Sandre
Solenn Denis
lu, vu, entendu par cgremeret - le 14/10/2015
Sa langue tangue dans un flot maladroit. La confusion est là mais la parole peu à peu se dénude. Elle nous raconte l'amour, les promesses faites et trahies, son mari qui ne l'aime plus. Elle cherche sa place, seule au milieu de ces autres qui n'ont pas l'air de voir ou sentir sa détresse. Elle cherche mais ne trouve pas. Alors, elle nous oblige à chercher avec elle, à reconstituer le puzzle.
Intense !
Un extrait qui illustre bien l’intensité de sa langue :
“La cafetière fait des bruits de gargouillis
mais j’entends quand même quand on sonne à la porte.
C’est pas une très belle robe de chambre mais elle tient
chaud.
Je bois du café. Il est plein de sang. L’image me colle aux yeux.
J’attends que ça passe, je bois mon café bien chaud
même si ça brûle la langue je sens le chemin à l’intérieur,
le chaud qui réveille les organes.
Un litre dans les veines pour me décoller les yeux.
Il faut que je change de robe de chambre, elle est râpée
là et là aussi, elle est recousue même.
J’aimerais avoir,
comme dans les films,
une espèce de déshabillé en soie noire ou rouge et qui vole autour de moi,
quand tu fais un pas on dirait que tout ton corps danse Le Lac des cygnes.
Un jour, mon mari qui ne m’aime plus m’a emmenée à
l’Opéra, à son travail il avait eu les places,
et j’ai pleuré tellement c’était beau Le Lac des cygnes.
Mais une robe de chambre c’est fait pour quoi ?
Hein ?
Tenir chaud.
Bah oui,
on n’est pas des putes.
Il me faudrait un petit miroir pour me regarder dedans.
J’avais bien un petit miroir avant ?
Avant j’avais un petit miroir et il a disparu.
Mais pas disparu comme si je l’avais perdu ou cassé,
il a disparu comme se volatiliser, du verbe disparaître.
Ça sert à rien voilà c’est du temps perdu. Elle est foutue
la cafetière,
le café est amer je ne sais pas ce qui s’est passé.
Ça s’emmêlait pas ainsi avant.
Ça déraille parfois la vie.
J’aurais aimé avoir un oiseau.
(…)”
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