Ne travaillez jamais !
la critique du travail en France de Charles Fourier à Guy Debord
Alastair Hemmens
lu, vu, entendu par Oxalide - le 03/01/2020
Ne vous y trompez pas, la formule de Guy Debord « Ne travaillez jamais » peut paraître provocatrice. Mais si l’auteur la reprend pour le titre de son livre, elle n’annonce pas pour autant une analyse à l’emporte- pièce. En effet Alastair Hemmens souhaite simplement dans cet ouvrage nous donner à réfléchir sur le notion de « travail » en nous proposant une histoire intellectuelle et critique de cette notion, en France, depuis le début du 19ème siècle jusqu’aux années 2000.
Un très bon livre à lire absolument débattre sur un sujet d’une actualité brûlante… le travail !
Dans cet ouvrage, différentes critiques du travail sont analysées, au travers de figures phares telles que : Marx, Charles Fourier, Paul Lafargue, André Breton ou encore Guy Debord, mais aussi, plus près de nous, André Gorz.
Voici quelques points clefs de cette étude historique et critique du travail.
En premier lieu, nous apprenons qu’il existe deux niveaux de lecture possibles de Marx : un niveau « exotérique » (c’est le Marx de la lutte des classes que nous connaissons) et un niveau « ésotérique », beaucoup plus radical qui définit le travail comme une catégorie intrinsèquement destructrice et antisociale.
Si le socialiste Charles Fourier admet que le « refus du travail est le premier des droits de l’homme », il ne le remet pas vraiment en cause et se propose simplement de le rendre plus attrayant. Il en est de même pour Paul Lafargue, auteur du célèbre Droit à la paresse : s’il a le mérite de dénoncer l’origine idéologique bourgeoise et aliénante qui se cache dans la valeur « travail », il compte surtout beaucoup sur le développement de la technologie pour libérer l’homme de sa condition de travailleur.
Enfin, pour les surréalistes, et notamment André Breton, le rejet du travail est d’abord d’ordre moral car l’humanité ne se réduit pas à l’homo-faber et à une subjectivité étriquée.
Mais selon Alastair Hemmens, c’est bien avec Guy Debord et l’Internationale Situationniste que s’amorce une vraie critique du travail vu comme une aliénation suprême.
Depuis l’apparition du chômage de masse dans les années 1970, beaucoup de livres critiquent la valeur « travail » comme Le Nouvel Esprit du Capitalisme de Luc Boltanski, Ève Chiapello.
Cependant, selon A. Hemmens, il faut se tourner vers des auteurs comme André Gorz (1923-2007) pour retrouver un vraie critique de l’éthique protestante du travail.
Vous souhaitez débattre sur le travail ! … Alors ne travaillez pas ! Lisez ce livre !
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