Le Vinatier : gestion du patrimoine et vision d'avenir
Publié le 07/12/2007 à 00:00
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9 min -
Modifié le 30/09/2022
par
Admin linflux
[*Sommaire*]
Historique du Vinatier
Le Vinatier aujourd’hui
La FERME du Vinatier
Le Projet d’Urbanisme et de Paysages (PUP) 2006-2026
La loi du 30 juin 1838
légifère pour la première fois sur le traitement des aliénés et entraîne la création sur le territoire français d’établissements spéciaux, dont elle détermine le fonctionnement et les moyens financiers.
Dans le Rhône, les aliénés sont traités dans un service spécifique de l’Antiquaille, dépendant des Hospices civils de Lyon, mais le service ne répond pas aux réglementations de la loi de 1838. Joseph Arthaud, médecin chef de ce service, parvient à convaincre en 1868 le Conseil Général de la nécessité de construire un véritable asile pour le Rhône.
37 hectares sont acquis sur la commune de Bron pour permettre la construction d’un asile pour 1200 aliénés.
Le projet est confié à l’architecte Antonin Louvier, déjà auteur de la prison Saint-Paul, d’une partie de la préfecture et d’établissements scolaires.
La disposition des bâtiments est de type pavillonnaire, la chapelle d’inspiration byzantine au centre marque la séparation entre le quartier des hommes et le quartier des femmes.
Autour des pavillons s’étendent les terres agricoles, ainsi que la « Ferme du Vinatier », en fait deux bâtiments, un par sexe : l’asile doit vivre en autarcie selon les théoriesde la psychiatrie de l’époque.
En 1890, une grande ferme générale est construite et les deux anciens bâtiments transformés en services de soins.
Malgré les agrandissements, le Vinatier est rapidement surpeuplé : on recense 2136 malades en 1914 et 2869 en 1939 à la veille de la seconde guerre mondiale.
L’occupation est la période noire de l’histoire du Vinatier comme des autres hôpitaux psychiatriques français. On dénombre près de deux mille victimes entre 1940 et 1944, par manque de soins et malnutrition, comme le souligne un article du Monde
(Régis Guyotat, Le Monde, 17/10/2003). A partir de 1950, la situation des malades du Vinatier s’améliore et l’on passe d’une volonté d’enfermement pour protéger la société à une politique de soins à l’extérieur de l’asile, à domicile ou dans les antennes locales dépendant du Vinatier. Cette vision des soins est celle qui prévaut toujours aujourd’hui.
Le Centre psychiatrique du Vinatier compte 672 lits aujourd’hui. En 2006, on a recensé 7122 entrées dont 641 en hospitalisation, le reste en placement libre (en 1985 déjà, 93 % des malades étaient traités en placement libre).
Sa vocation psychiatrique s’étend désormais bien au-delà de ses murs, au plus près des malades, en concertation avec des partenaires politiques et sociaux et en implantant plus de 60 structures extra-muros rattachées.
Comme rappelé sur son site Internet, l’établissement assure trois missions :
les soins préventifs, curatifs et palliatifs : avec une double garantie de libre accès à tous et de continuité des soins. Il dispose de douze services de psychiatrie adulte (pour douze secteurs géographiques) et cinq services de pédopsychiatrie intersectoriels,
l’enseignement : qu’il soit universitaire et/ou post universitaire. Le service public hospitalier concourt également à la formation initiale et continue des personnels. Il compte six services hospitalo-universitaires, un Institut de formation des soins infirmiers et un Institut de formation des cadres de santé,
la recherche dans le domaine médical, odontolgique, pharmaceutique et infirmier.
Le Centre du Vinatier est aussi un lieu de conservation des traces de son passé champêtre et asilaire à travers les bâtiments anciens réhabilités, l’organisation spatiale et architecturale des pavillons, d’une ferme (volonté d’une vie en autarcie) témoignant du
fonctionnement d’un asile psychiatrique à la fin du 19e siècle, basé sur la pensée d’un système utopique d’assistance aux malades mentaux vivant en cercle fermé, qui a prévalu à la construction d’une série d’établissements en France.
De cet état de fait a découlé une démarche patrimoniale qui à abouti en 1997 à la création de la Fondation pour l’Etude et la Recherche sur les Mémoires de l’Expression du Vinatier, plus connue sous son acronyme la FERME, pensé pour rappeler que le bâtiment accueillant cette unité culturelle était à l’origine une partie de l’exploitation agricole toujours présente au Vinatier.
