Les Ronces dans ma bouche

Alexandre Santos

lu, vu, entendu par Delphine - le 31/01/2025

A la recherche des paradis perdus ? Une tentation trop grande pour Marion, une désolation infinie pour Sonia.

Paris, 2016. Marion voudrait que sa mère l’accompagne pour sa première visite dans la salle de shoot qui vient d’ouvrir près de chez elle. Mais comment faire face à sa fille de 21 ans addicte à la drogue ? Sonia veut comprendre sans pour autant tout savoir. Un dialogue difficile tente de se nouer entre elles.

J’ai aimé cette pièce car elle décrit sans pathos la vie d’une jeune femme qui se drogue. Il ne s’agit pas d’un combat, il n’y a pas de volonté de s’en sortir, Marion souhaite juste la compréhension de sa mère. Mais comment accepter pour une mère que son enfant se détruise ? La pièce traite avec beaucoup de justesse ces questions, examine la complexité des relations mère-fille. Ces deux femmes ont dû mal s’entendre, beaucoup de douleurs entre elles mais aussi tellement d’amour, un besoin très fort de se protéger l’une et l’autre, l’une de l’autre.

L’auteur

Alexandre Santos est auteur de théâtre et scénariste-réalisateur. Ses écrits ont fait l’objet de plusieurs créations et publications dont le scénario de long-métrage En ton nom en 2021. Parallèlement à son travail d’écriture, il est travailleur social spécialisé en addictologie. Les Ronces dans ma bouche ont reçu le prix du concours d’écriture pour le théâtre Fondation Johnny Aubert-Tournier Maisons Mainou, prix Coup de cœur du jury du concours Coup de Théâtre à Paimpol.

Extrait

SONIA
Tu veux que je t’accompagne ?
(Interrompant Marion qui s’apprête à répondre)
Je ne pourrai pas.Marion
J’allais pas te demander.
SONIA
Alors, qu’est-ce que tu me demandes ? De bien vouloir te laisser y aller ? Je t’ai jamais interdit de sortir, c’est pas aujourd’hui que je vais commencer.
MARION
Je veux que tu saches que j’y vais.
SONIA
Qu’est-ce que ça change ?
MARION
Je me sentirai mieux si –
SONIA
Mieux, toi, oui. Mais pour moi, tu aurais pu y aller, sans me le dire, sans que je le sache, comme tout ce que tu fais dans ta chambre. Pour maintenir un peu plus longtemps la mascarade ? M’épargner encore un peu, ça pouvait tenir encore un peu.
MARION
Pas pour moi…