“Je n’aime pas l’Histoire”

Brève

- temps de lecture approximatif de 4 minutes 4 min - par jbalandras

“Je n’aime pas l’Histoire”... une affirmation fataliste que l’on entend régulièrement. Nombreux sont ceux qui, marqués par une déconvenue scolaire, voient l’Histoire comme un déluge de dates creuses à apprendre par cœur, un fardeau inutile au quotidien. Et si on changeait la donne ?

Soyons positifs : l’avantage avec les “dates creuses”, c’est qu’on peut les remplir de quelque chose. Il n’y a pas de recette universelle miracle, mais les émotions restent un ingrédient très efficace : rien de tel qu’un récit individuel pour donner corps à un évènement historique. L’apprenant qui s’investit émotionnellement dans un sujet sera plus susceptible d’y trouver un intérêt et d’en garder un souvenir impérissable.

Prenons l’exemple de la Seconde Guerre Mondiale : son importance en fait un sujet très étudié tout au long de la scolarité des jeunes français, ce qui a malheureusement pour effet d’en lasser certains, qui vont parfois même jusqu’à se retrancher dans une posture cynique. Rien de mieux que la voix d’un témoin pour combattre cet écueil.

Loin de nous l’idée de vous resservir une énième fois la liste des classiques du genre ; laissez-vous tenter par ces deux nouveautés !


Côté témoignage : J’avais 9 ans quand ils ont nous raflées

Arlette Testyler naît à Paris en 1933. Elle est raflée au Vel d’Hiv avec sa mère et sa sœur en 1942, puis échappe à la déportation. Mûe par le besoin de témoigner, elle fonde en 1995 l’association “Mémoire et vigilance des lycéens” et intervient dans les classes, qu’elle emmène parfois voir Auschwitz. Elle permet aux élèves de mettre un visage et une émotion sur le programme qu’ils étudient ; c’est pour eux une rencontre aussi marquante que précieuse.

Mais tout le monde n’a pas la chance de rencontrer un témoin direct de l’Histoire. En mai 2024, Mme Testyler publie le témoignage de la sienne. Elle projette d’abord le lecteur au jour de sa rafle, comme s’il y était. Puis elle raconte l’après : sa reconstruction personnelle, les années qui passent, son rapport aux chefs d’État français qui se succèdent, l’apparition des théories négationnistes et révisionnistes, le combat pour faire entendre sa voix, son contact, pas toujours facile, avec les élèves français dans le cadre de son activité associative…

Vous aussi, prenez le passé par la main en découvrant cet ouvrage disponible très prochainement à la BML.

“Il faut raconter exactement comme c’est, sans faire de pathos, sans dramatiser. Je pense que la vérité est suffisamment lourde et dramatique comme ça, sans en rajouter.”

Arlette Testyler

Côté fiction : Sur la colline où poussent encore ces fleurs

Yuri, lycéenne japonaise dans les années 2020, ne s’intéresse pas aux cours d’histoire qui lui présentent la Seconde Guerre Mondiale. Mais un soir, alors qu’elle a fugué de chez elle, elle se retrouve magiquement projetée en 1945, à Tokyo. Elle rencontre les japonais de l’époque, partage leur quotidien en temps de guerre et tisse des liens forts avec eux, en particulier avec un jeune pilote de l’armée…

Ce manga en deux tomes, publié en France en novembre 2023, traite le sujet du devoir de mémoire en milieu scolaire avec une touche de fantastique. Le problème de la distance entre l’étudiante indifférente et le passé de son pays est réglé de manière frontale par un voyage dans le temps. Pour les amateurs de fiction, c’est une méthode d’investissement émotionnel inspirante, un récit qui donne envie d’observer à la loupe les petits noms inscrits sur les monuments commémoratifs. On est heureux de percevoir chez Yuri le vif intérêt qui l’anime lorsqu’elle revient de son voyage temporel à la fin du récit.

Découvrez l’histoire de Yuri, déjà disponible à la BML.


L’Histoire peut s’incarner dans tous les supports. Archive ou fiction, prose ou images, lecture, écoute ou visionnage, il y en a pour tous les goûts : à vous de trouver ce qui vous correspond le mieux.

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