Cette structure, intégrée au Centre hospitalier psychiatrique Le Vinatier, soutenue par l’Etat et les Collectivités territoriales,
inscrit son action dans le cadre du programme national « culture à l’hôpital » lancé en 1997 et qui a fait l’objet d’une convention entre le Ministère de la culture et de la communication et le Secrétariat d’Etat à la santé, en 1999.
L’ouvrage CH Le Vinatier Lyon-Bron
rappelle que la FERME du Vinatier explore trois axes de travail principaux : mémoire et patrimoine,
recherche en sciences sociales et culturelles,
création et diffusion artistique.
Les partenariats avec les acteurs culturels et universitaires permettent la réalisation de projets, dont les formes sont très diverses :
résidences d’artistes, ateliers de création artistique, diffusion des œuvres en interne et en externe, comme ce recueil de poèmes, participation au conseil scientifique,
interventions scientifiques et culturelles, expositions…
Un Petit journal de la FERME rend compte depuis 1997 des différentes activités de cette structure remarquable au Vinatier
Lors de l’exposition « Sept propos sur le septième ange, une histoire du Vinatier », en 2000, un reportage a su montrer le rôle attendu de cette structure pour la conservation de la mémoire et du patrimoine du Vinatier et pour l’ouverture du Centre psychiatrique et de ses patients au monde extérieur par la création et la diffusion artistique.
Comme le rappelle l’ouvrage Le Vinatier, un hôpital en travail dans son préambule, le projet institutionnel de la FERME du Vinatier est aussi un pari sur la maturité dans la prise en compte de l’évolution du centre hospitalier. C’est à ce titre qu’est exposé et expliqué actuellement à la FERME le projet d’urbanisation pour la période 2006-2026.
[*Le Projet d’Urbanisme et de Paysages (PUP) 2006-2026*]
Le Centre hospitalier Le Vinatier initie actuellement une réflexion autour de l’évolution de son territoire tant dans son fonctionnement interne que dans ses relations avec l’extérieur et développe son Projet d’Urbanisme et de Paysages afin de traduire spatialement les conceptions nouvelles du soin psychique et plus intégrer le Vinatier dans l’agglomération.
Le Projet, replacé dans le contexte historique du développement du Centre Psychiatrique, est exposé à la FERME, associé à des images issues d’un concours photographique permettant à tout un chacun de communiquer sur sa vision de l’espace hospitalier.
Avec l’extension progressive du Vinatier, les bâtiments et espaces se sont retrouvés disséminés. On voit sur le plan de masse actuel que les services médicaux (en rouge), les logements (en vert), les services généraux (en bleu) et les services administratifs (en jaune) ne sont pas spécialement regroupés
Le plan d’étude proposé par le cabinet d’Urbanisme « l’atelier des Paysages », tend vers une recherche d’un regroupement des espaces identitaires définis :
un domaine clinique sécurisé, avec sur sa périphérie des espaces de communication et de rencontre entre les différents usages de logistique et autres, le tout entouré d’un parc préservé faisant frontière avec l’agglomération entourant le Vinatier.
Les premières actions engagées en 2007 visent à l’amélioration des voies de communication internes et celles en direction de l’agglomération au pourtour du domaine par la mise en place d’un Plan de déplacement Entreprise (PDE) venant après une série d’enquêtes auprès du personnel.
L’inscription du Centre hospitalier psychiatrique Le Vinatier dans une politique culturelle axée dans la conservation du patrimoine hospitalier français n’est pas incompatible avec la recherche d’un nouvel aménagement urbain et paysager.
Ce dernier garde la trace des conceptions du soin psychique toujours valable, comme la différenciation et la protection des espaces tels ceux liés aux soins, avec conservation du bâti et construction dans le respect de l’ancien bâti, et la présences d’enveloppes assurant un accueil sécurisant pour les patients hospitalisés tel un parc vu comme une frontière entre la Ville et le Vinatier.

- Le parc aux biches (M.-C. Duvillet)
Cependant, cette frontière est souhaitée plus perméable, notamment par la création de nouveaux points d’entrée pour les automobiles et pour les transports en commun notamment un arrêt de tramway au Vinatier. Ce qui est la traduction en termes d’aménagement de cette volonté d’ouverture du Centre psychiatrique vers l’extérieur symbolisée depuis dix ans par les actions culturelles de la FERME du Vinatier.
[*Bibliographie*]









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