Les nouveautés de la rentrée scolaire 2016 : les EPI
Publié le 01/09/2016 à 16:04
- 3 min -
Modifié le 13/12/2021
par
Entshukdigubg
Aujourd’hui, ma fille part en week-end scolaire faire du vélo dans les Alpes avec ses profs d’ Eps, SVT et de physique-chimie. Un peu étonnée, je me plonge dans le document fourni par le professeur principal. Peu d’explication. Les élèves vont observer un milieu naturel. Il s’agit d’un EPI : enseignement pratique interdisciplinaire. Ce sont des apprentissages théorisants, une pratique à laquelle collaborent plusieurs disciplines. Je reste donc avec de nombreuses interrogations et décide d’approfondir.
Mais qu’est-ce qu’ un EPI ?
Il s’adresse aux élèves de cycle 4 (5e-4e-3e). Sur les 26 heures d’enseignement au collège, trois sont consacrés aux EPI. Ils relèvent des enseignements pratico-théoriques. Une formule absconse pour désigner ce que devrait être une situation d’ apprentissage-enseignement. Lors des phases d’ investigation, la priorité est accordée aux apprentissages et lors des temps d’ enseignement, on consacre du temps à la structuration des acquis. Pour simplifier les EPI font appel à trois notions : la praxis = l’ action, la théorie = connaissance pour aboutir à la poésis = la production . C’est l’occasion d’ apprendre de manière différente, de parfaire ses connaissances et de consolider les fondamentaux. De plus, l’expression orale des élèves sera améliorée par le travail en groupe.

classroom©Pixabay
Travailler ensemble : un des objectif des EPI.
Les EPI bousculent l’organisation du collège, notamment les emplois du temps. Ils sont prévus sur plusieurs années et mis en place à partir de la cinquième. Ainsi, travailler sur la durée permettra de corriger les erreurs. Plusieurs enseignants travaillent ensemble, sur une période donnée, sur un thème précis et en adoptant plusieurs points de vue. L’EPI est un espace d’intelligence collective. Cela nécessite de réaliser un travail ambitieux qu’un seul élève ne saurait faire, résoudre des complexes, se montrer créatif. Le travail dans l’espace d’un EPI est innovant. Souvent, le réflexe professionnel d’un enseignant dans un projet à long terme est de tout baliser jusqu’ au résultat. C’est un frein à l’intelligence collective. Ici, les leviers à utiliser sont l’ innovation et l’autonomie. Dans le travail de groupe et c’est le cas de l’ EPI, l’enseignant se pose en régulateur. Il se doit d’ être négociateur et médiateur. Cependant, les élèves encore immatures ne doivent pas se débrouiller seuls. L’enseignant s’adapte, recadre, apporte des repères. Il est actif et présent sur le travail, et exigeant sur la production finale.
L’interdisciplinarité : une des caractéristiques majeures des EPI.
Outre la maîtrise de leur propre domaine, les enseignants explorent d’autres univers pour apporter une expertise pédagogique transversale. Un EPI ne se limite pas à juxtaposer plusieurs séances disciplinaires. Il invite l’équipe pédagogique à observer l’élève lors de la structuration de l’ensemble des connaissances abordées. Les enseignants sont invités à partager leurs pratiques, à négocier la contribution de leurs disciplines. L’ EPI s’ apparente alors à un véritable laboratoire d’ appropriation pédagogique du socle commun.
Chaque enseignement pratique interdisciplinaire porte sur l’une des thématiques interdisciplinaires suivantes :

EPI. © Ministère de l ‘ Education Nationale
Un exemple :
Soit un EPI en 5e associant les professeurs de français et d’histoire. Ils ont prévu de faire écrire aux élèves un récit collaboratif, mettant en scène un jeune novice et son maître parcourant l’Europe de la Renaissance, à la manière de Guillaume de Baskerville et Adso dans le nom de la rose d’ Umberto Eco.
Les professeurs ont réalisé avec Zempas (logiciel) un voyage fictif de ces personnages qui les conduira pendant cinq ans dans dix villes différentes. Ils rencontreront des humanistes célèbres ou visiteront des lieux incontournables. La production finale de la classe ressemblera à un manuscrit médiéval.
Le professeur d’arts plastiques a accepté de s’associer pour faire réaliser aux élèves sur ses heures de cours quelques lettrines et enluminures
Les professeurs ont laissé une certaine autonomie à leurs élèves les laissant construire une grande partie de leur parcours. Ils mènent en classe un brainstorming afin de penser le projet : à quoi sert ce travail ? Quelles sont les étapes ? De quoi avez-vous besoin pour réaliser le projet ? Comment sait-on si on a réussi ? Qui va faire quoi ? Quelles règles pour les groupes ? A partir de là les élèves ont tracé une feuille de route de ce qu’ils auront à faire pendant un trimestre sous forme de rétroplanning. On peut imaginer qu’à la fin de leur travail, ils se sentiront plus intelligents et créatifs. Cela dépendra en grande partie des choix que les enseignants auront fait lors de la préparation du projet pensé comme un lieu d’émergence de l’intelligence collective de leurs élèves. Pour en savoir plus sur ce projet consulter les cahiers pédagogiques no 528 mars-avril 2016. Pour en savoir plus : intelligence-collective-dans-la-classe.fr
Sources :
Ministère de l’ Education Nationale
Cahiers pédagogiques no 528 Mars-Avril 2016
En savoir plus :
Cercle des cahiers pédagogiques
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