
Nemeton
Matthias Pintscher
lu, vu, entendu par GLITCH - le 24/08/2022
Cet enregistrement offre une somme incontournable du travail de composition de Matthias Pintscher, né en 1971. Sept pièces aux effectifs variés, marquées par une riche plastique sonore, une science du drame instrumental et le goût des textures claires.
Ce double album s’ouvre sur Nemeton, pour percussion. Une pièce traversée d’énergie subtile, aérienne. Ce sont de fines bourrasques, des ondées carillonnantes qui sonnent un tellurisme raffiné . On dirait qu’un air aux doigts légers tambourine et pianote dans un portique de bois et métaux..
Mar’eh est un concerto en un seul mouvement. Le violon y chante d’une traite, déroulant dans les aigus ses appels, frissonnements et arabesques. Plutôt que de répondre au chant du violon, l’orchestre lui taille des prismes de résonance, du plus dense au plus transparent.
Autre oeuvre concertante avec Nur, où les résonances métalliques du piano sont façonnées, étirées, détrempées par l’amoureuse corrosion de l’orchestre sur le clavier. Un jalon du “concerto” avec piano, créé en 2019 avec Daniel Barenboïm et salué par la critique.
Loin de cette joute cristalline, Verzeichnete Spur sculpte un tempête lente dans un océan de graves. Chuintements de sépulcre, crissements et grondements se recouvrent et se subjuguent, sitôt qu’une figure est en passe de se détacher. Un somptueux abîme de timbres instrumentaux et électroniques, frottés ou confondus, qui refuse à se donner forme.
Enfin, les Lieder und Schneebilder, pour soprano et piano peignent avec douceur des tableaux d’hiver. De résonances songeuses en chants d’oiseaux, le piano éclaire par scintillements et bourrasques éparses les traits aériens de la voix dans une nuit de neige.
Ecoutables ci-dessous, par d’autres interprètes :
Un superbe parcours de création, résolument contemporain, sensuel de bout en bout.
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