Les cartes contemporaines
Publié le 25/07/2017 à 17:27
- 7 min -
Modifié le 16/05/2020
par
Entshukdigubg
Carte routière, carte topographique, carte participative : tour d’horizon de nos pratiques cartographiques
Au début du XXe siècle, le parc automobile triple et le trafic routier augmente. La carte Michelin va donc s’imposer comme l’indispensable guide du conducteur. La carte routière est la première carte dite moderne.
Plus tard, le développement de la photographie aérienne va accélérer la production cartographique, puis la révolution numérique apportera la haute définition et la 3D.
Le XXIe siècle voit la naissance de la carte participative et en temps réel. Une innovation censée faciliter la vie des usagers mais dont l’impact est encore difficilement mesurable.
La carte Michelin
En 1910, on dénombre 5000 automobiles. Il n’y a pas de moyen de se repérer dans une France où presque rien n’indique, ni les routes, ni les lieux. Les frères Michelin qui ont à cœur de développer l’automobile crée la première carte routière en 1905. Elle est éditée à l’occasion de la coupe Gordon Benet et en décrit le parcours au 100 000ème, en Auvergne. Entre 1910 et 1913, Michelin réalise la couverture entière de la France en 47 cartes au 200 000ème.
La carte n°1 couvre la région de Clermont, siège des usines Michelin. Elle est entièrement dessinée à la plume, chaque texte écrit à la main sur des feuilles de calque. Dans ses grands traits, elle n’a pas changé et sert encore aujourd’hui de référence. Les légendes permettent de comprendre les codes cartographiques.
Michelin innove en matière de codification des couleurs. Il simplifie la lecture des légendes et s’affranchit des codes utilisés jusque- là. La couleur des routes renseigne sur la qualité de circulation : rouge pour les axes de grands trajets, jaune pour les liaisons interrégionales et blanc pour les dessertes locales. La bordure verte signale les itinéraires pittoresques et touristiques.
La carte topographique IGN
L’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) est un établissement public chargé de l’information géographique et forestière en France. L’Institut intervient en appui à l’évaluation et à la mise en œuvre des politiques publiques de prévention des risques, d’aménagement du territoire, de développement durable, de défense et de sécurité.
À partir de ses bases de données, l’institut édite sous forme papier ou numérique, des fonds cartographiques généralistes ou thématiques : carte de base au 1 : 25 000, cartes militaires, cartes aéronautiques, cartes dérivées thématiques, routières et touristiques, cartes en relief, plans de ville…
Plus de deux millions de cartes à toutes échelles et pour tous les usages sont imprimés par an par l’IGN.
Quelques exemples :
- Les cartes TOP 200 permettent de découvrir une région en voiture ou à vélo grâce aux nombreuses informations détaillées : intégralité du réseau autoroutier et routier, représentation du relief, points d’intérêts et tracé des chemins de Grande Randonnée.
- Les plans de villes sont adaptés aux citadins comme aux touristes. Y figurent index détaillé de la voierie, sens de circulation, musées, bâtiments remarquables, monuments historiques, parcs et jardins, ainsi que plan des transports en commun.
De plus, l’IGN permet au randonneur ou au touriste de créer lui-même sa propre carte et de l’adapter à ses envies. Ignrando est un portail collaboratif où chacun peut faire partager son expérience randonnée, donner ses conseils…
Comment lire une carte topographique IGN ?
Les cartes topographiques ne sont pas uniquement une représentation plane de la surface de la Terre. Elles permettent également à l’utilisateur de percevoir le relief, déterminer des altitudes et mesurer des pentes.
On trouve sur les cartes IGN des courbes de niveau, permettant de représenter le relief en 2D. Il s’agit de lignes imaginaires qui relient entre eux tous les points situés à une même altitude. Les courbes de niveau sont représentées par des traits continus orangé-brun (campagne, forêt, ville) gris (pierres) ou bleus (glaciers, neiges éternelles).
Entre deux courbes de niveau, il existe une distance de plusieurs mètres que l’on nomme équidistance. Sur les courbes les plus épaisses, on trouve l’altitude chiffrée (2000 m). Ce sont les courbes maîtresses. La différence entre le sommet et la courbe maîtresse permet d’évaluer la distance à parcourir lors d’une randonnée. Lorsque les courbes de niveau sont espacées, la pente est douce et abrupte lorsqu‘elles sont resserrées. Le fonds des cuvettes ou des cratères est indiquée par une flèche. ↙
La carte en 3D
Un Modèle Numérique de Terrain (MNT) est une représentation 3D de la surface d’un terrain. Le MNT permet de réaliser une image 3D (par exemple sur le logiciel Autocad) et fait ainsi ressortir le relief. Par contre, les objets situés à la surface d’un terrain tels les arbres ou les maisons ne sont pas représentés.
