mouvement des Sans-culottes, moteur incontestable de la Révolution.

« Porteurs d’une véritable politique sociale, privilégiant le pouvoir législatif contre l‘exécutif, le droit à l’existence contre la propriété privée, Robespierre et ses amis de la Montagne ne concevaient la République que démocratique et sociale ».

Le spécialiste britannique décrit les derniers instants de Robespierre, retraçant scrupuleusement les évènements et les lieux de Paris révolutionnaire, heure par heure, faisant resurgir différents acteurs – fonctionnaires, commerçants, sans-culottes – dans une monographie de plus de 600 pages, fruit de longues années de recherches. Un travail impressionnant qui régalera tous les passionnés !
Pour en savoir plus, tous les curieux peuvent consulter notre catalogue, très riche en références.
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