Chasseurs d'images
L’immeuble “Le Montgolfier”
Photographe : Georges Vermard, 1959.
Publié le 29/10/2019 à 16:56
- 2 min -
Modifié le 31/07/2020
par
dcizeron
Les années 1950-1960 sont celles d’une intense crise du logement. L’effet cumulé des destructions de la seconde guerre mondiale, de la nécessaire amélioration de l’habitat et de l’exode rural incite les villes à se lancer dans des chantiers d’envergure. Si l’on parle fréquemment des grands ensembles suburbains, les centres villes ont également été le terrain d’expérimentation des urbanistes et des architectes. On pense, pour Lyon, au quartier de la Part-Dieu ou Moncey-Nord. Mais les Brotteaux connaissent aussi d’importantes réalisations.
Le quartier Brotteaux-Nord, situés dans le 6eme arrondissement, à quelques encablures du Parc de la Tête-d’Or, est un quartier décrépit. L’habitat est caractéristique des constructions de qualité médiocre édifié sur les larges emprises foncières appartenant au Hospices civiles de Lyon. Ce faubourg s’est bâti dans le dernier tiers du XIXe siècle. Le paysage est une alternance de petits immeubles, souvent dit « de rapport », maisons, ateliers, usines.
Requalifier le quartier
Le Plan d’Urbanisme du Groupement d’Urbanisme de la Région Lyonnaise envisage de « récupérer des secteurs intra-urbains sous-utilisés et dégradés ». Il cible les Brotteaux-Nord. Il classe le quartier en quatrième position dans l’ordre des priorités de réqualification, après la Part-Dieu, Moncey-Nord et Le Tonkin. Les documents du Groupement d’Urbanisme de la Région datent pour la plupart des années 1960, soit après la construction de l’immeuble Le Mongolfier en 1959. Ils constituent néanmoins l’aboutissement d’un travail antérieur d’enquête, commencé vers 1949 par René Gagès sous la direction de Jean Revillard.
L’immeuble le Montgolfier
René Gagès est justement l’architecte de l’immeuble Le Montgolfier, un des premiers projets d’envergure sur le quartier des Brotteaux-Nord. Cet immeuble s’inspire des techniques expérimentées par Gagès sur le chantier de Bron-Parilly : celles du chantier industrialisé. Trois idées directrices sont retenues :
- La répétition d’éléments toujours semblables caractérisés par l’unité du « cadre caisson »
- La fabrication en atelier et en usine notamment de tous les éléments standardisés (distribution intérieure, distribution des fluides, blocs cuisine et sanitaires)
- Indépendance des corps d’état
Ce qui fait dire à René Gagès que le promoteur privé Raymond Walch, a démontré un courage certain pour « faire de la copropriété en acceptant l’esthétique du logement social ».

René Gagès, architecte, Jean Prouvé, ingénieur et Jean Amado, céramiste, Étude pour le Montgolfier à Lyon, 4janvier 1961, encre lavis et letraset sur calque, ADRML ,150 J 3-1, Celine CADUM (CC BY-SA 4.0)
En 2006, la résidence Duquesne réalisé par l’architecte Jacques Delattre remplacera les petits immeubles, au premier plan de la photographie. Les immeubles récents ont progressivement remplacé au cours des 50 dernières années l’habitat ancien aux Brotteaux-Nord. Parmi les bâtiments remarquables, on peut citer le Consulat de Pologne construit par Piotr Sambat en 1976, au 79 Rue Crillon.

Pose de la première pierre du Consulat de Pologne par Piotr Sembat et Witold Dinowski, Georges Vermard, janvier 1976, BML, P0702 B07 26 983 00016.
Bibliographie
- Grafmeyer (Yves), Habiter Lyon, CNRS, Lyon, 1991.
- Gages (René), Les Chemins de la modernité, Mardaga, Liège, 1989.
- Clémençon (Anne-Sophie), La Ville ordinaire, généalogie d”une rive, Lyon 1781-1914, Parenthèses / CAUE Rhône métropole, Lyon, 2015.
- Pelletier (Jean), Connaître son arrondissement : le 6e, les Brotteaux, Bellecombe, Editions Lyonnaises d’Art et d’Histoire,Lyon, 1999.
- Conseil général du Rhône, Groupement d’urbanisme de la région lyonnaise : consultation du Conseil général sur le projet de plan, Lyon, 1960.
Partager cet article