La carte ci-dessous est une représentation en trois dimensions de la côte ouest des États-Unis et du Mexique. On remarquera que le relief est exagéré afin de faire ressortir les chaînes de montagnes. Elle a été réalisé par la société française 3Dmap et Le Cartographe, dans le cadre du concours de cartographie Carte Blanche. Vous pouvez suivre les étapes de réalisation de cette carte sur le blog du Cartographe.
La carte participative
La carte participative qu’elle soit commerciale ou citoyenne implique un processus de co-construction qui multiplie les points de vue et contribue à une pluralité des représentations qui est souvent appréciée
Dans le cadre de projet de développement du territoire, les élus font appel à tous les citoyens
pour élaborer les cartes de leurs territoires. Les géographes ont été souvent surpris des résultats obtenus.
Par contre, de nombreux scientifiques décrient ces processus pour leur manque de rigueur et de scientificité.
Quelques exemples :
- Edugéo: un tutoriel vidéo sur la réalisation d’une carte réalisé par IGN communication
- Open Street Map est un projet international fondé en 2004 dans le but de créer une carte libre du monde. Les contributeurs collectent des données dans le monde entier sur les routes, voies ferrées, rivières, forêts, bâtiments…. Le projet est financé par des dons. Open Street Map met à disposition les données recueillies de plusieurs façons: des données brutes, un rendu de carte précalculé, des recherches par adresse (géocodage).
Comment contribuer à OSM :
En se rendant sur le site openstreetmap.org, vous pouvez contribuer de nombreuses façons. Il est possible pour les particuliers de corriger des informations manquantes comme un nom de rue, un nouveau sens unique… à partir d’images aériennes ou de traces GPS, de photos géolocalisées prises avec votre smartphone.
En tant qu’institution, vous pouvez contribuer en libérant des données comme l’ont déjà fait la métropole de Brest, des villes comme Rennes, Toulouse, Montpellier, des administrations comme la Direction Générale des Impôts avec le cadastre, des régions comme la région Auvergne via le Centre régionale Auvergnat pour l’information cartographique (CRAIG), etc.
Quelques réalisations d’OSM :
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- La carte des marchés de Noël
- Une cartographie des panneaux publicitaires :ce site a pour but d’établir, de coordonner et d’exposer une cartographie participative des panneaux publicitaires en France.
Le site Remonter le temps n’est pas à proprement parler un site collaboratif. Le fonds est cependant très riche. Il permet de comparer les cartes et les photographies aériennes actuelles avec des données géographiques historiques. On peut télécharger gratuitement les fichiers des cartes de Cassini (XVIIIe siècle), des minutes d’état-major ainsi que trois millions de clichés dématérialisés pris depuis 1919.
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- Ce site permet de suivre l’évolution d’un territoire en comparant deux cartes à des époques différentes. Enfin, Remonter le temps permet de produire un poster historique et de l’offrir à ses amis.

Évolution du glacier de Val-Thorens entre 1860 (minute d’état-major) et 2015 (photographies aériennes IGN)
Savez-vous comment se prononce le nom d’un pays… dans toutes les langues du monde ? Passionné par les voyages, David Ding a imaginé Localingual, une carte interactive et collaborative pour recueillir tous les noms des pays, prononcés par des internautes du monde entier. On ne prononce pas « Allemagne » de la même façon en français ou en italien ! Chaque internaute est libre d’apporter sa contribution : soit en enregistrant les noms des pays avec sa prononciation, soit en proposant des phrases usuelles avec son accent. Et chaque internaute peut voter. Le site est en cours d’élaboration. Une authentique tour de Babel.
Lancé en 2006, chaque internaute peut contribuer en ajoutant un lieu et en le délimitant par un polygone. Ensuite, il peut l’annoter, ce qui signifie associer un titre et un texte descriptif. En 2010, Wikimapia compte 13 millions de lieux décrits.
Et pour jouer, Minecraft à la carte :
À partir du site Minecraft® à la carte, saisissez l’adresse de votre choix et ensuite vous voilà prêt à jouer, construire…Avec une emprise de 5 km par 5 km, vous retrouvez dans Minecraft® tout votre environnement : votre maison, les routes, cours d’eau, reliefs, monuments, stades…
Pour en savoir plus :
- Juin 1913 : première édition de la carte Michelin, France Culture
- Lire une carte et s’orienter, IGN
- Cartes participatives, cartes collaboratives, Professeur Gilles Palsky, 2010
Cet article fait partie du dossier Voyage en cartographie.
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One thought on “Les cartes contemporaines”
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Intéressant. Merci pour la brève historique et la liste des sites.